2025 mid-year outlook

Global M&A Industry Trends

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  • Point de vue
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  • 28 juil. 2025

Surprise, surprise : des stratégies de fusions-acquisitions gagnantes en période de turbulences

Nous avons commencé l'année 2025 avec un optimisme prudent, anticipant une légère hausse des fusions-acquisitions au cours de l'année, tout en mettant en garde contre certains évènements inattendus qui pourraient gâcher la fête. Ces évènements se sont avérés plus inattendus que nous ne l'avions imaginé : les marchés financiers ont fait le yo-yo, suivant le flux quotidien d'informations en provenance de Washington, où les débats sur les droits de douane ont été plus agités – et l'action en matière de déréglementation plus lente – que prévu. Pendant ce temps, les conflits régionaux s'intensifient et les taux d'intérêt à long terme aux États-Unis et en Europe ont dépassé les anticipations.

Malgré tout, les transactions sont conclues et les investisseurs trouvent des moyens de naviguer à travers les incertitudes qui règnent sur le marché des fusions-acquisitions d'aujourd'hui. Les volumes de fusions-acquisitions à l'échelle mondiale continuent de baisser : ils ont chuté de 9 % au premier semestre 2025 par rapport au premier semestre 2024, tandis que la valeur des transactions a augmenté de 15 %. Nous continuons à voir des transactions dans des entreprises à vocation locale à l'intérieur des frontières nationales, ainsi que dans des sociétés de services ou d'autres secteurs moins sensibles aux droits de douane. Les grandes entreprises avec des flux de trésorerie solides et des perspectives de croissance saines sont toujours des cibles de choix, peu importe le territoire ou le secteur. Cependant, le marché n'a pas été tendre avec les nombreuses entreprises qui ne répondent pas à ces critères. Aux États-Unis, par exemple, une enquête PwC Pulse de mai 2025 a montré que, en réponse à l'incertitude douanière, 30 % des entreprises avaient suspendu ou réexaminé leurs transactions en cours. Nous nous attendons à ce que les investisseurs continuent à ressentir ces effets au cours des prochains mois.

Les fusions-acquisitions ne sont tout de même pas près de disparaître. Il s'agit d'un élément fondamental de la culture d'entreprise et du Private Equity à l’échelle mondiale. En effet, cette même enquête PwC Pulse montre que 51 % des entreprises américaines sont toujours à la recherche d'opportunités, un signe clair que la transformation et la réinvention des business models restent une priorité absolue. C'est le reflet de la nouvelle ère dans laquelle nous sommes entrés, une ère dans laquelle l'intelligence artificielle (IA) et les nouvelles dynamiques concurrentielles remodèlent le paysage des entreprises, l'IA étant un catalyseur de disruptions et de changements dans l'industrie. À mesure que cette nouvelle génération de technologies s'impose, elle est susceptible de susciter davantage d'activité transactionnelle.

Dans ce contexte, les investisseurs du monde entier se demandent, à juste titre, quel est le meilleur plan d'action à suivre ? 

Des enjeux élevés, des choix difficiles

Dans le marché actuel des fusions-acquisitions, avec des tendances aussi complexes et parfois contradictoires, les investisseurs doivent déterminer la prochaine étape. Les nouvelles réalités auxquelles ils sont confrontés sont les suivantes :

L'incertitude est peut-être la nouvelle constante. Au cours des cinq dernières années, le marché des fusions-acquisitions a été défini par des changements quasi constants. Le choc initial de la pandémie de COVID-19 a paralysé les transactions, suivi d'un fort rebond et de niveaux d'activité record. Cependant, avec la hausse des taux d'intérêt et l'évolution de l’environnement géopolitique et réglementaire, la boussole pointe de nouveau vers la prudence. Le marché actuel, plus complexe et imprévisible, offre aux investisseurs un contexte beaucoup moins clément. Il en résulte un environnement avec un niveau élevé d'incertitude, non seulement omniprésent, mais aussi structurel, pour les fusions-acquisitions. Pour les investisseurs, l’évolution commence par l'acceptation du fait que l'incertitude est probablement la nouvelle norme, ce qui signifie qu'ils devront trouver des moyens de la prendre en compte et de s'y préparer en permanence, plutôt que d'attendre que cela passe.

