Par Stéphanie Villers, Conseillère économique, PwC France et Maghreb
Les leviers que les entreprises françaises actionnent pour faire face au contexte inflationniste persistant se diversifient. Après avoir retranscrit une partie de l’inflation sur leurs prix de vente en 2022 et début 2023, elles s’orientent désormais vers la réduction des coûts de production. Réduire leurs charges d’exploitation leur permet notamment de limiter l’impact contraignant de la flambée des cours des matières premières, et de l’énergie en particulier. C’est ce qui ressort de la dernière Global CEO Survey de PwC.
Mais l’étude va plus loin, mettant en évidence une nouvelle donne : le maintien de la masse salariale en dépit d’une conjoncture dégradée. En effet, la majorité des dirigeants français interrogés ne prévoient pas de diminuer leurs effectifs ni de réduire la rémunération de leurs collaborateurs. Les difficultés de recrutement expliquent en partie cette volonté de conserver les effectifs. Le nombre d’emplois vacants reste en effet à un niveau élevé.
La masse salariale n’étant cette fois pas une variable d’ajustement, les entreprises explorent l’optimisation de leurs dépenses externes pour réduire les coûts de production et sécuriser leurs approvisionnements. La mondialisation, et les externalisations qu’elle induit vers les pays à bas coûts, a depuis la crise Covid et la guerre en Ukraine mis en évidence notre trop forte dépendance vis-à-vis de pays tiers. Des pénuries et des dysfonctionnements dans la chaîne logistique ont fait bondir les prix et rallongé les délais d’approvisionnement.
Dans ce contexte, plus des deux tiers des dirigeants français cherchent de nouveaux fournisseurs ou ont l'intention de le faire dans les 12 prochains mois. Le périmètre de recherche de ces nouveaux fournisseurs résonne fortement avec l’enjeu de relocalisation industrielle de la France, dont la balance commerciale a enregistré un déficit record de 163,6 milliards d’euros en 2022.
Reste à savoir quels seraient les biens importés dont la production pourrait être relocalisée. Selon une étude de PwC et du Conseil national des achats (CNA), près de 115 milliards d’euros d’opportunités de relocalisation industrielle existent sur des familles d’achat critiques et à fort enjeu de développement économique.
Pour que cette opportunité se matérialise, les industriels attendent cependant que les entreprises clientes jouent le jeu de la relocalisation via leurs achats. Deux tendances suggèrent que le contexte s’y prête.
D’une part, les entreprises prennent conscience de la nécessité d’adapter et de transformer leur modèle économique afin d’assurer leur viabilité à horizon de 10 ans. De nouvelles politiques d’achats peuvent y contribuer en limitant les coûts induits par une envolée des prix de l’énergie ou par une pénurie de produits. Nombreuses sont les firmes à explorer ainsi le near sourcing ou des circuits courts. Une meilleure prise en compte des risques pourrait également renforcer cette tendance.
D’autre part, la place de la RSE dans la relation clients/fournisseurs ne cesse de grandir. Au-delà du cadre réglementaire, dont la loi française relative au devoir de vigilance, les entreprises intègrent de plus en plus leur démarche RSE à leur stratégie et à l’ensemble de leurs activités, métiers et pratiques. Les considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) font ainsi leur entrée parmi les critères de choix des fournisseurs.
Si la persistance de l’inflation risque d’entraver, du moins temporairement, l’aspiration des entreprises à sécuriser davantage leurs approvisionnements, l’enjeu des achats responsables s’imposera sans doute comme l’un des biais permettant au mouvement de relocalisation de la production en France de s'affirmer sur le long terme.
Aurélie Picosson : Bonjour et bienvenue dans Décryptage, le podcast mensuel de PwC pour décoder notre économie et ses mécanismes. Je suis Aurélie Picosson et tous les mois, j'accueille Stéphanie Villers, notre conseillère économique, pour une discussion autour d'une actu éco. Bonjour Stéphanie.
Stéphanie Villers : Bonjour Aurélie.
Aurélie Picosson : Ton dernier décryptage que l'on peut lire en intégralité sur le site de Let's Go France est consacré à l'optimisation des coûts de production dans un contexte inflationniste. Peux-tu nous donner le point d'ancrage de ce décryptage ?
Stéphanie Villers : Je suis partie des enseignements de la CEO Survey de PwC, qui a mis en évidence les différents leviers que les entreprises françaises ont actionnés pour faire face au contexte inflationniste. En 2022 et début 2023, les entreprises vont d'abord retranscrire une partie de l'inflation sur leur prix de vente. Aujourd'hui, elles s'orientent davantage vers la réduction des coûts de production. Réduire leurs charges d'exploitation, ça va leur permettre de limiter l'effet de la flambée des prix des matières premières et de l'énergie, en particulier sur leur prix de vente. La CEO Survey de PwC va plus loin et montre en fait que les entreprises veulent diminuer leurs coûts de production, mais sans toucher à leur effectif. Cette fois-ci, la masse salariale ne jouera pas la variable d'ajustement alors que l'activité se dégrade. Les entreprises explorent donc d'autres marges de manœuvre pour réduire leurs coûts de production, notamment à travers l'optimisation de leurs dépenses externes.
