Les facteurs clés de succès du Move to cloud

Move to cloud, informatique
  • 06 sept. 2023

Le recours au cloud explose. De plus en plus d’entreprises s’engagent dans cette transformation à grande échelle (58 % des entreprises interrogées dans la Cloud Survey 2023 de PwC déclarent avoir adopté le cloud dans la plupart ou la totalité de ses fonctions). Pour autant, cette transformation n’est pas évidente à mener et n’apporte pas toujours toute la valeur escomptée.

Quels sont les points à avoir en tête lorsque vous vous engagez dans un projet de Move to cloud ? Comment garantir une transition vers le cloud réussie et sereine ? Quels sont les points de vigilance ?

Move to cloud : les grandes tendances

On observe depuis quelques années une nette accélération de la migration vers le cloud en s’appuyant sur les offres des hyper scalers (fournisseurs de services de cloud public à grande échelle, dominés par les leaders du marché que sont Amazon, Google et Microsoft). La pandémie a eu un effet catalyseur sur le déploiement du cloud, notamment avec le télétravail largement répandu; tendance qui s’est poursuivie en 2022 avec une croissance de près de 20 % des dépenses mondiales liées au cloud computing d’après IDC.

Il existe de multiples raisons à cela :

  1. Obsolescence et dette technologique : la transition vers le cloud permet de débloquer une dette technologique et d’adresser la question de l’obsolescence au niveau des data centers, mais permet aussi de faire face à une problématique de contrats d’infogérance qui arrivent à leur terme. 
  2. Raisons économiques : le cloud peut être un levier de performance économique, mais ces gains sont assez complexes à obtenir et souvent mal compris. Pour optimiser la migration vers le cloud et en exploiter toute sa valeur, il est nécessaire de bien comprendre les drivers de coûts. 
  3. Sensibilité particulière par rapport à la souveraineté des données - le cloud de confiance est une réflexion actuelle pour un nombre croissant d’entreprises, qui ouvre la perspective d’un passage vers le cloud à certaines entreprises qui avaient une plus grande réticence à opérer cette transition, souvent en lien avec la nature des données qu’elles exploitent.
  4. Tendances liées à une sensibilité sociétale et environnementale, à travers le développement du GreenOps, pour améliorer les performances en matière d’empreinte carbone. 

Au-delà de toutes ces raisons, nous atteignons un niveau de maturité général et une compréhension relativement exhaustive de tous les bénéfices du cloud. L’effet plus ou moins groupé de cette maturité et de cette transition vers le cloud pose un nouveau défi : celui de trouver les bons talents, ceux capables d’accompagner ce mouvement de fond, pour mener à bien cette transformation et tirer tous les bénéfices liés au cloud. 

Les éléments à avoir en tête pour un Move to cloud réussi

  1. Appréhendez la dimension technologique dans sa globalité. Le passage d’une infrastructure classique, avec ses data centers à une infrastructure cloud doit s’accompagner d’un changement dans ses manières d’opérer. Encore trop souvent, les transitions vers le cloud sont perçues comme un sujet purement infrastructure, passant à côté de toutes les implications métiers et en matière de culture d’entreprise que ce changement apporte. Pour garantir une transition réussie, il est clé de prendre en compte toutes les dimensions : le volet infrastructure - Infra as a service, mais aussi adresser la question des plateformes (bases de données, analytics, …) et des logiciels - Software as a service (CRM, Finance…) Ce dernier volet peut d’ailleurs être le moteur d’une transition vers le cloud avec des solutions qui deviennent des standards reconnus par les entreprises.
  2. Le move to cloud n’est pas que de la technologie. Au-delà du pur volet technologique, qui constitue le socle de tout move to cloud, le mouvement s’accompagne d’abord et avant tout d’un large volet organisationnel, avec une transformation des façons de faire et de collaborer. Il y a également une transition à opérer sur la dimension Achats, vers un modèle As a service, avec des opérations plus dynamiques, où les objets achetés ne sont pas des objets fixes mais des services. Ces changements sont assez fondamentaux pour les entreprises, et sont les conditions sine qua none pour atteindre les promesses du cloud. 
  3. Une bonne compréhension des services natifs proposés par les fournisseurs cloud est un prérequis pour une migration réussie. En effet, la migration vers le cloud s’accompagne d’une transformation dans la manière de faire et il est important de s’affranchir des anciennes méthodes pour en tirer tous les bénéfices. Au contraire, cette migration est l’occasion de remettre à plat un certain nombre d’éléments pour gagner en efficacité, sécurité et rapidité. Par exemple, la migration vers le cloud permet de passer à un modèle d’infrastructure secured by design, d'accélérer sur l’automatisation et le niveau d’intégration. Pour autant, l’architecture technique ne se suffit pas à elle-même. Elle peut être techniquement opérationnelle, mais s’accompagner de coûts additionnels importants si l’entreprise n’entreprend pas en parallèle la recherche d’optimisations, d’une utilisation des services disponibles dans le cloud ou le déploiement d’une façon de faire propre au Cloud. 
  4. Ne négligez pas l’étape de la contractualisation. Une étape importante du move to cloud est celle de la contractualisation, qui nécessite une bonne compréhension des leviers de coûts pour être capable d’anticiper plusieurs situations.
    Tout ceci dépasse le champ de la Direction des Systèmes d’Information, puisque les Directions Achats, Finance et Juridiques doivent être impliquées dès le départ pour garantir une transformation durable et réussie. 
  5. Le volet réglementaire est crucial dans les projets de transition vers le cloud. Pour les sociétés dont la présence est mondiale, il s’agit d’avoir une réflexion multiple à mener dans chacun des pays où le cloud va être déployé, de bien comprendre les législations en vigueur qui s’appliquent au sujet des données (type CLOUD Act, son équivalent en Asie, ou encore la législation RGPD en Europe). Il s’agit de bien anticiper et appréhender ces questions, qui peuvent avoir des niveaux de complexité divers suivant l’implantation géographique. 
  6. Anticipez le run. Le dernier point concerne l’anticipation du run et des opérations en positionnant un ou plusieurs infogérants cloud, de manière dynamique pour conserver l’agilité permise par le cloud.

