Investir dans la durabilité : les clés pour augmenter les revenus et assurer la résilience

Durabilité
  • Publication
  • 10 avr. 2025

Depuis plusieurs années, les investissements sur les questions de développement durable sont une priorité pour les dirigeants d’entreprise. Malgré ce positionnement, ce choix stratégique soulève de nombreuses questions sur la performance, ou encore la résilience et l’adaptation des modèles.
L’entreprise peut-elle renouveler son modèle économique et créer de la valeur en tenant compte des contraintes du changement climatique ? Comment assurer la résilience de la supply chain ? Financer les transitions ? Intégrer les enjeux de biodiversité ?
Emilie Bobin et Sylvain Lambert, Associés co-responsables des activités développement durable de PwC France et Maghreb, nous livrent leur analyse tirée des enseignements de la 28e Global CEO Survey menée par PwC. 

 

1 chef d'entreprise sur 3 déclare que les investissements sur les questions de développement durable réalisés durant les 5 dernières années ont entraîné une augmentation de leurs revenus (33 % au niveau mondial et 31 % sur le plan européen).

 

Découvrez le portrait comparatif des dirigeants européens, américains et asiatiques sur la question du développement durable

Concilier les enjeux du développement durable et la création de valeur

Ce n’est plus une hypothèse mais une réalité : un tiers des dirigeants d’entreprise qui ont investi sur les enjeux de développement durable ont augmenté les revenus des ventes de leurs produits ou services.

Ce résultat est corroboré par une étude récente de la Harvard Business School : les entreprises qui orientent leurs portefeuilles vers des solutions durables connaissent une croissance plus rapide que les autres.

Cela fait des années que les enjeux de développement durable sont considérés comme une contrainte plus que comme un choix par les CEO. Ces contraintes réglementaires de plus en plus fortes sont parfois difficiles à intégrer dans un nouveau modèle économique. 36 % des CEO estiment que les dépenses liées au développement durable entraînent une augmentation des coûts.

Transformer les coûts en investissements durables

Les investissements sur les questions de développement durable ont généré une augmentation des coûts : cela signifie que les entreprises ont mobilisé des budgets et des ressources. 

Les CEO ont recruté, mis en place une organisation, des systèmes pour améliorer l’information, etc.

À l’instant T, oui, cela a augmenté les coûts, c’est un fait et une bonne nouvelle. Il est cependant crucial de dépasser le raisonnement et l’analyse à court terme. En matière de durabilité, il est nécessaire de prendre les décisions aujourd’hui, pour en mesurer les résultats demain et après-demain. Il va falloir des années pour évaluer le ROI. La véritable question est de trouver l'équilibre entre court terme et long terme.

Sylvain Lambert, Associé co-responsables des activités développement durable de PwC France et Maghreb

Les dirigeants peuvent avoir la tentation d’« attendre d’être au pied du mur ». Mais aujourd’hui, nous savons que c'est la certitude de « dépenser plus pour traiter les enjeux en matière de développement durable. C’est aussi le risque de ne pas avoir anticipé des évolutions de business model qui pourraient créer de la valeur ». 

Créer de la valeur au pied du mur est aléatoire, anticiper et adapter sa stratégie est plus sûr.

Les investisseurs plébiscitent les entreprises résilientes

La PwC Global Investor Survey de 2024 appuie le propos lorsque l’on interroge les investisseurs à l’égard des investissements en matière de développement durable.

Les exemples récents de fragilité et de résilience des opérations de plusieurs groupes, ainsi que les coûts associés, ont clairement marqué les investisseurs. 80 % d’entre eux seraient prêts à augmenter leurs investissements dans les sociétés qui travaillent avec leurs fournisseurs sur la résilience de la chaîne de valeur.

Sylvain Lambert, Associé co-responsables des activités développement durable de PwC France et Maghreb

De la même façon, les entreprises qui intègrent les questions de durabilité dans le développement de leurs offres de produits et services se rendraient plus attractives pour 78 % des investisseurs.

Malheureusement, certaines entreprises restent dans leur cœur de métier en étirant leur chaine de valeur. Or, des entreprises dans la cosmétique comme dans l’agroalimentaire ont, grâce aux questions de développement durable, pu se saisir de cette opportunité pour évoluer. C’est vers les problématiques de santé que la solution peut se trouver. 

