La part de l’investissement dans le PIB atteint désormais 23,5 % pour la France et 21 % pour l’Allemagne – un niveau comparable à celui des États-Unis, et supérieur à la moyenne européenne. C’est un signal fort. Cet investissement regroupe les dépenses engagées par l’ensemble des agents économiques (ménages, entreprises, secteur public) sans pour autant détailler précisément les projets concernés. On peut néanmoins supposer, à la lumière des différentes études PwC (CEO Survey, baromètre IA, etc.), que les entreprises françaises en particulier se montrent très réactives dans le déploiement de l’IA – que ce soit pour automatiser certaines tâches ou pour accroître la productivité via le « travail augmenté ».
Le marché de l’emploi reflète aussi cette dynamique. En France, la part des offres d’emploi nécessitant des compétences en IA est passée de 0,7 % en 2018 à 1 % en 2024, pour un total de 166 000 offres publiées cette année. Ce chiffre place la France en tête des pays européens, devant l’Allemagne (147 000) et le Royaume-Uni (125 000), même si le taux d’annonces IA reste plus élevé outre-Manche (1,4 %) et en Espagne (2 %).
La progression des offres d’emploi liées à l’IA est particulièrement marquée dans les secteurs de l'information et de la communication, où leur volume est deux à trois fois plus important que dans les autres secteurs.
Selon le baromètre PwC de l’emploi en IA 2025, la croissance de la productivité a presque quadruplé depuis 2022 dans les secteurs les plus exposés à l’IA (services financiers, édition de logiciels), passant de 7 % à 27 %. À l’inverse, la productivité dans les secteurs moins exposés (hôtellerie, exploitation minière) stagne autour de 9 %. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires par employé dans les secteurs intensifs en IA est trois fois plus élevé que dans les secteurs traditionnels.
En France, les emplois liés à l’IA ont progressé de 273 % entre 2019 et 2024. Cette dynamique ne concerne plus seulement les métiers technologiques. Elle traduit un basculement progressif de l’ensemble du tissu économique, bien que certains secteurs – notamment l’industrie manufacturière – restent encore peu touchés. France et Allemagne se distinguent ainsi par une plus grande maturité dans l’intégration de l’IA générative, qui irrigue désormais des fonctions transversales dans les organisations.
Les signaux de la France et de l'Allemagne sont encourageants, mais une impulsion forte de l'Union européenne est nécessaire. L’investissement dans l’IA et l’automatisation n’est pas qu’une affaire de compétitivité nationale, c’est aussi une question de souveraineté stratégique.
L’UE ne peut se permettre de rester en retrait face aux géants américains et chinois, dont les écosystèmes technologiques, puissamment financés, imposent déjà leurs standards. Sans coordination, ni stratégie d’investissement ambitieuse à l’échelle du continent, le risque est grand de voir les efforts des États membres rester fragmentés et insuffisants pour construire des alternatives crédibles.