Quelles sont les erreurs classiques observées lors du déploiement du cloud ?

Comment éviter les écueils et réussir son move to cloud ?

  1. Penser que l’on peut cibler un 100 % move to cloud dès le départ. Atteindre une migration totale vers le cloud est quasi mission impossible, il y a des contraintes de legacy, d’obsolescence, les métiers qui sont en recherche d’une valeur ajoutée à cette transition… La bonne pratique est plutôt d’établir une démarche dans le temps, qui intègre toutes ces limitations, et permet de cibler une transition raisonnable et à bon escient. 
  2. Négliger les contraintes liées à la donnée. Sous l’effet des réglementations autour de la protection des données, une stratégie de transition vers le cloud peut se voir largement modifiée pour des soucis de conformité et s’éloigner de son projet cible. 
  3. Ne pas prendre en compte dès le départ les limites techniques, celles liées à la performance des services que l’on souhaite migrer. Il existe des contraintes de performance - type maintenance de machines - qui limitent la migration vers le cloud. 
  4. Se baser sur un calcul erroné d’amélioration des coûts, souvent trop rapide par rapport au planning de la transformation. En effet, très souvent, les entreprises sont confrontées au besoin de conserver en parallèle certains fonctionnements, et un mode hybride Cloud - Infrastructure historique se met en place. Or ce mode hybride peut s’étaler dans le temps, ce qui réduit les améliorations de coûts attendues. 
  5. Ne voir le sujet que sous l’angle infrastructure. Or le move to cloud, nous l’avons vu précédemment, ne sera pas que du IaaS (Infrastructure as a Service) mais doit également embarquer les sujets plateformes, pour faire du replatforming (choisir les applications à migrer et changer leur architecture pour l’optimiser dans le cloud) mais aussi aller vers du SaaS (Software as a Service) disponible nativement dans le cloud pour transformer en profondeur la manière de travailler dans certains domaines de l’entreprise. 

Un move to cloud à 100 % semble peu réaliste. Pour le réussir, il s’agit de bien mesurer les limites techniques, métiers et financières afin d’établir un plan de transformation en phase avec la réalité et plus facilement atteignable. Après avoir prêté une attention particulière à ces étapes, comment passer à la suite du déploiement et assurer un run réussi ?

Comment assurer un run réussi ?

  1. Le run commence dès le premier jour de la transformation, dès les premiers niveaux de développement. Si l’on souhaite réaliser les promesses du cloud (élasticité, automatisation, agilité, flexibilité), on doit adopter une approche industrielle proche de celle de la gestion d’une usine. Cela doit s’accompagner d’un haut niveau d’automatisation. Dès la première étape de conception du projet move to run, on doit s’efforcer de fonctionner comme on le ferait en phase de run. En construisant dès le départ un mode de fonctionnement qui n’est pas la duplication du fonctionnement historique, mais qui intègre dès le départ les spécificités du cloud, on s’assure de mettre en place des environnements qui sont secured by design et gérés financièrement comme on souhaiterait qu’ils le soient en phase de run. Cette approche très industrielle permet de contrôler l’ensemble des facettes du projet - financier, environnemental, sécurité et performance.
  2. Mobiliser en amont le volet organisationnel. « L’usine » dédiée au move to cloud doit être comprise et utilisée par toute l’organisation, en premier lieu les acteurs de la DSI mais aussi les équipes Finance, pour gérer le volet financier du projet. L’upskilling, c'est-à-dire dans ce cas, la capacité des équipes à configurer et gérer ces nouveaux outils, ne doit pas être négligée et anticipée.
  3. Les équipes cyber doivent également être partie prenante dès le départ car la cybersécurité représente à la fois un des enjeux majeurs mais aussi une opportunité liés à cette transformation. Un enjeu, car le passage du système on-premise à un cloud public peut générer des failles qu’il convient de bien sécuriser mais une opportunité car les hyper scalers investissent massivement dans la cybersécurité, offrant un niveau de sécurité que la plupart des entreprises ne peuvent aujourd’hui garantir, tant les budgets sont conséquents. 

Au-delà des prérequis techniques, fondamentaux pour la réussite d’un projet de move to cloud, il est essentiel de développer une culture interne qui favorise l’usage du cloud, de ses outils, avec une nouvelle façon de collaborer, d’exploiter la donnée ou encore de la piloter. La maîtrise des volets techniques et humains sera la condition pour tirer pleinement parti du cloud.

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Henri Chabrier

Henri Chabrier

Associé responsable des activités Cloud, PwC France et Maghreb

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