Face aux évolutions à l’œuvre dans l'environnement économique et technologique, se réinventer est devenu un impératif pour les entreprises aujourd’hui. Cet état d’esprit a toujours été au cœur de la philosophie de Lectra. De la conception de logiciel de CAO dans les années 80, à leader de solutions de fabrication assistée par ordinateur (FAO) dans les années 90, puis au développement d’applications logicielles commercialisées en mode SaaS et hébergées dans le cloud depuis une dizaine d’années, notre histoire repose sur 50 ans d’innovation et de transformation continue.
Ces transformations sont le fruit de stratégies ambitieuses dans lesquelles nous avons cru, en intensifiant depuis 2017 nos efforts en matière de digitalisation et en intégrant dans nos solutions des technologies avancées comme l'IoT, l'IA et le cloud computing, et grâce à des acquisitions majeures qui nous ont permis d’élargir nos services.
En France, la gestion des risques est souvent perçue négativement, freinant ainsi l'innovation et la prise de risques. Très jeune, les jeux de cartes comme le bridge et le poker m’ont permis d’apprendre à gérer les risques et de les prendre de manière calculée. Dans le contexte ultra-compétitif actuel, ne pas prendre de décision est souvent plus risqué que de prendre une décision audacieuse. L'apprentissage de ses erreurs est clé dans le rôle que nous avons à jouer, au même titre que la transparence dans la communication des décisions prises, y compris les mauvaises décisions.
Dans cette démarche, les Américains sont plus ouverts à l'idée d'apprendre de leurs erreurs et de considérer les échecs comme des opportunités d'apprentissage. Cette différence culturelle peut expliquer pourquoi les dirigeants américains sont souvent plus innovants et prêts à explorer de nouveaux marchés.
Si une certitude se dégage de la démocratisation de la Gen AI dans les organisations, c’est son impact sur l’efficacité au travail. Le gain de temps offert par l'automatisation et la rapidité de l'IA dans certaines tâches est indéniable. Je le mesure à mon niveau et celui de mes équipes.
J’exprime en revanche beaucoup plus de doute par rapport à mes pairs qui affirment dans la dernière édition de la Global CEO Survey déjà percevoir les effets de l’IA générative en matière de rentabilité. La Gen AI est en plein essor, les cas d’usage se multiplient, les perspectives semblent infinies, c’est une réalité. Toutefois, les dirigeants sont peut-être dans une phase d’idéalisme et sous-estiment le coût que va représenter l'implémentation de cette technologie à tous les niveaux de l’organisation. Ils ne se sont peut-être pas encore totalement confrontés à cette réalité. C’est ce qu’illustre la courbe Hype Cycle de Gartner : nous sommes encore dans une phase d’idéalisme, avant que le réalisme ne vienne tempérer cet enthousiasme. Quelques années de recul me semblent nécessaires pour analyser pleinement cette dimension.
Les dirigeants interrogés n’accordent d’ailleurs pas tous le même niveau de confiance à son égard : cette confiance dans l’utilisation de l’IA générative est plus forte en France. Une meilleure acceptation culturelle peut l’expliquer, notamment en raison de l'approche cartésienne des Français. Les États-Unis par exemple, bien qu'ils produisent le plus d'acteurs, montrent une plus grande défiance vis-à-vis de l'IA générative. Leurs modes de fonctionnements et organisations sont beaucoup plus processés, verticaux, et tout cela peut jouer sur l'acceptation culturelle de l'IA.
La mondialisation des échanges commerciaux soumet les entreprises à des cadres réglementaires différents en matière de développement durable, notamment entre l’Europe et les États-Unis. Et cela pose un réel problème.
En Europe, les règles strictes favorisent les entreprises locales déjà conformes, tandis qu'aux États-Unis, l'absence de réglementation uniforme permet à chaque entreprise de définir ses propres normes. Au-delà des politiques américaines centrées sur les frontières et les politiques douanières, ce contexte désavantage les entreprises américaines qui doivent se conformer à des règles plus strictes lorsqu’elles souhaitent vendre en Europe, qu'elles n'ont pas sur leur marché domestique.
Aussi, la pression des consommateurs pour des produits durables est beaucoup plus forte en Europe qu'ailleurs. Cette pression se traduit par des revenus supérieurs grâce à la vente de produits et services durables, mais entraîne également des coûts très élevés pour répondre à cette demande. En Europe toujours, les entreprises doivent investir davantage pour satisfaire les attentes des consommateurs en matière de durabilité, ce qui augmente leurs coûts opérationnels.
Cette situation est différente aux États-Unis, où la pression des consommateurs pour acheter des produits écoresponsables est moins forte. Les entreprises américaines n'ont ainsi pas les mêmes coûts élevés que leurs homologues européens pour répondre à cette demande. Cette différence explique pourquoi les revenus issus d’offres respectueuses du climat sont plus faibles États-Unis mais aussi pourquoi les coûts sont perçus comme beaucoup plus élevés en Europe.
L’encadrement réglementaire de cette transition écologique des entreprises est nécessaire mais doit aujourd’hui davantage murir pour permettre des résultats plus forts tout en imposant des contraintes plus mesurées aux entreprises. La réglementation doit aller plus loin dans l’analyse qui reste aujourd’hui très administrative, en pondérant en fonction de leur importance les critères. Pour éviter que la complexité réglementaire actuelle pèse négativement sur les progrès réalisés, les autorités doivent faire évoluer les règles.
Lectra a toujours eu une lecture très pragmatique de ses marchés et de leurs investissements : le développement du Groupe dépend avant tout du succès de nos offres sur les différents territoires dans lesquels nous opérons, et non de la conjoncture économique locale ou plus globale.
En 50 ans, nous avons pivoté d'une entreprise industrielle de création de logiciels et de production d’équipements à une entreprise qui a désormais tous les attributs d'une entreprise tech et qui réalise aujourd'hui 72% de son chiffre d'affaires de manière récurrente grâce notamment au développement des activités SaaS, et dont l'ambition est de dégager plus de 90 millions d'euros sur ce segment en 2025.
Merci à Daniel Harari, Président-Directeur Général de Lectra, de nous avoir accordé cet entretien exclusif.
Acteur clé de l’Industrie 4.0, n°1 mondial de la découpe textile, Lectra propose des solutions d’intelligence industrielle à la pointe de la technologie qui facilitent la transformation digitale des entreprises des secteurs de la mode, de l’automobile et de l’ameublement principalement. Créée en 1973, l’entreprise rayonne aujourd’hui à l’international dans plus de 100 territoires et réalise un chiffre d’affaires de 520 millions d’euros.