Aurélie Picosson : Stéphanie, revenons sur le premier enseignement de la CEO Survey. Les dirigeants ne comptent pas agir sur la masse salariale alors que la croissance ralentit. Comment expliques-tu leur volonté de maintenir leurs effectifs stables ?
Stéphanie Villers : Oui, en effet, la volonté des dirigeants est de maintenir une certaine stabilité dans leur masse salariale. Toujours d'après la CEO Survey, 93 pour cent des dirigeants français n'envisagent pas de réduire les rémunérations de leurs collaborateurs et 60 pour cent d'entre eux ne comptent pas baisser leurs effectifs. Or, jusqu'à présent, la masse salariale au sein des firmes suivait en quelque sorte la conjoncture économique. C'est-à-dire que lorsque les carnets de commandes étaient en berne, les entreprises réduisaient leur masse salariale et le taux de chômage augmentait. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Le taux de chômage est au plus bas depuis une dizaine d'années à 7,2 pour cent de la population active. Les difficultés de recrutement constituent sans doute la principale explication de cette réticence des dirigeants à baisser leurs effectifs.
Aurélie Picosson : Stéphanie, y a-t-il toujours autant de postes vacants, comme tu nous le décrivais dans le décryptage sur le plein emploi ?
Stéphanie Villers : Oui. Selon la DARES, plus de 350 000 emplois vacants ont été enregistrés au quatrième trimestre 2022. Même si ça correspond à une baisse de 6 pour cent par rapport au trimestre précédent, ce nombre reste 65 pour cent supérieur par rapport à la situation d'avant crise sanitaire. Ce phénomène s'observe dans tous les grands secteurs économiques. Par ailleurs, les défaillances d'entreprises, même si elles augmentent aussi, poursuivent leur normalisation. Leur nombre a progressé de 51 pour cent sur un an en janvier 2023, mais il reste inférieur à plus de 16 pour cent par rapport à janvier 2019. Ce qui fait que la solidité financière des entreprises reste un vrai atout et leur permet, pour la majorité d'entre elles, de conserver leurs effectifs pour ne pas prendre le risque de perdre leurs talents et leurs compétences. Alléger la masse salariale, c'est en effet risquer d'être contraint face à une hausse de la demande au moment de la reprise.
Aurélie Picosson : Se pose la question, sur quels postes de dépenses les entreprises misent-elles pour atteindre cet objectif de baisse des coûts ?
Stéphanie Villers : Une partie de la réponse se trouve dans les dépenses externes. Désormais, l'objectif, c'est d'optimiser les achats. Rappelons que le service achats a la responsabilité de l'ensemble des besoins inhérents à l'activité d'une entreprise. Elle concerne les achats de matières premières, les produits intermédiaires, l'emballage, les diverses fournitures, les matériels informatiques, les véhicules, et cetera. Par ailleurs, le service achats a aussi la charge des prestataires externes, par exemple en informatique ou en comptabilité, ainsi que les charges de fonctionnement telles que banque et assurance ou électricité et gaz.
Aurélie Picosson : Cependant, la marge de manœuvre sur la négociation de ces prestations est faible, non ?
Stéphanie Villers : Oui, absolument. C'est pourquoi il faut davantage regarder les importations de produits intermédiaires. On sait que la mondialisation qui a induit une plus grande externalisation vers les pays à bas coûts, a montré ses limites depuis la crise Covid en mettant en évidence notre forte dépendance vis-à-vis des pays tiers. Concrètement, les pénuries et les dysfonctionnements dans la chaîne logistique a fait bondir les prix et ont rallongé les délais d'approvisionnement. Certains secteurs, pour faire face à ces nouveaux risques, ont opté pour une nouvelle stratégie dans la gestion de leurs stocks, en passant du Just in time au Just in case. Néanmoins, cette nouvelle orientation comporte un coût non négligeable en matière de stockage. Toute la difficulté réside dans la détermination d'un stock de sécurité, qui tient compte à la fois de la volatilité de la demande et des délais d'approvisionnement. Or, aujourd'hui, le ralentissement de la demande interne à travers la baisse de la consommation privée, a induit une hausse inquiétante du coût du stockage pour certaines entreprises. Dans ce contexte, on voit bien que la gestion des achats constitue un vrai levier de croissance incontournable pour affronter ces nouveaux défis. L'optimisation des dépenses externes permet de dégager de la marge sans augmenter les prix de vente des produits et des services.
Aurélie Picosson : Si je comprends bien, la mondialisation a montré ses limites depuis la crise Covid, et pour les entreprises françaises, se pose alors la question de la relocalisation des achats pour améliorer la sécurisation de leurs approvisionnements.
Stéphanie Villers : Oui, en effet, l'enjeu de la relocalisation devient essentiel. Dans ce contexte, les entreprises doivent pouvoir cartographier les risques et orienter la stratégie des dépenses externes autour d'un axe principal, c'est-à-dire limiter la dépendance vis-à-vis de pays tiers trop éloignés géographiquement, mais aussi politiquement ou socialement. Cette stratégie cherche aussi à réduire à la fois les coûts de transport, les risques de pénurie, déclenchés par exemple par un conflit ou les risques hors coût, notamment en termes d'image ou de réputation.