Émilie Bobin, Associée co-responsables des activités développement durable de PwC France et Maghreb

De nouvelles stratégies résilientes, le cas de Danone

Le cas de la transformation de Danone est très représentatif des enjeux des entreprises du secteur agroalimentaire. Au-delà de la prise en compte de la préservation de l’environnement, Danone se projette avec un nouveau positionnement en lien avec le développement durable puisqu’il s’agit de la santé.

« L’univers de l’alimentaire est entré dans une nouvelle ère : la santé, et plus précisément le rôle que l’alimentation joue dans la santé, deviendra de plus en plus déterminante. J’ai la conviction que cela nous donne une longueur d'avance pour entrer dans un monde différent et y tenir un rôle de leader. » explique Antoine de Saint-Affrique, Directeur Général de Danone, le 20 juin 2024 dans le cadre du Capital Market Event de Danone.

Ce changement de positionnement d’une entreprise agroalimentaire montre comment se saisir des contraintes d’une réglementation pour en faire un levier de croissance. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du bien le plus précieux : la santé.

Comment les dirigeants dans le monde s’emparent-ils des questions liées au développement durable ?

Les CEO ne peuvent plus ignorer l’importance des enjeux du développement durable, sous peine de voir leur activité disparaître. Pour créer de la valeur, les entreprises doivent anticiper les enjeux pour saisir les opportunités, adapter leur business model et surtout, ne pas agir au pied du mur. Découvrez le portrait comparatif des dirigeants européens, américains et asiatiques sur la question du développement durable.

Infographie ESG CEO Survey

« La tragédie des horizons » : dépasser le court terme pour imprimer une nouvelle stratégie

La « tragédie des horizons » est la tragédie des sujets de développement durable quand le dirigeant raisonne à court ou moyen terme. Dans ce domaine, il est nécessaire de penser sur le long terme. 

L’investissement dans les sujets de développement durable devient un investissement comme un autre, au même titre que les coûts de communication.

Émilie Bobin, Associée co-responsables des activités développement durable de PwC France et Maghreb

Il faut dépasser l’échéance du court terme et se demander quelles seront les conséquences de réputation, de compétitivité, de résilience des business, etc. si l'on ne réalise pas d’investissements dans les solutions durables. 

La question à se poser est : quel aurait été ou quel serait le coût de l’inaction pour l’entreprise ? Et plus encore, comment intégrer ces investissements dans une nouvelle stratégie ? 

La réponse : ne pas considérer la réglementation comme une contrainte, mais comme l’opportunité de réinventer sa stratégie avec une nouvelle voie pour la création de valeur. Pour cela, les entreprises ne doivent pas rester dans leur cœur de métier ni étirer sans fin leur chaine de valeurs, en intégrant par exemple l'économie circulaire dans l'ensemble de leur process. Il faut agir et les investisseurs l’ont compris, puisqu’ils sont prêts à miser sur ces changements.

Près de 70 % d’entre eux reconnaissent dans la PwC Global Investor Survey de 2024 que les entreprises doivent investir sur ces enjeux, même si leur rentabilité est réduite à court terme.

La nécessité de sécuriser la Supply Chain

Un certain nombre d’entreprises ont perdu beaucoup d’argent par manque d’anticipation sur la question de la durabilité et du changement climatique. 

Par exemple, une entreprise a perdu récemment 2 milliards d’euros, et son cours de Bourse s'est effondré à cause d'enjeux climatiques liés à la non-résilience de sa supply chain en Europe.

Il a été annoncé dans un premier temps que plusieurs fournisseurs étaient touchés par « une importante pénurie d’approvisionnement en aluminium ». Il ne s’agissait pas d’un problème d’extraction mais d’une catastrophe naturelle qui a touché l’usine de production de pièces en aluminium, indispensables pour certaines carrosseries.

L’unique fournisseur de petites pièces en aluminium de cette entreprise a subi une inondation rapide. La fabrication a été immédiatement stoppée en juillet 2024, entraînant une baisse de production d’au moins 10 000 véhicules. Une autre entreprise a connu la même situation avec des inondations en Bavière. Plusieurs sites ont eux aussi été impactés par ce même type d’événement climatique.

