Enjeux du secteur spatial

Un secteur qui irrigue des pans entiers de l’économie et de la société

Bien loin d’être cantonné aux « pure players » du secteur, le domaine spatial a aujourd’hui un impact sur l’ensemble des industries et services. De très nombreux acteurs économiques utilisent en effet, et utiliseront de plus en plus, des données spatiales captées par les satellites, qu’il s’agisse de données d’observation de la Terre, de données de positionnement ou de données de communication (contenus numériques), et ce parfois sans même s’en rendre compte. Ces données issues de l’espace sont fusionnées avec d’autres (démographiques, sociologiques, géographiques, etc.) pour être transformées en « insights » à valeur ajoutée permettant aux entreprises d’être plus performantes sur leurs marchés.

L’avènement du « New Space » low-cost

Les grandes agences et les sociétés privées historiques du secteur étaient habituées aux projets d’exploration à haute densité capitalistique, nourris par la demande publique. Ils sont aujourd’hui bousculés par l’émergence des acteurs du « new space », GAFA ou petites start-up, qui inventent un modèle « low-cost » et « data driven » : ils visent la commercialisation de données spatiales à grande échelle et développent des technologies à bas coût pour y parvenir.

On assiste ainsi à une privatisation de l’accès à l’espace, rendue possible par l’innovation. Plusieurs facteurs tels que les nouveaux systèmes de production comme l’impression 3D, l’utilisation de nouveaux couples de carburants comme le méthane pour maximiser la réutilisation des étages des lanceurs, la miniaturisation des satellites, l’utilisation de solutions techniques « sur étagères » et de composants standards se conjuguent en un cercle vertueux de réduction des coûts. Quelques dizaines de milliers d’euros pour les nanosatellites actuels contre plusieurs dizaines de millions pour les satellites de télécommunication classiques.

Ces acteurs du « new space » sont soutenus à la fois par des fonds d’investissement privés et par les agences publiques.

De nouveaux marchés à conquérir pour la donnée spatiale

Avec des constellations de centaines de satellites de toutes tailles en orbite basse, les start-up du secteur spatial entendent délivrer des services à la carte dans des domaines aussi divers que l’agriculture de précision, l’optimisation des précisions météorologiques, la gestion du trafic routier ou aérien, la surveillance des infrastructures énergétiques ou de transport, etc. Car l’on découvre chaque jour de nouveaux usages des données issues des satellites d’observation de la terre : scruter l’état des sécheresses ou le rendement des récoltes, surveiller la vitesse de déforestation ou d’érosion des plages, vérifier le taux de remplissage de parkings ou observer l’état de plateformes offshore, etc. Les applications sont infinies.

Par ailleurs, sous l’effet de la transformation digitale, la demande de connectivité haut débit à bas coût ne cesse d’augmenter à l’échelle mondiale, ce qui porte naturellement le développement des satellites de télécommunication. Tout comme la nécessité de connecter à Internet une large partie de la population mondiale - environ 3 milliards de personnes - qui en est encore aujourd’hui privée. Pour assurer cette couverture haut débit globale, les constellations de satellites apparaissent comme une solution plus efficiente et plus rentable que la mise en place d’infrastructures terrestres.

Un business model en construction et des risques à maîtriser

Ces changements de paradigme propulsent le spatial dans une nouvelle ère industrielle de production de masse et de démocratisation de l’utilisation des données spatiales. Ses acteurs comptent sur la manne financière liée à l’exploitation de ces données pour rentabiliser leurs investissements. Qui seront leurs clients ? Comment et à quel prix ces données seront-elles facturées ? Leur modèle économique n’est pas encore stabilisé et leur viabilité n’est pas systématiquement assurée. Ces acteurs devront également tenir compte de risques inhérents à leur activité : accès aux fréquences limité par les régulateurs télécoms, problématique de la gestion des débris spatiaux, problématique d’exportation de matériel sensible et de non-prolifération, etc.

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Luigi Scatteia

Luigi Scatteia

Associé Consulting - Responsable activité spatiale, PwC France et Maghreb

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