L’éclairage éco

IA, le pari des entreprises françaises face à la crise ?

Les Français n’ont pas toujours été pessimistes. Ils le sont devenus.
  • 16 déc. 2024

L’éclairage éco de Stéphanie Villers, conseillère économique de PwC France et Maghreb.

 

Contrairement au pessimisme ambiant, qui laisse entendre que les entreprises françaises seraient dépassées par la concurrence internationale, ces dernières continuent, parfois de manière discrète, à se réorganiser et à investir dans des technologies d’avenir. En particulier, en s’appuyant sur l’intelligence artificielle (IA), les entreprises cherchent à renforcer leur compétitivité et à améliorer leur efficacité. Cette dynamique s’inscrit néanmoins dans une conjoncture économique difficile.

Des incertitudes politiques et économiques

La France traverse une période marquée par une nouvelle vague de plans sociaux. La fin des Prêts garantis par l’État (PGE) et les obligations de remboursement qui en découlent pèsent en effet sur les sociétés les plus fragiles. En septembre 2024, le nombre de défaillances d’entreprises a progressé de 7% par rapport à la moyenne observée entre 2010 et 2019. Le secteur du logement et celui de la construction demeurent affectés par la hausse des taux d’intérêt, des coûts toujours élevés des matières premières et des prix immobiliers qui peinent à s’ajuster à la baisse. D’autres secteurs, comme l’automobile, sont les premiers touchés par l’intensification des tensions commerciales, qui limite les débouchés. 

Les incertitudes politiques et économiques, en France comme à l’international, aggravent cette situation. La victoire de Donald Trump et son intention de relancer une guerre commerciale avec la Chine et l’Union européenne laissent entrevoir une poursuite de la dégradation dans le commerce mondial. Parallèlement, en France, l’instabilité politique perdure. La motion de censure adoptée a abouti à la démission du gouvernement, empêchant de facto la mise en œuvre d’un budget 2025. Les marchés financiers n’ont pas, pour l’heure, surréagi à cette situation politique inédite en France. Mais l’écart de taux d’intérêt entre l’Allemagne et la France, à près de 80pb, montre bien un déclassement de l’appréciation de la dette française au sein de la zone euro.  

Des améliorations malgré tout

Selon l’étude de PwC Priorités 2025 des Directions financières, l’instabilité politique, sociale et économique constitue le principal risque identifié par les entreprises. Ces incertitudes, combinées à une consommation des ménages encore hésitante (malgré un pouvoir d’achat en légère amélioration), mettent à mal un moteur essentiel de la croissance française. Les ménages continuent de privilégier l’épargne, qui atteint un taux record de 18% du revenu disponible brut.

Cependant, certaines améliorations économiques offrent des perspectives encourageantes. La baisse des prix de l’énergie et la maîtrise de l’inflation (1,2 % en octobre 2024 en France) créent un environnement légèrement plus favorable. La Banque centrale européenne (BCE), estimant les tensions inflationnistes sous contrôle, a initié une baisse graduelle de ses taux directeurs, allégeant les contraintes sur le financement des entreprises.

56 %

des dirigeants financiers sont optimistes sur les perspectives de croissance de leur entreprise en 2025

Source : PwC, Priorités 2025 des Directions financières

L’IA comme moteur d’une reprise durable

Tout en affrontant ces vents contraires, les entreprises françaises restent engagées sur les opportunités à long terme. Contrairement à la première révolution numérique des années 2000, qu’elles avaient partiellement manquée, elles ont pleinement identifié le potentiel stratégique de l’intelligence artificielle. Près de 45% des Directions financières prévoient d’investir dans la digitalisation d’ici 2025, et en particulier dans l’IA. Ces investissements visent notamment à améliorer leur efficacité opérationnelle grâce à des prévisions plus précises, à la production plus rapide d’états financiers, ainsi qu’à la détection de fraudes et à la réalisation d’analyses économiques plus approfondies.

Pour intégrer ces outils, les Directions financières adoptent des stratégies ambitieuses, telles que :

  • le développement de compétences en data science au sein des équipes
  • le recrutement d’experts externes et la collaboration avec des partenaires spécialisés
  • la création de réseaux de champions digitaux dans les différents métiers de l’entreprise
  • des investissements significatifs dans la formation et la diffusion des connaissances liées à l’IA générative.

Ainsi, comme le soulignent Hasna Marouani et Laurent Morel, associés PwC France et Maghreb, les entreprises françaises ont pleinement intégré l’idée que la stabilité économique appartient au passé. Dans un monde marqué par des crises multiples et une incertitude constante, elles se préparent à tirer parti des opportunités offertes par l’IA, considérée comme un catalyseur essentiel pour la productivité et la rentabilité. Ce pari de l’IA illustre un optimisme pragmatique : accepter les difficultés du moment pour bâtir un avenir compétitif et durable.

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Marion de Lasteyrie

Marion de Lasteyrie

Directrice Relations Extérieures et Communication, PwC France et Maghreb

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