L'allocation du capital est confrontée à une nouvelle série de compromis. Les capitaux ne circulent plus librement, et cela s’illustre particulièrement par le bras de fer croissant entre fusions-acquisitions d’une part et investissements dans l'IA d’autre part. Les grandes entreprises technologiques, dont Microsoft et Meta, ont annoncé leur intention de dépenser collectivement des centaines de milliards de dollars cette année pour développer l’infrastructure de l’IA, les talents et les capacités. Cela déclenche un super cycle de dépenses en capital, qui laisse présager des investissements mondiaux de plusieurs milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Les dépenses technologiques ne concernent pas seulement l'IA. Au contraire, nous sommes à une époque d'effervescence technologique dans tous les secteurs, ce qui oblige les dirigeants, les conseils d'administration et les investisseurs à prendre des décisions plus difficiles en matière d'allocation de capital. Pour certains, cela signifie moins d'offres ou de plus petites transactions. Pour d'autres, il s'agit d'utiliser des partenariats, des participations minoritaires ou des carve-outs pour poursuivre leurs objectifs stratégiques tout en préservant la solidité de leur bilan. La discipline capitalistique exige aujourd'hui de faire des choix délibérés et mesurés. Croissance organique ou inorganique ? Combien dépenser pour la technologie ? Et sur l'IA ? Tout cela fait de l'allocation du capital l'une des décisions les plus importantes et les plus difficiles pour les dirigeants d'aujourd'hui. 

Le potentiel d'innovation de l'IA apportera des disruptions et des opportunités de fusions-acquisitions. L'avancée rapide des nouvelles technologies d'IA a plongé le monde de l'entreprise dans une nouvelle phase de transformation à fort enjeu. Pour les acquéreurs, cela présente à la fois des risques et des opportunités : le risque d'acquérir une entreprise au bord de la rupture et la possibilité d'exploiter les nouvelles technologies pour innover et obtenir un avantage concurrentiel. Le marché des fusions-acquisitions reflète de plus en plus ce fossé, avec une demande croissante pour des opérations axées sur les capacités, telles que l'acquisition de Wiz par Google pour 32 milliards de dollars, et une réévaluation des actifs traditionnels à travers le prisme de l'IA. Les six à douze prochains mois seront cruciaux pour permettre aux dirigeants de repositionner leur entreprise en vue de la prochaine vague d'innovation. Les investissements dans l'infrastructure numérique et l'énergie pour soutenir la croissance de l'IA ont déjà commencé, et les entreprises de tous les secteurs développent rapidement des solutions d’IA pour améliorer la productivité, réduire les coûts et débloquer de nouvelles opportunités de croissance. Pourtant, tirer le meilleur parti de cette nouvelle vague technologique est difficile et coûteux. Les entreprises qui s'efforcent d'intégrer l'IA dans leurs modèles d'affaires et d'exploitation sont confrontées à des défis allant du risque d'exécution à la résistance culturelle. Néanmoins, comme l'a révélé notre dernière enquête auprès des CEO, le coût de l'inaction est bien plus élevé : 40 % des CEO affirment que leur entreprise ne survivra pas à la prochaine décennie si elle ne trace pas une nouvelle voie. 

Les données sur les opérations mondiales de fusions-acquisitions dans tous les secteurs au premier semestre 2025 reflètent cette tension entre la prudence compréhensible face à une plus grande incertitude et, dans le même temps, l'urgence d'aller de l'avant avec les plans de transformation. Si le rythme actuel des transactions se maintient, le volume total des transactions pour 2025 pourrait tomber sous la barre des 45 000, soit le niveau le plus bas depuis plus d'une décennie. Dans le même temps, la hausse de la valeur des transactions signale une tendance à l'augmentation des opérations : le nombre de transactions d'une valeur supérieure à 1 milliard de dollars a augmenté de 19 % par rapport à la même période l'année dernière, tandis que celles d'une valeur supérieure à 5 milliards de dollars ont augmenté de 16 %. Le secteur de la technologie continue d’être le plus propice aux fusions acquisitions, mais les transactions sont généralisées à tous les secteurs. Et si l'activité globale des transactions reste modérée dans la plupart des pays, il existe des exceptions, par exemple en Inde et au Moyen-Orient, où les volumes de transactions ont augmenté de 18 % et 13 %, respectivement.

