Dans un environnement où les risques ne cessent de croître, la conformité donne l'assurance nécessaire pour innover et entreprendre. Alors pourquoi rebute-t-elle, quand elle devrait être reconnue et recherchée ?
Dans une tribune publiée dans Les Echos, Philippe Vogt, associé et Chief Risk Officer (CRO) de PwC France et Maghreb, livre un véritable plaidoyer en faveur de la conformité, cet atout mésestimé de l’entreprise qui repose à la fois sur la formation des collaborateurs, la culture de l’entreprise et la collégialité de la gouvernance.
« L’appétit au risque est pour partie culturel. On dira plus facilement « prendre un risque » en France quand il s’agit davantage de « tenter sa chance » (take a chance) aux États-Unis. Quelles que soient nos réticences, le risque est de toute manière inhérent à la vie : autant l’apprivoiser.
Pour une entreprise, ne pas prendre de risques, c’est s’interdire d’évoluer, c’est se condamner à l’échec à plus ou moins court terme. L’art de la prise de risque fait donc partie des talents à cultiver pour tout dirigeant, toute dirigeante. Si être un leader revient à « prendre le maximum de risques avec le maximum de précautions », selon la formule Rudyard Kipling, en entreprise, ces précautions portent un nom : la conformité. »
40% des dirigeants considèrent les risques liés à la cybersécurité comme principale menace
Source : Global CEO survey, PwC, janvier 2024
L’enjeu : réussir ce que l’on entreprend implique de prendre des risques, et prendre des risques impose de prendre des précautions : quelle articulation prévoir entre risques et conformité ? Quel rôle assigner à la gouvernance pour une prise de risques encadrée, réfléchie et collégiale ?
« Souvent décriée, la conformité est pourtant l’alliée qui permet de partir bien protégés à l’aventure. Un exemple ? Dans l'aéronautique, les ingénieurs impliqués dans la conception d’un avion sont des centaines à imaginer tout ce qui peut dysfonctionner afin de mettre en place les systèmes et des protocoles qui empêcheront que les scénarios catastrophes ne se réalisent.
En entreprise, les mesures de conformité sont mises en place par le CRO - Il faut bien un pessimiste pour permettre l’optimisme de tous. Elles constituent des garde-fous qui apportent aux collaborateurs et autres parties prenantes la confiance nécessaire pour avancer en toute sécurité. Le mot qui rime le mieux avec conformité, c’est sans doute sérénité. »
80% des compliance officers estiment que la conformité est indispensable pour leur compétitivité
Source : Baromètre du Compliance Officer, PwC, 2024
L’enjeu : les idées reçues ont la vie dure – comment faire de la conformité un concept attractif pour les collaborateurs afin qu’ils se l’approprient plus naturellement, et que l’entreprise mette ainsi toutes les chances de son côté ?
« Éthiques ou technologiques, les risques sont le plus souvent humains. La parade l’est donc elle aussi. Elle repose sur la formation, poussée et continue, des collaborateurs, et plus largement sur la culture de conformité au sein de l'entreprise. Une culture à développer sans relâche jusqu’à ce que suivre les protocoles permettant d’anticiper, d’éviter ou d’atténuer les risques devienne une seconde nature. »
80% des salariés jugent que l’éthique est une nécessité
Source : Baromètre du climat éthique, 2023
L’enjeu : comment détecter les comportements irréguliers ? Comment mettre en place une culture de la conformité permettant de réagir correctement au risque pour le cantonner et instaurer la confiance ? Que faut-il pour faire de l'éthique un trait d’union entre clients et collaborateurs autour de valeurs communes ?
des Français pensent que l'accélération technologique (IA, robotique...) présente plus de risques que d’opportunités.