Aurélie Picosson : Ok Stéphanie, mais si produire et acheter localement garantit la souveraineté économique et de l'autonomie pour les produits essentiels, le coût du made in France n'est-il pas à priori plus élevé que celui de la production dans des pays tiers ?
Stéphanie Villers : Oui, on sait que les coûts salariaux en France sont nettement supérieurs à ceux des pays émergents, c'est-à-dire la Chine, l'Europe centrale et orientale ou encore la Turquie ou l'Afrique du Nord. Par ailleurs, on sait qu'une relocalisation au sein même d'une entreprise implique une hausse du prix au départ du fait des coûts inhérents au rapatriement. Plus globalement, un devenir compétitif impose aussi une montée en gamme de la production et donc des investissements, notamment en recherche de développement.
Aurélie Picosson : Avec l'inflation galopante, la stratégie de relocalisation est effrénée, non ?
Stéphanie Villers : Oui. La période d'inflation que nous subissons risque d'entraver, du moins temporairement, la volonté des entreprises à sécuriser leurs approvisionnements. La hausse des prix ne joue pas en faveur de cette nouvelle stratégie de relocalisation. Au contraire, elle tente à la retarder. Néanmoins, la CEO Survey indique que plus de 70 pour cent des dirigeants français cherchent de nouveaux fournisseurs ou vont le faire dans les douze prochains mois. On observe une prise de conscience des entreprises sur la nécessité d'adapter leur modèle économique aux contraintes mises en évidence à la fois par la crise sanitaire, mais aussi par la crise énergétique. Nombreuses sont les entreprises à explorer les circuits courts, c'est-à-dire à développer ce qu'on appelle le near sourcing, à noter par ailleurs un nouveau phénomène, le friendshoring. De plus en plus d'entreprises cherchent désormais des pays qui offrent à la fois des prix attractifs et qui restent à proximité géographique, mais aussi proches politiquement et socialement.
Aurélie Picosson : On observe aussi que la politique d'achats des entreprises intègre de plus en plus des critères de développement durable. L'enjeu des achats responsables s'impose peu à peu. Ainsi, peut-on imaginer que la RSE, responsabilité sociale des entreprises, puisse stimuler la relocalisation sur le long terme ?
Stéphanie Villers : C'est sans doute par le biais de la RSE que la relocalisation va prendre tout son sens sur le long terme. Déjà, la place de la RSE dans la relation client fournisseur est centrale dans la loi française relative au devoir de vigilance. Au-delà de ce cadre réglementaire, une enquête élaborée conjointement par BPI France, l'Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises et PwC France et Maghreb, révèle que la crise sanitaire a été un accélérateur de tendance chez les fournisseurs. 48 pour cent des entreprises françaises interrogées témoignent en effet d'une accélération de la structuration de leur démarche RSE et 58 pour cent déclarent avoir nommé un interlocuteur dédié aux enjeux de responsabilité sociétale. Les demandes s'ancrent sur quatre thématiques RSE centrales. La première, c'est la gestion des déchets, puis les questions de santé et sécurité, mais aussi l'éthique, c'est-à-dire tout ce qui touche les enjeux de corruption et de conflit d'intérêt, ainsi que la relation et les conditions de travail.
Aurélie Picosson : Pourtant, ces achats responsables représentent des coûts supplémentaires au départ ?
Stéphanie Villers : Oui, à court terme, il reste un point d'achoppement. 70 pour cent des fournisseurs expliquent ne pas voir leur performance RSE valorisée au travers du prix de vente de leur produit ou de leur service. Or, dans un contexte de hausse de l'inflation, avec une facture énergétique qui vient plomber les coûts de production, les fournisseurs demeurent en attente de solutions pour que leurs investissements dans la performance environnementale et sociétale soient mieux intégrés. Un partage du coût induit à court terme par cette démarche de développement durable est réclamé.
Aurélie Picosson : Reste la question centrale, quels types de produits pourraient être relocalisés ?
Stéphanie Villers : Pour répondre à ces questions, il faut d'abord regarder la structure de nos échanges commerciaux. En 2022, la balance commerciale a enregistré un déficit record de plus de 163 milliards d'euros, soit le double du précédent record historique de 2021. Les importations ont en effet bondi de près de 30 pour cent par rapport à 2021. Bien sûr, ce sont les tensions géopolitiques qui expliquent en grande partie ce déficit commercial. Si on extrait la problématique énergétique, on voit que la dégradation du solde commercial concerne avant tout les échanges avec les pays hors de l'Union européenne. Ainsi, le déficit avec l'Asie s'amplifie, en particulier avec la Chine et Hong Kong, du fait notamment des importations d'équipements mécaniques, de matériels électriques ou encore informatiques. Ce qu'il faut savoir, c'est que depuis l'adhésion de la Chine à l'OMC, fin 2001, le déficit français a connu une trajectoire exponentielle. Selon une étude du service des douanes françaises, la croissance de ces échanges a également contribué à rendre une part croissante de nos importations originaires de Chine vulnérable à une rupture d'approvisionnement depuis ce pays.
