Les perspectives du M&A pour les secteurs de l’industrie et des services (I&S) en 2025 devraient être synonymes de croissance. L’activité transactionnelle devrait provenir à la fois d'entreprises en bonne santé financière, souhaitant stimuler leur croissance, et d'entreprises en difficulté, cherchant à retrouver la profitabilité.
Un thème dominant est que les entreprises mettent l’accent sur les acquisitions et les investissements dans la transition énergétique et les services associés. Elles adoptent également les nouvelles technologies et des capacités numériques afin de rester compétitives et élargir leur présence sur le marché. Une attention toute particulière est portée sur l'IA, l'automatisation et la transformation numérique ; un point clé pour les entreprises dans tous les sous-secteurs de l'I&S. L'activité des fusions-acquisitions évoluera néanmoins différemment selon les sous-secteurs :
L'activité transactionnelle dans les services aux entreprises devrait croître de manière significative car ce secteur fournit des services recherchés, qui offrent des flux de trésorerie stables et réguliers, ainsi que des opportunités de consolidation.
Les transactions dans le domaine de l'aérospatiale et de la défense (A&D) devraient augmenter à mesure que le marché du tourisme se développe, et que les budgets de défense augmentent, en réponse aux conflits mondiaux.
Les sous-secteurs de l'ingénierie, de la construction (E&C) et de la production industrielle devraient connaitre une activité transactionnelle stable à accrue. Celle-ci sera stimulée notamment par la transition énergétique et les services connexes, ainsi que par une volonté de maximiser l'efficacité, grâce à l'adoption et au déploiement de technologies telles que l'automatisation, la robotique et l'IA.
Dans le sous-secteur de l’automobile, une augmentation de l’activité M&A après une année 2024 en baisse est anticipée pour 2025, les acteurs privilégiant les partenariats, alliances ou joint-ventures dans un contexte de pression sur les dépenses. Des opérations de cession ou carve out sont anticipées dans un souci de générer de la trésorerie et rétablir la rentabilité. Des acquisitions ciblées dans les secteurs EV, Software Defined Vehicles, infrastructure et nouvelles mobilités sont également à l’agenda au cours des prochains mois.
Les dirigeants sont plus confiants quant aux perspectives des fusions-acquisitions qu'ils ne l'étaient au cours des dernières années. Ces opérations stratégiques restent une option attrayante, alors qu'ils envisagent des scissions et des cessions leur permettant de se concentrer sur la croissance de leurs activités clés, la rentabilité, et l'allocation optimale de leurs capitaux. Les entreprises prennent des mesures pour céder des actifs non essentiels ou peu performants, et réallouer leurs ressources en capital vers des domaines plus rentables ou orientés vers la croissance. Après la scission de General Electric en trois sociétés distinctes en 2024, et dans le cadre d'une tendance plus large, nous estimons qu'il est fort probable que d'autres scissions importantes de conglomérats dans le secteur I&S soient annoncées en 2025.
Le pourcentage de dirigeants du secteur prévoyant de faire une acquisition est en légère hausse par rapport aux 79 % de l'année dernière, selon notre dernière enquête (CEO Survey). Maintenant que la grande année électorale mondiale de 2024 est derrière nous et que les pressions inflationnistes s'atténuent, nous nous attendons à ce que les transactions reprennent, et ce à court terme.
Partout dans le monde, le protectionnisme est de plus en plus présent dans les transactions. Les entreprises sont confrontées à la perspective de nouveaux droits de douane et à des problèmes de gestion des risques dans la chaîne d'approvisionnement. Ce contexte a déjà conduit certaines entreprises à limiter la portée géographique de leurs chaînes d'approvisionnement ou à relocaliser certaines de leurs opérations.
Cet environnement géopolitique pousse les acteurs du secteur à se concentrer sur les opportunités nationales, limitant ainsi leur expansion et les transactions internationales. La situation varie cependant selon les régions. Aux États-Unis l'optimisme est fort, en partie en raison de la baisse des taux d'intérêt fin 2024 (bien que la tendance devrait ralentir en 2025) et de l'atténuation des pressions inflationnistes, créant des conditions économiques plus favorables pour les fusions-acquisitions. Les changements de politiques réglementaires et antitrust américaines devraient entraîner un plus grand nombre de transactions importantes et transformantes, en particulier dans les secteurs de l’aérospatiale, de la défense et de la production industrielle. Sur certains marchés européens et asiatiques, l'incertitude persiste sur la croissance, l'inflation, et les attentes en matière de taux d'intérêt. Cela affecte la confiance des investisseurs potentiels et maintient l'écart de valorisation entre acheteurs et vendeurs. Des alternatives au financement, tels que la dette privée, et des approches de structuration, comme les clauses d’ajustement de prix, les partenariats ou les coentreprises sont de plus en plus utilisées afin de répondre aux préoccupations liées aux risques, au financement et à la valorisation.
Le Private Equity (PE) devrait jouer un rôle clé dans l'augmentation du volume de M&A, avec une importante “dry powder” prête à être déployée à mesure que les tensions sur le marché du financement s'atténuent. Parmi les secteurs où le capital-investissement est de plus en plus actif, on trouve la construction, où les petites et moyennes entreprises touchées par les conditions macroéconomiques et microéconomiques sont consolidées, et les équipementiers automobiles, où il existe des possibilités de concentration, sur un marché actuellement difficile.
« C'est le retour en force des opérations de M&A dans le secteur I&S en 2025. Les transformations en matière de transition énergétique, d’intelligence artificielle et de technologie, ainsi que les stratégies de focalisation des grands acteurs industriels sur leurs activités « cœur » devraient porter le nombre de transactions dans le secteur I&S en 2025. »
Arnaud Thibésart,I&S Deals leader France, Associé PwC France & MaghrebAssocié Transaction Services, Industrials & Services Deals leader France, PwC France et Maghreb
Cédric Lemaire
Associé Valuation & Business Modelling, Automotive Deals leader France, PwC France et Maghreb
Nicolas Veillepeau
Associé Transaction Services, Aerospace & Defense Deals leader, PwC France et Maghreb