En effet, 45% des salariés au niveau mondial estiment que leur ménage est en mesure de payer toutes les factures chaque mois et d'épargner pour les vacances et autres extras, soit 7 points de plus qu’en 2023. En France, ce chiffre n'atteint que 38% en 2024, contre 34% en 2023. Par ailleurs, 44% des sondés en France, contre 39% au niveau mondial, jugent que le reste à vivre après les dépenses contraintes est insuffisant pour épargner ou se consacrer aux loisirs.
La question de la rémunération en France constitue un point de friction particulièrement marqué. En effet, 36% des salariés français estiment ne pas être rémunérés de manière équitable, contre seulement 25% au niveau mondial.
Ce décalage entre leurs attentes salariales et leur rémunération actuelle alimente un sentiment de frustration, confirmé par les enquêtes de l’INSEE, qui, malgré un sursaut à la suite de l'événement sportif mondial de l'été 2024, montrent que sur le long terme la perception de dégradation de leur situation financière pèse sur leur moral. Avec le retour de l’inflation, le pouvoir d’achat est devenu une préoccupation majeure, surpassant la crainte du chômage, autrefois dominante depuis les années 80.
Or, l’augmentation salariale passe par des gains de productivité, qui se réalisent lorsque le même niveau de ressources permet de produire davantage. En d'autres termes, produire plus avec les mêmes ressources conduit à des hausses de salaires et, par conséquent, à une amélioration du pouvoir d’achat.
La productivité reste un enjeu central en France, tant pour les entreprises que pour les salariés. Depuis 2019, la productivité du travail en France a chuté de 8,5 %, contre une baisse moyenne de 2,5 % dans les secteurs marchands de la zone euro. À cet égard, l’IA générative offre des opportunités d'amélioration, en permettant de mieux aligner les revendications salariales avec les gains de productivité.
Mais, comment les Français perçoivent-ils l’impact de l'IA générative sur leurs emplois et leurs salaires ? Selon l’enquête Hopes and Fears 2024, ils anticipent un impact nettement moins fort qu'ailleurs dans le monde, avec un écart de 8 points.
Pourtant, comme le souligne Christophe Desgranges, associé, PwC France et Maghreb, l'IA est désormais à la portée de tous, permettant une montée en compétences rapide et favorisant la transformation des métiers. Plutôt que de les remplacer, l’IA libère les équipes des tâches répétitives, leur permettant de se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée.
L’enquête Hopes and Fears montre qu’une majorité de salariés français se disent a priori prêts à s’adapter aux nouvelles méthodes de travail (76%). Pour autant, seuls 48% se disent que les changements récents qu’ils ont vécus les rendent optimistes quant à l’avenir de leur entreprise, contre 60% au niveau mondial.
Leurs perceptions envers les dirigeants expliquent peut-être en partie leurs craintes vis-à-vis des transformations. En France, seulement 60% des salariés interrogés estiment que leurs dirigeants possèdent les compétences nécessaires pour conduire le changement contre 68% en moyenne dans le monde et ne sont que 64% à comprendre les décisions prises par le management contre 73% au niveau mondial La confiance envers les dirigeants est fragile, avec 51% des employés en France considérant que leur opinion est prise en compte, comparativement à 66% ailleurs dans le monde.
Dès lors que les réticences envers le changement technologique, en particulier envers l’IA, persistent, la France risque de se retrouver à la traîne dans un monde où l’innovation est un facteur clé de la croissance.