Aurélie Picosson : Quand on [inaudible 00:11:12-00:11:14] par un produit vulnérable ?
Stéphanie Villers : Un produit est considéré comme vulnérable vis-à-vis de la Chine lorsque la part de la Chine dans les approvisionnements français de ce produit et la part de la Chine dans les approvisionnements mondiaux sont supérieurs à 50 pour cent. Or, la part de ces produits a doublé entre 2000 et 2019. L'essentiel de la valeur est constitué par les produits informatiques, électroniques et optiques, avec en tête de liste les téléphones et les ordinateurs portables. La part des produits vulnérables de haute technologie est en forte augmentation en valeur au détriment des produits à faible valeur ajoutée. Or, selon l'étude réalisée, fin 2020, par PwC et le Conseil national des achats sur le levier des politiques achats responsables, près de 115 milliards d'euros d'opportunités de relocalisation industrielle ont été identifiés sur des familles d'achats critiques. On retrouve des opportunités de relocalisation dans les secteurs de la chimie et des matériaux, la mécanique et la métallurgie, mais aussi dans l'électronique B2B ou encore dans la santé et le secteur pharmaceutique.
Aurélie Picosson : On peut retrouver la liste exhaustive dans Décryptage. Plus particulièrement Stéphanie, pour les PME et ETI, y a-t-il des options pour relocaliser leurs achats ?
Stéphanie Villers : D'après les estimations de PwC France, 5 pour cent de la masse des achats des PME et ETI pourraient être relocalisées à coût constant. Il faut savoir que l'État a financé et finance à travers France Relance et France 2030 près de 500 projets déjà. En conclusion, on voit bien qu'une majorité d'entreprises françaises, grandes ou petites, considèrent la sécurisation de leur approvisionnement comme étant un enjeu incontournable à moyen et à long terme.
Aurélie Picosson : Merci beaucoup Stéphanie pour cet éclairage sur les coûts de production. Merci à tous pour votre écoute et rendez-vous dans un mois pour le prochain décryptage. Retrouvez d'ici là sur le site Let's Go France les précédents numéros à lire ou à écouter.
Face à des carnets de commande en berne, les entreprises cherchent à ajuster leur stratégie de développement. Elles disposent d’une variable d’ajustement relativement souple, d’un pays à l’autre, pour faire face à un retournement de cycle : la masse salariale. Jusqu’à présent, les effectifs au sein des firmes se réduisaient et le taux de chômage augmentait quand l’activité économique ralentissait. Or, aujourd’hui, cela ne semble plus être le cas dans la plupart des pays développés, et en particulier en France. En effet, selon la Global CEO Survey de PwC, 93 % des dirigeants français n’envisagent pas de réduire la rémunération de leurs collaborateurs, et 60 % d’entre eux ne comptent pas baisser leurs effectifs en 2023 alors que la croissance économique restera atone sur l’ensemble de l’année. Comment expliquer cette nouvelle tendance ?
Les difficultés de recrutement constituent la principale explication. Certains secteurs sont même pénalisés par une pénurie structurelle de main-d'œuvre. Selon la DARES, 351 100 emplois vacants ont été enregistrés au 4e trimestre 2022. Cela correspond toutefois à une baisse de 6 % par rapport au trimestre précédent.
Cette baisse est expliquée par le tertiaire marchand et la construction (respectivement -10 % et -2 % d’emplois vacants). En revanche, le nombre d’emplois vacants progresse dans le tertiaire non marchand (+4 %) et reste stable dans l’industrie.
Par rapport à la situation d’avant crise sanitaire, le nombre d’emplois vacants reste en forte hausse (+ 65 % par rapport au 4e trimestre 2019) et dans tous les grands secteurs : +87 % dans l’industrie, +80 % dans le tertiaire non marchand, +61 % dans la construction et +57 % dans le tertiaire marchand.
Au 4e trimestre 2022, 51 % des emplois déclarés vacants correspondent à des emplois inoccupés, 26 % à des emplois nouvellement créés et 21 % à des emplois encore occupés mais sur le point de se libérer.
Les difficultés de recrutement et une pénurie structurelle de main-d'œuvre dans certains secteurs constituent la principale explication de la réticence des dirigeants à baisser leurs effectifs ou réduire la rémunération de leurs collaborateurs, alors même que la croissance économique devrait rester atone en 2023.
Dans ce contexte, les entreprises font le choix de conserver leur main-d’œuvre alors même que leur activité tourne au ralenti. Le taux de chômage reste quasi-stable au niveau national et atteignait 7,2 % de la population active au quatrième trimestre 2022.
En % de la population active | 2023 T3 | 2022 T4 |
---|---|---|
Personnes au chômage | 7,30% | 7,20% |
15-24 ans | 17,90% | 16,90% |
25-49 ans | 6,50% | 6,50% |
50 ans ou plus | 5,10% | 5,00% |
Source : Bureau International du Travail
Par ailleurs, les défaillances d’entreprise, même si elles augmentent, poursuivent leur normalisation. En effet, leur nombre a progressé de 51,6 % sur un an en janvier 2023 mais reste inférieur de 16,6 % par rapport à janvier 2019. La crise énergétique n’a pas déclenché la vague de faillites tant redoutée. Reste que les conditions de financement se durcissent et que la poursuite d’une conjoncture heurtée pourrait accroître les risques de défaillances.
