Un regain de pessimisme
En 2019, 29 % des dirigeants anticipent un recul de la croissance économique mondiale, contre 5 % seulement en 2018. L’année dernière, ils étaient 57 % à prévoir une amélioration de la croissance (un record depuis 2012), ils ne sont plus que 42 %. Ce faible niveau de confiance, observé dans toutes les zones géographiques, est semblable à celui de 2013, alors que les contextes sont très différents : en 2013, l’économie faisait face à une crise de la dette publique, une envolée du chômage et une chute de la consommation, et la croissance n’avait pas passé la barre des 3 %, tandis que pour 2019 le FMI prévoit une progression du PIB mondial de 3,7 %.
Pour croître, consolider ses acquis
Le pessimisme règne également dans les projections de chiffre d’affaires : 35 % des dirigeants se disent confiants à horizon un an (-7 points) et 36 % à 3 ans (-9 points). Dans ce contexte, les solutions plébiscitées pour traquer la croissance sont l’efficacité opérationnelle (77 % des dirigeants), la croissance organique (71 %) et l’innovation (62 %). Les stratégies de croissance externe, de collaboration ou d’alliance sont délaissées au profit d’un recentrage sur les acquis de l’entreprise et l’optimisation de son fonctionnement.
On retrouve également cette logique dans les choix des marchés à conquérir pour croître. Si les États-Unis et la Chine remportent la majorité des suffrages, leur attractivité baisse fortement (51 % en cumulé, contre 79 % l’année dernière). La France, elle, conserve la 7e position dans le classement. A contrario, 8 % des dirigeants préfèrent se concentrer sur leurs marchés actuels (1 % en 2018) et 15 % ne savent pas sur quels nouveaux marchés miser (8 %).
La pénurie des talents au cœur des préoccupations
Les inquiétudes des dirigeants portent sur l’excès de réglementation (menace numéro 1, comme en 2018), suivie de l’instabilité réglementaire et de la pénurie de talents.
7 des 10 préoccupations majeures ont un lien avec les décisions gouvernementales – réglementation, politique commerciale, géopolitique, populisme…), ce qui pousse les entreprises à consolider leurs positions plutôt que conquérir de nouveaux territoires.
Si les freins à la croissance varient d’une zone géographique à l’autre, la pénurie des talents est partagée à travers le monde, et plus accentuée en Afrique et en Asie-Pacifique. En Amérique du Nord et en Asie-Pacifique, elle cohabite dans le top 5 des menaces, avec la rapidité de la transformation digitale.
Des entreprises démunies face au défi de la data
40 % des dirigeants sont convaincus que l’intelligence artificielle va transformer la manière de faire des affaires au cours des cinq prochaines années. 35 % comptent l’implémenter dans leur entreprise d’ici 3 ans, et 33 % l’ont déjà fait. Cependant, une large majorité des entreprises attendent un soutien des gouvernements dans la course à la maîtrise de la data : 76 % estiment que les États devraient développer une politique spécifique, et 2 sur 3 souhaiteraient être incitées à former leurs talents et à accélérer l’usage de l’intelligence artificielle en entreprise.
En France en particulier, les principaux freins à l’essor de l’intelligence artificielle en entreprisesont un manque de connaissance de cette technologie, un défaut de formation des équipes et la résistance au changement.