« Dans cet environnement macro-économique et géopolitique particulièrement incertain et volatile, le M&A est plus que jamais un accélérateur de transformation. Les opportunités de transactions existent, c'est le moment de les saisir. »

Céline Appel, Associée responsable des activités de transactions et restructuration, PwC France et Maghreb

Ce qu'il faut regarder

Nous n'allons pas revenir sur les détails, désormais familiers, des droits de douane ou des autres incertitudes politiques qui continuent de peser sur les marchés financiers et, par extension, sur le climat des fusions-acquisitions. Nous n'essaierons pas non plus de prédire ce qui se passera ensuite, en particulier dans un contexte de tensions géopolitiques accrues. Mais au-delà des annonces de politique commerciale et d'un contexte mondial de plus en plus volatil, les investisseurs doivent garder un œil sur plusieurs enjeux majeurs :

Les taux d'intérêt continuent de défier la gravité. Les taux d'intérêt à long terme restent obstinément élevés. Les banques centrales européennes ont réduit leurs taux directeurs en raison du ralentissement de la croissance et de la baisse de l'inflation, mais les taux du marché obligataire n'ont pas complètement suivi. Aux États-Unis, les taux à long terme ont continué d'augmenter. Les taux d'intérêt sont depuis longtemps l'un des deux principaux facteurs influençant l'activité de fusion-acquisition, l'autre étant les valorisations. Si les économies américaine et européenne se refroidissent et que les taux d'intérêt baissent, cela pourrait donner une impulsion aux marchés des fusions-acquisitions. Cependant, les inquiétudes concernant l'augmentation des dépenses déficitaires, entre autres, pèsent sur les taux du marché, et les perspectives incertaines sont un facteur sous-jacent important de la prudence que nous observons actuellement chez les investisseurs. Ces derniers doivent analyser les options de financement, en particulier avec la croissance de l’activité de dette privée, afin de s'assurer qu'ils optimisent les structures de capital de leurs transactions.

Dette publique : la prise de conscience de l'étranglement économique. Ce deuxième problème est lié au premier, car les déficits budgétaires des gouvernements de nombreux pays ont contribué à une augmentation significative du fardeau de la dette. La dette publique des pays de l'OCDE devrait atteindre 59 milliards de dollars en 2025, soit 85 % du PIB, soit un ratio dette/PIB presque deux fois supérieur à celui de 2007, avant la crise financière mondiale. Les paiements d'intérêts sur la dette publique dans les pays de l'OCDE sont maintenant supérieurs aux dépenses publiques de défense dans leur ensemble. Cette augmentation de la dette publique soulève d'importantes inquiétudes pour les investisseurs et le marché des fusions-acquisitions. Premièrement, elle peut créer une incertitude budgétaire à long terme et réduire la confiance des entreprises. Deuxièmement, cela exerce une pression à la hausse sur les taux d'intérêt, ce qui augmente le coût du financement des transactions. Et troisièmement, des niveaux plus élevés de dette publique commencent à étrangler la croissance économique, exerçant une pression sur les bénéfices des entreprises, réduisant les valorisations et freinant l'appétit des investisseurs pour les fusions-acquisitions.

Les sorties de Private Equity sont au point mort. Le troisième problème à surveiller est la façon dont les acteurs du Private Equity parviennent à accélérer les sorties de leurs sociétés en portefeuille afin de restituer les capitaux aux investisseurs et faciliter de nouvelles levées de fonds. Le nombre de sociétés en portefeuille n'a cessé de croître, dépassant les 30 000 à la fin de mars 2025, dont 47 % le sont depuis 2020. Le volume des sorties devra augmenter considérablement pour réduire cet arriéré, mais le marché actuel n'est pas propice, car l'environnement difficile et la faiblesse du marché des introductions en bourse ont affecté les opérations de Private Equity, bien qu'une série d'offres publiques récentes indique que le marché pourrait se retourner. Le volume des sorties au premier trimestre de cette année a augmenté de 83 transactions pour atteindre 903 (contre 820 sur la même période l’année dernière), mais ce nombre doit être bien plus élevé pour inverser la tendance à l’allongement de la durée de détention des sociétés en portefeuille. La question est importante pour les fusions-acquisitions au sens large, car les fonds de Private Equity ont joué un rôle croissant dans les fusions-acquisitions de tous types et développent de manière agressive la dette privée. Les acteurs du Private Equity ont fait preuve d'ingéniosité dans le développement d'un marché secondaire pour les sociétés de portefeuille, notamment par le biais de fonds de continuation, qui permettent à certains investisseurs d'encaisser tandis que d'autres peuvent y rester, mais qui laissent potentiellement les sociétés en portefeuille sous une forme ou une autre. 