Défaillances en nombre d’unités légales, glissement en %
Secteur d’activité | Janv. 23 prov. |
Janv. 23/ Janv. 22 |
Janv. 23/ 2019 |
---|---|---|---|
Agriculture, sylviculture et pêche |
1 164 |
9,6 % |
-17,7 % |
Industrie |
3 155 |
69,9 % |
-8,2 % |
Construction |
8 639 |
41,6 % |
-22,1 % |
Commerce ; réparation automobile |
9 465 |
55,5 % |
-15,0 % |
Transports et entreposage |
1 790 |
46,6 % |
-14,6 % |
Hébergement et restauration |
5 686 |
108,0 % |
-16,9 % |
Information et communication |
1 226 |
40,1 % |
-4,0 % |
Activités financières et d’assurance |
999 |
54,6 % |
-8,0 % |
Activités immobilières |
1 374 |
11,8 % |
-15,8 % |
Conseil et services aux entreprises |
4 908 |
33,3 % |
-15,6 % |
Enseignement, santé, action sociale et services aux ménages |
4 154 |
61,9 % |
-19,2 % |
Ensemble |
42 640 |
51,6 % |
-16,6 % |
Source : Banque de France
Ainsi, la relative solidité financière des entreprises permet à la majorité d’entre elles de conserver leurs effectifs pour ne pas prendre le risque de perdre leurs talents et leurs compétences. Alléger la masse salariale, c’est en effet risquer d’être contraint face à une hausse de la demande au moment de la reprise.
On notera que les nouvelles flexibilités accordées aux entreprises depuis les ordonnances Macron de 2017 en matière de licenciement ont eu un effet inverse de ce qui pouvait intuitivement être craint. En effet, cette réforme du marché du travail, qui aspirait à atténuer les rigidités en simplifiant la réglementation et en rendant les procédures de licenciement moins coûteuses, démontre aujourd’hui son efficacité. L’allègement de ces coûts semble offrir un cadre moins anxiogène pour les entreprises. Ces dernières se montrent moins frileuses que par le passé pour maintenir une certaine stabilité dans leur masse salariale.
Se pose alors une question : sur quels postes les entreprises misent-elles pour atteindre cet objectif de baisse des coûts ? Une partie de la réponse se trouve dans les dépenses externes. Pour les optimiser, le service achats doit tenir compte non seulement des coûts, mais aussi des risques mis en exergue depuis la crise sanitaire et le conflit en Ukraine.
Rappelons que le service achats a la responsabilité de l’ensemble des besoins inhérents à l’activité d’une entreprise : achat de matières premières, produits intermédiaires, emballages, fournitures diverses, matériels informatiques, véhicules, etc. Il a la charge par ailleurs des prestataires externes (par exemple en informatique ou comptabilité) ainsi que les charges de fonctionnement (telles que assurances, banques, eau, gaz et électricité).
Mais concentrons-nous sur les importations de produits intermédiaires. La mondialisation, qui a débouché sur une plus grande externalisation vers les pays à bas coûts, a en effet depuis la crise Covid montré ses limites en mettant en évidence notre trop forte dépendance vis-à-vis de pays tiers. Par ailleurs, la crise énergétique qui s’en est suivi a mis le système économique actuel face à ses contradictions et à ses failles. Elle s’ajoute aux contraintes et aux incertitudes que fait peser la nécessité d’un tournant écologique dans un contexte inquiétant de réchauffement climatique. La gestion des achats constitue alors un levier de croissance pour affronter ces nouveaux défis.
Les pénuries et les dysfonctionnements dans la chaîne logistique ont fait bondir les prix et rallongé les délais d’approvisionnement. Certains secteurs, pour faire face au risque de disruption dans la supply chain, ont opté pour une nouvelle stratégie dans la gestion de leurs stocks en passant du just in time au just in case.
Pour autant, cette nouvelle orientation comporte un coût non négligeable en matière de stockage. Toute la difficulté réside dans la détermination d’un stock de sécurité qui tient compte de la volatilité de la demande et des délais d’approvisionnement. Or, aujourd’hui, le ralentissement de la demande interne à travers la baisse de la consommation privée a induit une hausse inquiétante du coût de stockage pour certaines entreprises.
En cette phase inflationniste et de pénurie de certains produits, la politique d’achats devient pour les entreprises un pôle d’optimisation essentiel afin de dégager de la marge sans augmenter les prix de vente de leurs produits et de leurs services.
L’enjeu de renaissance industrielle de la France devient essentiel. Pour les entreprises se pose la question de la relocalisation des achats pour améliorer la sécurisation de leurs approvisionnements. Pour autant, on observe que, contrairement au secteur bancaire, qui pour des raisons réglementaires est devenu expert en analyse des risques, le secteur industriel reste à la traîne dans l'évaluation et la prise en compte des risques. Or, la maîtrise des risques d’approvisionnement évite l'envolée des coûts induits par des chocs externes.
