Pour autant, si ce succès est indéniable, il reste difficile de mesurer dans la foulée les retombées économiques. Selon l'INSEE, l’impact positif sur le troisième trimestre est estimé à 0,3%, notamment grâce à l'afflux de touristes, à la vente de billets, aux dépenses en hôtellerie et restauration, ainsi qu’aux achats plaisirs supplémentaires.
Cependant, c’est à long terme que l’on pourra véritablement évaluer les bénéfices de cet événement. Les Français profiteront des investissements réalisés dans les infrastructures et les transports. Quant aux visiteurs étrangers, séduits par la découverte des sites parisiens et régionaux, beaucoup manifestent déjà l'envie de revenir pour organiser des événements, séminaires et rencontres. À travers ces Jeux, la France a su mettre en valeur ses atouts. La question reste de savoir si cet élan positif pourra perdurer et soutenir durablement le moral des Français.
Pour retrouver un niveau d’engouement et de fierté similaire, il faut remonter à 1998, année de la Coupe du monde de football organisée en France et marquée par la victoire de l’équipe des Bleus. Cet événement avait ravivé la fierté nationale, unissant les Français autour d’un succès collectif historique, générant un climat d'euphorie et d'optimisme.
L’INSEE avait alors constaté une hausse notable du moral des ménages, atteignant des niveaux rarement observés. Cet optimisme avait dynamisé la consommation, avec des Français plus enclins à dépenser, stimulant ainsi la demande intérieure. Les secteurs du commerce, de l’hôtellerie, de la restauration et des loisirs en avaient largement bénéficié, entraînant une dynamique économique positive.
La Coupe du monde de 1998 est souvent citée comme un exemple d’événement ayant un "effet psychologique" bénéfique sur l’économie, où la victoire nationale a agi comme catalyseur de confiance, encourageant la consommation et la reprise économique. En effet, l’accroissement de la confiance incite les ménages à réduire leur épargne de précaution et à consommer davantage, tandis que les entreprises, anticipant une demande plus forte, investissent et embauchent. Toutefois, cet effet avait été éclipsé par des facteurs macroéconomiques défavorables. Après 1998, en effet, cet élan positif avait été par la suite heurté par des crises économiques et géopolitiques, avec l’éclatement de la bulle Internet et les événements du 11 septembre.
Aujourd’hui, les incertitudes politiques risquent même de limiter l’impact de l’événement sportif majeur de 2024. Le climat des affaires est particulièrement fragilisé par le manque de visibilité quant aux orientations politiques à venir, ce qui pourrait freiner l'élan porteur enclenché par cet événement. On observe déjà un net ralentissement des investissements des entreprises, un signe révélateur d'une perte de confiance dans l'avenir économique.
Parallèlement, le taux d’épargne des ménages atteint des niveaux historiquement élevés, avec 18 % du revenu disponible brut (RDB). Si cette accumulation d’épargne illustre une certaine frilosité des ménages quant aux perspectives à venir, elle représente également un potentiel économique inexploité. Mobiliser cette épargne pourrait constituer un levier puissant pour relancer l’investissement et stimuler la consommation. En redirigeant ces liquidités vers des placements productifs ou en incitant à la consommation, il est possible de réactiver les dynamiques économiques et de renforcer la demande intérieure. L’enjeu réside donc dans la capacité des politiques publiques à instaurer un climat de confiance suffisant pour inciter les ménages à convertir cette épargne en moteur de croissance.