Ces situations n’ont pas été anticipées, alors que la possibilité d’une défaillance de ces fournisseurs (certains situés en zones inondables) était réelle et connue. Ainsi, la faible résilience de la chaîne d’approvisionnement a été sanctionnée par les investisseurs.

Le secteur agroalimentaire directement confronté aux enjeux de durabilité

La biodiversité et les écosystèmes associés sont indispensables au secteur agroalimentaire qui voit son modèle économique compromis par la dégradation des sols ou encore la baisse de la pollinisation. Dès 2019, José Graziano da Silva, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), déclarait : «  La perte de la biodiversité pour l'alimentation et l'agriculture compromet sérieusement notre capacité à alimenter et à nourrir une population mondiale en croissance constante ». 

En voulant répondre à la demande croissante de la production alimentaire, les pratiques agricoles actuelles constituent la principale cause du déclin de la biodiversité dans le monde. Les forêts sont remplacées par des terres à des fins agricoles et les prélèvements d’eau douce utilisés pour l’irrigation ont doublé depuis 1960. 

Ce système de production alimentaire, qui correspondait aux grands enjeux mondiaux comme la croissance démographique et les marchés internationaux, crée aussi sa perte. Pour limiter les conséquences de ce système, de nouvelles normes et un durcissement de la réglementation ont été mis en place. Tout le secteur a dû transformer ses pratiques pour répondre aux attentes de l’ensemble des parties prenantes.

Il a fallu revoir complètement la manière d’envisager les modes de production en se saisissant de cette opportunité. « Les investisseurs sont prêts à suivre les entreprises qui ont intégré les notions de durabilité dans leur pratiques », insiste Émilie Bobin.  

Le passage à l'échelle d'un modèle alimentaire durable nécessite la création de débouchés viables, l’implication de l'ensemble de la chaîne de valeur et un accompagnement adapté qui tienne compte des singularités locales (étude « Vers une alimentation durable : comprendre les défis et identifier les leviers pour rendre son modèle désirable et opérationnel » de PwC).

L’exemple de la stratégie adoptée par Danone est appelé à se renouveler dans l’ensemble des secteurs industriels. Les CEO ne peuvent plus ignorer l’importance des enjeux du développement durable dans les années à venir, sous peine de voir leur activité disparaître. Les entreprises qui intègrent les principes de durabilité dans leurs modèles économiques répondent non seulement aux exigences réglementaires, mais se positionnent également comme leaders innovants et résilients en gagnant une longueur d’avance sur leurs concurrents.

Les questions essentielles sur les investissements durables

Les investissements durables englobent un large éventail d’initiatives qui visent à réduire l’impact environnemental, améliorer les conditions sociales et renforcer la gouvernance éthique. On peut les classer en plusieurs catégories :

  • Investissements environnementaux : rénovation énergétique des bâtiments, installation de panneaux solaires, électrification de la flotte de véhicules, réduction des déchets, traitement des eaux usées, etc.
  • Investissements dans l’économie circulaire : développement de produits éco-conçus, mise en place de filières de recyclage, logistique inverse, réemploi des matériaux.
  • Investissements sociaux : amélioration des conditions de travail, inclusion et diversité, formation continue, dialogue social renforcé.
  • Investissements financiers responsables : souscription à des fonds labellisés ISR (Investissement Socialement Responsable), Greenfin, ou à des obligations vertes ou sociales.
  • Investissements technologiques : digitalisation des processus pour optimiser la consommation de ressources, traçabilité des chaînes d’approvisionnement, outils de mesure de l’empreinte carbone.
  • Ces investissements peuvent être réalisés progressivement, en fonction des priorités stratégiques, des contraintes budgétaires et des opportunités de financement.

PwC accompagne les entreprises et les investisseurs dans la définition et la mise en œuvre de stratégies de développement et d’investissement durables, alignées avec leurs objectifs financiers et leurs valeurs éthiques.