Cartographier les risques permet en effet d’orienter la stratégie des dépenses externes autour d’un axe principal : limiter la dépendance vis-à-vis de pays tiers trop éloignés géographiquement mais aussi politiquement ou socialement. Cette stratégie cherche ainsi à réduire à la fois les coûts de transports, les risques de pénurie (déclenchée par un conflit, par exemple) et les risques hors coûts (notamment en termes d’image et de réputation).
Néanmoins, si produire et acheter localement garantit la souveraineté économique et l’autonomie pour les produits essentiels, le coût du made in France restera à priori plus élevé que celui de la production dans des pays tiers. Les coûts salariaux en France sont en effet nettement supérieurs à ceux des pays émergents (Chine, Europe centrale et orientale, Turquie, Afrique du Nord).
Par ailleurs, une relocalisation au sein de l’entreprise implique une hausse des prix de départ du fait des coûts inhérents au rapatriement. Devenir compétitif impose, en outre, une montée en gamme de la production et donc des investissements, notamment en recherche-développement.
La Global CEO Survey indique que plus de 70 % des dirigeants français cherchent de nouveaux fournisseurs ou vont le faire dans les 12 prochains mois. Pour autant, la persistance de l’inflation risque d’entraver, du moins temporairement, leur aspiration à sécuriser davantage leurs approvisionnements. La hausse des prix qui s’est installée ne joue pas en faveur de cette nouvelle stratégie de relocalisation. Au contraire, elle tend à la retarder.
Néanmoins, on observe une prise de conscience des entreprises sur la nécessité d’adapter leur modèle économique aux contraintes mises en exergue par la crise sanitaire et la crise énergétique. Nombreuses sont les firmes à explorer les circuits courts, et à développer le near sourcing. À noter, par ailleurs, un nouveau un phénomène, le friend shoring. De plus en plus d’entreprises cherchent désormais des pays qui offrent des prix attractifs et qui restent à proximité géographique mais aussi proches politiquement et socialement.
Avec le concept de friend shoring, des entreprises cherchent à s’approvisionner dans des pays qui, tout en offrant des prix attractifs, conjuguent proximité géographique, politique et sociale.
Les politiques d’achat des entreprises intègrent de plus en plus des critères de développement durable. L’enjeu des achats responsables s’impose peu à peu et devient incontournable. C’est sans doute par le biais RSE que la relocalisation va s’accélérer sur le long terme.
Reste à savoir comment les fournisseurs perçoivent aujourd’hui ces demandes RSE et quelles démarches ont été mises en place jusqu’à présent pour répondre à ces nouvelles exigences. Une enquête élaborée conjointement par Bpifrance, l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) et PwC France et Maghreb donne de précieuses informations sur ce sujet.
La place de la RSE dans la relation clients/fournisseurs est centrale dans la loi française relative au devoir de vigilance. Afin de sécuriser la production et les approvisionnements, un label Relations fournisseurs et achats responsables (RFAR) a été créé par les pouvoirs publics.
Au-delà de ce cadre réglementaire, l’enquête révèle que la crise sanitaire a été un accélérateur de tendance chez les fournisseurs. 48 % des entreprises françaises interrogées témoignent d’une accélération de la structuration de leur démarche RSE et 58 % déclarent avoir nommé un interlocuteur dédié aux enjeux de responsabilité sociétale. Les demandes des donneurs d’ordre s’ancrent sur quatre thématiques RSE principales : la gestion des déchets, les questions de santé-sécurité, l’éthique (corruption, conflit d’intérêt, etc.), ainsi que les relations et les conditions de travail.
Si les fournisseurs soulignent la pertinence de ces critères, reste que 82 % d’entre eux déclarent ne pas bénéficier d’un accompagnement suffisant, et cela même lorsque leurs clients sont majoritairement des ETI et des grandes entreprises (83 %) disposant des moyens de le faire. Le manque de conseils et d’orientations des grands donneurs d’ordre limite la capacité des fournisseurs et freine leur aspiration à s’adapter au mieux aux exigences RSE de leurs clients.
Face aux défis partagés, la solution à explorer reste la mutualisation des moyens pour développer des outils adaptés aux besoins de tous. Une coalition doit émerger entre les clients, les fournisseurs, voire les concurrents pour définir ensemble le périmètre des enjeux de responsabilité sociétale afin d’en respecter les principaux critères le caractérisant. L’alliance des moyens est de même indispensable pour avancer dans ce nouvel univers RSE.
"Face à des défis RSE communs, une coalition doit émerger entre clients, fournisseurs et pourquoi pas concurrents pour définir ensemble le périmètre des enjeux et mutualiser les moyens permettant d’apporter des réponses à la hauteur des ambitions."
Pour autant, il reste encore un point d’achoppement. Il concerne le partage du coût induit par cette démarche de développement durable. 70 % des fournisseurs expliquent ne pas voir leur performance RSE valorisée au travers du prix de vente de leurs produits ou de leurs services. Nombreux sont en effet les donneurs d’ordre à ne pas être prêts à payer le coût de leurs demandes de durabilité. Or, dans un contexte de résurgence de l’inflation, avec une facture énergétique qui vient plomber les coûts de production, les fournisseurs demeurent en attente de solutions adéquates pour que leurs investissements dans la performance environnementale et sociétale soient mieux intégrés. En outre, 46 % des fournisseurs déclarent que leurs clients ne reconnaissent pas leur performance RSE à travers le maintien de contrats ou l’obtention de nouveaux marchés.