Multiples de transactions

Entre le troisième trimestre 2023 et la fin de 2024, les multiples financiers comparant la valeur de l'entreprise à son EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) sur les 12 mois précédents ont inversé la tendance à la baisse observée depuis les sommets atteints juste après la période post-COVID-19. À l'exception d'une légère baisse au deuxième trimestre 2024, les multiples ont augmenté de façon constante pour atteindre un sommet médian de 14,3x en septembre 2024, soit le chiffre mensuel le plus élevé depuis septembre 2021. Cependant, l'incertitude économique persistante, y compris les inquiétudes accrues concernant les droits de douane potentiels, ainsi que les coûts de financement toujours élevés, ont de nouveau exercé une pression à la baisse sur les valorisations en 2025. En conséquence, les multiples médians mondiaux sont retombés à 10,8x, soit environ 14 % de moins que les niveaux observés au quatrième trimestre 2024.

Un examen plus approfondi des valorisations sur les principaux marchés met en évidence une divergence géographique : alors que les multiples médians aux États-Unis ont augmenté au premier semestre 2025 par rapport au quatrième trimestre 2024, ils ont baissé en Europe et en Asie-Pacifique. Dans le même temps, les indices boursiers de ces marchés ont largement évolué en tandem. Cela pourrait refléter un pari des investisseurs que les entreprises américaines résisteront plus favorablement à une guerre douanière.

Les primes de contrôle observées, c'est-à-dire le montant supplémentaire qu'un acheteur est prêt à payer pour prendre le contrôle d'une société cible, ont généralement évolué à l'inverse des multiples. Cela indique que les investisseurs maintiennent une certaine discipline en ce qui concerne la valeur intrinsèque et qu'ils ne réagissent ni trop ou ni pas assez à la volatilité du marché.

Au cours de la période de deux ans allant de 2020 à 2022, les multiples observés dans les transactions d'une valeur supérieure à 1 milliard de dollars étaient supérieurs d'environ 25 % aux multiples observés sur la moyenne pour « toutes les transactions ». Les grandes entreprises ont été considérées comme mieux placées pour résister au choc systémique de la COVID-19, et ces entreprises ont eu des courbes de reprise de croissance plus abruptes et ont été considérées comme bénéficiant d'un coût de la dette plus faible. Depuis 2023, l’écart entre les transactions de grande taille et l'ensemble des opérations observées a en grande partie disparu : les multiples médians des opérations d’une valeur supérieure à 1 milliard de dollars étaient en moyenne supérieurs d’environ 2 % à ceux de l’ensemble des transactions. Les multiples médians des transactions importantes au deuxième trimestre de 2025 sont inférieurs de 37 % à leur sommet du troisième trimestre de 2021. En revanche, les multiples médians de l'ensemble des transactions au deuxième trimestre 2025 ne sont inférieurs que de 17 % à leur pic du deuxième trimestre 2021.

Les primes de contrôle dans les grandes transactions sont restées stables à environ 30 % tout au long de la période historique. Cela implique que la récente baisse des multiples au deuxième trimestre de 2025 reflète une baisse des prix pour les grandes entreprises. Cette baisse peut être fonction d'une plus grande exposition au risque douanier, les grandes entreprises ayant tendance à avoir plus d'activités transfrontalières. Ces grandes entreprises pourraient également avoir des attentes de croissance prévisionnelle plus faibles qu'au cours de la période post-COVID-19.