Une stratégie d’investissement durable efficace repose sur plusieurs bonnes pratiques :

  • Définir des objectifs clairs, à la fois financiers et extra-financiers
  • Intégrer les critères ESG dans l’analyse des actifs et la sélection des investissements
  • Diversifier les portefeuilles pour limiter les risques liés à la durabilité
  • Mettre en place un suivi régulier et un reporting transparent sur les impacts
  • Dialoguer avec les parties prenantes (entreprises, clients, régulateurs) pour renforcer la crédibilité et la transparence

PwC propose un accompagnement complet, de la définition des objectifs à la mise en œuvre opérationnelle, en s’appuyant sur les meilleures pratiques du marché et les standards internationaux.

Le ROI d’un investissement durable ne se mesure pas uniquement en termes financiers immédiats. Il s’évalue aussi à travers des bénéfices indirects, souvent plus durables et stratégiques. Voici quelques axes d’évaluation :

  • Économies opérationnelles : réduction des coûts énergétiques, optimisation des matières premières, diminution des pertes et des déchets.
  • Réduction des risques : anticipation des réglementations environnementales, meilleure gestion des risques climatiques ou sociaux, réduction des litiges.
  • Création de valeur immatérielle : amélioration de la réputation, renforcement de la marque employeur, fidélisation des clients et des partenaires.
  • Accès à de nouveaux marchés : certains appels d’offres ou marchés publics exigent des engagements ESG, tout comme de nombreux investisseurs institutionnels.
  • Indicateurs ESG : baisse des émissions de gaz à effet de serre, amélioration de la biodiversité, réduction de la consommation d’eau, taux de recyclage, etc.

Il est recommandé de mettre en place un système de suivi avec des indicateurs quantitatifs et qualitatifs, intégrés dans le pilotage stratégique de l’entreprise.

La mesure de l’impact durable repose sur des indicateurs extra-financiers et des outils d’analyse spécialisés. Parmi les principaux indicateurs utilisés, on retrouve :

  • Les scores ESG attribués par des agences de notation
  • Les émissions de CO₂ évitées ou réduites
  • La diversité et l’inclusion au sein des entreprises
  • La contribution aux Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par l’ONU

Les investisseurs s’appuient sur des cadres réglementaires comme la taxonomie européenne, ainsi que sur des outils de reporting ESG pour évaluer la performance environnementale et sociale de leurs portefeuilles.

PwC aide ses clients à structurer des systèmes de mesure fiables, conformes aux normes internationales, pour piloter efficacement leur stratégie d’investissement responsable.

Pour optimiser la gestion de leur portefeuille, les investisseurs s’orientent de plus en plus vers des placements responsables, intégrant des critères écologiques et solidaires. Les produits d’assurance et de placement durable offrent des opportunités de transition vers une économie verte, tout en garantissant la sécurité et la rentabilité des investissements. La finance durable devient ainsi un levier stratégique pour accompagner la transformation des modèles économiques.

L’intégration des critères ESG dans les décisions d’investissement présente plusieurs défis majeurs :

  • Manque de standardisation des données ESG entre les fournisseurs
  • Difficulté de comparaison des notations ESG
  • Risque de greenwashing, ou fausse communication sur les engagements durables
  • Complexité réglementaire croissante au niveau européen et international
  • Besoin de compétences spécifiques pour analyser les enjeux ESG en profondeur

PwC accompagne les investisseurs dans la mise en place de processus robustes, la sélection d’outils adaptés et la formation des équipes pour une intégration efficace et crédible des critères ESG.

Les régulations financières jouent un rôle clé dans la promotion des investissements durables. Des textes comme le SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) et la Taxonomie européenne imposent :

  • Des obligations de transparence sur les produits financiers
  • Une classification claire des activités économiques durables
  • Des exigences de reporting ESG pour lutter contre le greenwashing
  • Une orientation des capitaux vers des projets à fort impact environnemental et social

Ces régulations incitent les acteurs financiers et les entreprises à intégrer les critères ESG dans leurs processus décisionnels et à publier des informations détaillées sur leurs impacts.

PwC aide les entreprises et les investisseurs à se conformer aux exigences réglementaires et à transformer ces contraintes en leviers stratégiques pour créer de la valeur durable.

En intégrant des placements et des initiatives écologiques et solidaires dans leur portefeuille, les entreprises et les investisseurs participent activement à la transition vers une économie plus durable. 

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Emilie Bobin

Emilie Bobin

Associée Développement durable, PwC France et Maghreb

Sylvain Lambert

Sylvain Lambert

Associé Développement durable, PwC France et Maghreb

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