Enfin, la moitié des fournisseurs interrogés n’estime pas leurs clients comme matures concernant les thématiques RSE et 43 % considèrent que les acheteurs s’éloignent des bonnes pratiques, en particulier sur la pression à la baisse des prix (86 % d’entre eux), sur les clauses contractuelles déséquilibrées (61 %) et sur le non-respect des délais de paiement (41 %). Dans ce contexte, les fournisseurs appellent à davantage de transparence et d’exemplarité en matière d’achats et d’engagements responsables.
Si l’ensemble des acteurs souhaite s’engager pleinement dans une démarche RSE, reste à définir de manière plus efficace et collective les critères à mettre en œuvre ainsi qu’envisager le partage du coût imposé par les enjeux environnementaux et sociétaux. La France a compris la nécessité et l’urgence liées à une production plus responsable, moins globale et plus propre. Les fournisseurs réclament la mise en place de nouvelles coalitions pour une politique RSE efficace qui permettra à terme d’accompagner cette lame de fond qui vise la sécurisation de l’approvisionnement et qui induit la relocalisation d’une partie des achats notamment.
Afin d’envisager quels produits pourraient être relocalisés, regardons la structure de nos échanges commerciaux. En 2022, la balance commerciale a enregistré un déficit record de 163,6 milliards d’euros – soit le double du précédent record historique de 2021, selon les chiffres des douanes françaises. Les importations ont en effet bondi de près de 30 % par rapport à 2021, année qui avait déjà enregistré un rebond de 19,5 % de nos achats hors frontières. Les tensions géopolitiques, qui ont notamment déclenché une crise énergétique, expliquent l’essentiel de cette envolée du prix du gaz et de l’électricité.
Le service des douanes françaises précise que la France est devenue importatrice nette d’électricité pour la première fois du fait en particulier de la mise à l’arrêt de plus de la moitié du parc nucléaire une large partie de l’année. Ainsi en 2022, c’est la forte augmentation des approvisionnements en énergie (+129 % en valeur) qui explique la moitié de la hausse des importations françaises.
Par ailleurs, la dégradation du solde commercial concerne avant tout les échanges avec les pays hors de l’Union européenne. Ainsi, le déficit avec l’Asie s’amplifie en particulier avec la Chine et Hong Kong, du fait notamment des importations d’équipements mécaniques, de matériel électrique, électronique et informatique (machines, téléphones, composants et cartes électroniques).
Depuis l’adhésion de la Chine à l’OMC fin 2001, le déficit a connu une trajectoire exponentielle. Selon une étude du service des douanes françaises, la croissance de ces échanges a également contribué à rendre une part croissante de nos importations originaires de Chine vulnérable à une rupture d’approvisionnement depuis ce pays. Un produit est considéré comme vulnérable vis-à-vis de la Chine lorsque la part de la Chine dans les approvisionnements français de ce produit et la part de la Chine dans les approvisionnements mondiaux sont supérieures à 50 %. Or, la part de ces produits a doublé entre 2000 et 2019. L’essentiel de la valeur est constitué par les produits informatiques, électroniques et optiques avec en tête de liste les téléphones et les ordinateurs portables. On observe que la part des produits vulnérables de haute technologie est en forte augmentation en valeur au détriment des produits à faible valeur ajoutée.
Plus globalement, on note que près de la moitié des importations extra-communautaires hors énergie est libellée en dollar ; l’affaiblissement de l’euro face à la devise américaine a ainsi pesé sur les prix à l’importation.
En outre, ce sont les produits chimiques (+31 %) qui ont contribué le plus sur l’année à la hausse des importations de produits manufacturés, et cette augmentation est quasi-exclusivement due aux prix. Viennent ensuite les produits métallurgiques (+22,6 %), agroalimentaires (+20,4 %) et textiles (+22.6 %).