Compte tenu du niveau élevé d'incertitude à l'heure actuelle, les investisseurs devront faire preuve de prudence lorsqu'ils fixent le prix des transactions afin d'envisager une gamme de scénarios à la hausse et à la baisse. À la marge, des scénarios qui pouvaient sembler très improbables dans le passé peuvent maintenant être associés à des probabilités importantes. Les données d'entrée du modèle, en particulier les variables affectées par les droits de douane potentiels, doivent être soigneusement examinées. Au second semestre de 2025, si la politique monétaire s'assouplit et que les tensions géopolitiques diminuent, nous pourrions assister à une reprise modérée des prix des transactions.

Stratégies gagnantes pour les investisseurs

Nous observons déjà des tendances importantes se développer sur le marché des fusions-acquisitions cette année, alors que les investisseurs tentent de donner un sens aux incertitudes et de regarder au-delà. Comme toujours, la grande question à laquelle ils sont confrontés est de savoir comment donner la priorité à la croissance dans l'environnement actuel, non seulement face aux hauts et aux bas géopolitiques, mais aussi compte tenu de l'environnement macroéconomique, avec une croissance économique mondiale en ralentissement et une intensification des conflits régionaux. À cette fin, voici une liste non exhaustive de ce que nous pensons être des stratégies gagnantes en ces temps incertains.

Focalisation vers la qualité. Les entreprises de grande qualité continuent de susciter l'intérêt. En effet, dans certains cas, les enchères sont plus compétitives qu'auparavant, avec des prix plus élevés et de meilleures évaluations, voire des offres préemptives. Cet intérêt pour la crème de la crème explique en partie la tendance générale à la hausse des valeurs des fusions-acquisitions, même si les volumes diminuent. Les entreprises recherchées recoupent tous les secteurs et ont un historique de performance constant, une direction solide et un plan de croissance bien soutenu. Leur valorisation boursière est peut-être élevée, mais leurs perspectives la soutiennent. D'autre part, les actifs de moindre qualité continuent d'avoir du mal à susciter l'intérêt, et nous constatons que les processus de vente de ces entreprises sont prolongés et parfois stoppés. 

L'importance de la géographie. Les investisseurs adoptent une vision nuancée de la géographie, plus que jamais auparavant, notamment en évaluant chaque maillon de leurs chaînes d'approvisionnement pour identifier les dépendances et les risques. Ce faisant, ils cherchent à se rendre plus résilients et plus résistants aux droits de douane et au contexte géopolitique plus volatil. Les questions que cela soulève sont compliquées. Parmi celles-ci, à titre d'exemple : vous concentrez-vous sur le reste du monde et cherchez-vous à isoler ou à contourner les États-Unis ? Vous concentrez-vous sur les États-Unis et regardez-vous au-delà de la Chine ?

Restez ancré thématiquement. L'investissement thématique offre aux investisseurs un point d'ancrage stratégique. Plutôt que de réagir à la volatilité à court terme, les conseils d'administration et les comités d'investissement devraient se concentrer sur les tendances structurelles à long terme, telles que les disruptions technologiques, le changement climatique, les changements démographiques, la résilience de la chaîne d'approvisionnement ou autres. L'élaboration d'une analyse de rentabilité claire autour des thèmes sectoriels et sous-sectoriels permet de poser les bases d'une action décisive lorsque des occasions se présentent. Même si le timing du marché est difficile, expliquer pourquoi des actifs, des secteurs ou des thèmes spécifiques seront importants au cours des cinq à dix prochaines années peut aligner les parties prenantes dès le début et garantir une préparation lorsque les valorisations et d'autres conditions convergent. Cette approche prospective met l'accent sur la création de valeur au-delà de la volatilité actuelle des marchés. 

Nos recherches récentes sur la façon dont l'IA, le changement climatique et d'autres mégatendances modifient les gisements de valeur, reconfigurent les secteurs et redéfinissent le programme de la haute direction constituent un cadre utile pour les dirigeants qui réfléchissent à la valeur actuelle et à son évolution au cours de la prochaine décennie, et qui contribuent à façonner une approche d'investissement thématique.

