Nouveau paradigme pour l’armement terrestre en Europe ?

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  • 19 nov. 2024
Samuel Free

Samuel Free

Consultant, PwC France et Maghreb

Suite à l’échec des négociations entre KNDS et Leonardo pour la modernisation de la flotte de chars de combat et des véhicules de combat d’infanterie de l’Armée italienne (contrat de 23 milliards d’euros), l’industriel italien s’est tourné vers un autre partenaire, l’allemand Rheinmetall. Ces deux entreprises ont signé un Mémorandum of Understanding pour la co-conception et la fabrication d’un millier de véhicules de combat d’infanterie et de 132 chars de combat, basés sur les modèles Lynx et Panther. Cette collaboration vise également à se positionner sur le marché export du remplacement des chars et blindés de combat chenillés lourds. Les deux industriels ont officialisé cette relation en créant une coentreprise baptisée Leonardo Rheinmetall Military Vehicles (LRMV).

Cette nouvelle coentreprise pourrait préfigurer un changement de paradigme dans le modèle de défense, non plus conceptualisé à l’échelle nationale mais européenne. Aujourd’hui, sur le marché international, les industriels de la défense européens sont individuellement trop petits pour rivaliser avec les géants américains, israéliens ou chinois. Parmi les dix plus grands groupes d’armement au monde, un seul est européen : le britannique BAE Systems. Selon l’Office fédéral des statistiques, Rheinmetall occupait l’an dernier la 20e place mondiale avec un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros, là où le leader mondial, l’Américain Lockheed Martin, réalisait un chiffre d’affaires de 62 milliards d’euros. Cet accord pourrait donc être une nouvelle étape pour assurer la compétitivité des industriels européens.

La naissance de cette coentreprise, bien que représentant une opportunité pour la BITD européenne et le rayonnement de notre savoir-faire, a également le potentiel de rebattre les cartes en Europe.

  • Une compétition exacerbée en Europe ? Jusqu’ici, la seule alliance européenne d’ampleur en matière d’armement terrestre était le franco-allemand KNDS, formé en 2015 à partir de la fusion entre l’allemand Krauss-Maffei Wegmann et le français Nexter. Les deux entreprises se positionnent sur le même segment de marché, le Panther KF51 étant désormais en concurrence directe avec le Leopard 2A-R.C 3.0 de KNDS.
  • Quel avenir pour le programme MGCS ? Dans une Europe déterminée à moderniser rapidement ses capacités terrestres, il est légitime de se demander comment le projet européen MGCS, prévu pour la décennie 2040, pourra répondre à ces attentes. Le positionnement de LRMV, qui souhaite démontrer son agilité et sa capacité à exécuter rapidement les contrats, renforce encore cette perspective.

Ce nouvel acteur interroge quant à l'avenir de l'armement terrestre. Alors que les nouveaux systèmes aériens (avions, drones) et spatiaux (satellites, systèmes en orbite) se multiplient, qu’en est-il des capacités terrestres ? Comment l’Europe peut-elle moderniser rapidement ses forces terrestres pour répondre aux défis actuels et futurs ? Enfin, au niveau local et national, comment garantir notre protection et notre souveraineté à l'aune des dernières évolutions géopolitiques ?

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Matthieu Lemasson

Matthieu Lemasson

Associé Consulting, Responsable du secteur Aéronautique, Spatial et Défense, PwC France et Maghreb

Jean von Polier

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Associé Consulting, Responsable activité défense, PwC France et Maghreb

Ludovic de Lannurien

Ludovic de Lannurien

Directeur, PwC France et Maghreb

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