Type d'importation | Evolution 2022/2021 |
Importations 2022 (en Md€) |
---|---|---|
Bateaux |
-28,2 % |
1,7 |
Autres produits |
6,6 % |
4,0 |
Autres transports |
13,4 % |
5,1 |
Parfums |
18,5 % |
6,4 |
Produits agricoles |
12,3 % |
17,6 |
Pharmacie |
7,7 % |
35,2 |
Manufacturés divers |
11,6 % |
35,1 |
Caoutchouc, plastiques |
13,0 % |
34,1 |
Bois, papier |
26,2 % |
19,2 |
Equip. élec. et ménagers |
14,7 % |
35,7 |
Aéronautique |
32,6 % |
22,6 |
Informatiques & élec. |
11,5 % |
57,5 |
Automobiles |
9,6 % |
68,2 |
Machines |
12,7 % |
55,2 |
Textiles, habillement |
22,6 % |
48,6 |
Produits agroalimentaires |
20,4 % |
55,6 |
Métallurgie |
22,6 % |
56,8 |
Chimie |
31,1 % |
59,8 |
Pétrole raffiné |
59,5 % |
38,2 |
Électricité et autres énergies |
147,9 % |
24,1 |
Hydrocarbures |
173,4 % |
91,9 |
Ainsi, essayons de regarder les achats importés pour envisager de mieux gérer la dépense externe ou comment optimiser les coûts de production par la relocalisation de certaines productions. Selon l’étude réalisée fin 2020 par PwC France et Maghreb et le Conseil national des achats (CNA) sur le levier des politiques achats responsables, près de 115 milliards d’euros d’opportunités de relocalisation industrielle ont été identifiés sur des familles d’achats critiques et à fort enjeu de développement économique :
19 catégories de produits extraites par le groupe CNA-CNI-PwC parmi les 58 propices à une relocalisation et identifiées dans l’étude CNA-PwC
Chimie et matériaux |
Production et transformation primaire de plastiques de haute performance et recyclage chimique : moules, fibres carbone, injection, usages uniques |
---|---|
Production de pâtes de cellulose et de nanocellulose : pâtes à papier, papier et carton |
|
Production et transformation de produits minéraux : argiles, ardoises, sables et produits réfractaires (briques réfractaires, graphite, alumine, dolomie) |
|
Chimie du biosourcé |
|
Mécanique et métallurgie |
Moteurs électriques et transmission de puissance / commandes électriques (moteur, bielles, condensateurs, électronique de puissance) |
Machines spéciales, équipements pour les process et têtes de robots / services d’usinage des métaux et de fabrication additive |
|
Sidérurgie des aciers spéciaux, super-alliages et titane : roues et essieux (ferroviaires), baguettes de soudure sous-marine (naval) |
|
Métallurgie d’autres métaux non ferreux : aluminiums (primaires bas carbones et fonderies), métallurgie du plomb, zinc, étain et métaux précieux |
|
Equipements automobiles : boites de vitesse, airbags, pneus, composites automobiles |
|
Amont agricole, production et IAA (industries agro alimentaires) |
Emballages monomatériaux plastiques recyclables (PET, PE, OPP), bioplastiques et chaînes d’emballage pour traiter des plastiques recyclés) |
Intrants pour l’alimentation animale / oléagineux et protéagineux (huiles et graisses, tourteaux et palme), protéines végétales et du futur (protéine d’insecte) |
|
Additifs et auxiliaires technologiques pour l’alimentation humaine : acides aminés, enzymes, ferments, vitamines |
|
IAA : produits de bio-fermentation, produits laitiers transformés, produits carnés et poissons transformés, transformation et conservation de fruits et légumes |
|
IAA de spécialité : produits de régime, substitutions de repas et enrichissements pour sportifs |
|
Electronique B2B |
Dispositifs à semi-conducteurs (« back-end »), diodes, cristaux piézo-électriques et leurs parties, circuits imprimés (PCB) |
Cellules de batteries Li-ion solide et liquide, composants à façon associés (godets, bandes, bornes) et matières premières minières* |
|
Equipements de communication : câbles de fibre optique et terminaux télécoms |
|
Cybersécurité des réseaux, équipements et terminaux |
|
Circuits intégrés électroniques (puces) |
|
Santé - pharmaceutique |
Principes actifs pharmaceutiques / molécules actives (API) : molécules chimiques (intermédiaires de synthèse) |
Antibiotiques / antibactériens (notamment Amoxicilline clavulanique, imipenème, piperacillin / tazobactam |
|
Anticancéreux : Taxanes (oxaliplatine, paclitaxel) |
|
Anesthésiques / système nerveux : médicaments contenant des alcaloïdes ou leurs dérivés (curares) et antalgiques |
|
Dispositifs et équipements : équipements de protection individuelle (gants, blouses, masques), petits matériels (respirateurs, équip. mobiles, seringues, autoinjecteurs) |
En outre, d’après les estimations de PwC France et Maghreb, 5 % de la masse des achats des PME et ETI pourraient être relocalisés à coûts constants. L’État a financé et finance avec France Relance et France 2030 près de 500 projets. Il existe déjà de nombreux exemples de catégories d’achat relocalisées en France :
Travail des métaux : découpe laser (initialement en RO, ES), usinage, hydroformage (TW), formage (BE), fonderie (CZ), forge, extrusion (ES), profilage (BE)
Quincaillerie : visserie (DE), boulons (DE), fiches (IT), chapes, joints (ES), poignées, mécanismes coulissants (CN), durites (ES)
Traitement de surface : galvanisation à chaud, électro-zingage, anodisation (ES)
En conclusion, si le contexte inflationniste actuel freine les aspirations de relocalisation d’une partie de la production, une majorité d’entreprises françaises considèrent qu’à moyen et long terme la sécurisation de leurs approvisionnements a acquis encore plus d’importance qu’elle n’en avait déjà pour assurer la viabilité de leur modèle économique. Face aux nouveaux risques géopolitiques et sanitaires et en réponse aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), il convient d’opter pour des politiques d’achats plus responsables qui visent à limiter les coûts induits notamment par une envolée des prix de l’énergie ou une pénurie de produits.
* Lithium, cobalt et nickel pour batteries électriques (mines), terres rares, étain, zinc, cuivre, bauxite
Source : PwC France et Maghreb