Suite à l’échec des négociations entre KNDS et Leonardo pour la modernisation de la flotte de chars de combat et des véhicules de combat d’infanterie de l’Armée italienne (contrat de 23 milliards d’euros), l’industriel italien s’est tourné vers un autre partenaire, l’allemand Rheinmetall. Ces deux entreprises ont signé un Mémorandum of Understanding pour la co-conception et la fabrication d’un millier de véhicules de combat d’infanterie et de 132 chars de combat, basés sur les modèles Lynx et Panther. Cette collaboration vise également à se positionner sur le marché export du remplacement des chars et blindés de combat chenillés lourds. Les deux industriels ont officialisé cette relation en créant une coentreprise baptisée Leonardo Rheinmetall Military Vehicles (LRMV).
Cette nouvelle coentreprise pourrait préfigurer un changement de paradigme dans le modèle de défense, non plus conceptualisé à l’échelle nationale mais européenne. Aujourd’hui, sur le marché international, les industriels de la défense européens sont individuellement trop petits pour rivaliser avec les géants américains, israéliens ou chinois. Parmi les dix plus grands groupes d’armement au monde, un seul est européen : le britannique BAE Systems. Selon l’Office fédéral des statistiques, Rheinmetall occupait l’an dernier la 20e place mondiale avec un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros, là où le leader mondial, l’Américain Lockheed Martin, réalisait un chiffre d’affaires de 62 milliards d’euros. Cet accord pourrait donc être une nouvelle étape pour assurer la compétitivité des industriels européens.
La naissance de cette coentreprise, bien que représentant une opportunité pour la BITD européenne et le rayonnement de notre savoir-faire, a également le potentiel de rebattre les cartes en Europe.
Ce nouvel acteur interroge quant à l'avenir de l'armement terrestre. Alors que les nouveaux systèmes aériens (avions, drones) et spatiaux (satellites, systèmes en orbite) se multiplient, qu’en est-il des capacités terrestres ? Comment l’Europe peut-elle moderniser rapidement ses forces terrestres pour répondre aux défis actuels et futurs ? Enfin, au niveau local et national, comment garantir notre protection et notre souveraineté à l'aune des dernières évolutions géopolitiques ?