Renforcez la planification des scénarios. Dans l'environnement volatil d'aujourd'hui, la planification de scénarios doit aller au-delà des tests de résistance superficiels. Les investisseurs doivent systématiquement cartographier une série de résultats – macroéconomiques, réglementaires et géopolitiques – pour comprendre comment différentes variables pourraient affecter la performance et la valorisation de la cible. Cela signifie modéliser les meilleurs et les pires scénarios et identifier les principaux leviers qui influeraient sur les résultats, tels que les taux de croissance, les changements dans la chaîne d'approvisionnement, l'exposition aux droits de douane et les fluctuations des taux de change. Les entreprises des secteurs sensibles aux droits de douane, tels que les produits pharmaceutiques et l'automobile, intègrent déjà ces hypothèses dans leurs modèles de coûts afin de prendre des décisions plus rapides et plus sûres. Un cadre de scénario réfléchi aide les investisseurs à se préparer et à aller de l'avant, en déplaçant l'attention de l'incertitude vers les opportunités.

Privilégiez la création de valeur dès le premier jour, avec une marge d'erreur nulle. Dans l'environnement actuel à enjeux élevés, la marge d'erreur a pratiquement disparu. Les investisseurs sont récompensés non seulement pour avoir identifié le potentiel, mais aussi pour l'avoir réalisé grâce à une exécution disciplinée et soucieuse du détail. Cela commence par un plan de création de valeur clair et réalisable élaboré dès le début du processus. Des questions cruciales doivent être abordées dès le départ : D'où viendra l'excellence commerciale ? Quels sont les leviers d'amélioration de la productivité ? Quels sont les défis d'intégration qui pourraient faire dérailler la création de valeur ? Le succès dépend de plus en plus d’une réponse précoce à ces questions et de son exécution avec précision. Qu'il s'agisse d'une augmentation des marges, d'une croissance du chiffre d'affaires ou d'une refonte du portefeuille, les facteurs de valeur doivent être explicites, réalistes et intégrés à la due diligence, aux négociations lors de la transaction et à la planification de l'intégration. En fin de compte, une transaction réussira ou non selon que l’acquéreur est capable de bien comprendre ces détails, et de le faire dans un environnement qui ne tolère plus les faux pas.

Maintenez la discipline d'exécution, mais restez agile. Des évènements inattendus se produisent, et en ce moment, ils se produisent souvent. Dans le contexte actuel, l'incertitude est la norme et non l'exception. Les droits de douane, la réglementation, les chocs géopolitiques et les changements macroéconomiques sont autant de facteurs qui créent des conditions dans lesquelles l'inattendu est désormais attendu. C'est pourquoi la discipline d'exécution est plus importante que jamais. Il s'agit notamment de s'en tenir aux principes d'investissement, d'éviter d'aller trop loin sur les valorisations et de s'assurer que les capacités d'intégration post-transaction sont en place avant la signature. En même temps, la discipline seule ne suffit pas. Les investisseurs doivent également intégrer l'agilité organisationnelle dans le processus de transaction, avant et après la clôture. Cela signifie cultiver un nouvel état d'esprit capable de pivoter rapidement, de remettre en question les hypothèses et de s'adapter lorsque le paysage change. L'agilité ne consiste pas seulement à réagir plus rapidement, mais aussi à être prêt à réagir lorsque les choses ne se passent pas comme prévu.  

Perspectives de fusions-acquisitions pour le second semestre 2025

L'écrivain et journaliste français du 19ème siècle Jean-Baptiste Alphonse Karr est principalement connu aujourd'hui pour sa citation lapidaire « Plus ça change, plus c'est la même chose ». Karr écrivait sur la politique de la Seconde République française, mais il aurait tout aussi bien pu parler du marché des fusions-acquisitions d'aujourd'hui. L'incertitude a été le mot d'ordre au cours des dernières années, d'abord avec l'orientation des taux d'intérêt après la pandémie, puis avec l'inflation, et maintenant avec l'orientation de la croissance économique, de la politique commerciale et de l'instabilité géopolitique. Nous avons simplement échangé une incertitude contre une autre. La clarté serait la bienvenue, mais les investisseurs doivent apprendre à s'en passer. L'allocation du capital, la stratégie et l'exploitation de l'IA dans l'exécution sont essentielles. Des transactions sont conclues sur ce marché, y compris de nombreuses transactions importantes. Et cela va continuer. C'est le moment pour les investisseurs d'être audacieux, de trouver la bonne voie à suivre, puis de s'y tenir, quelles que soient les nouvelles du jour.

Nos commentaires sur les tendances en matière de fusions-acquisitions sont basés sur des données provenant de sources reconnues par l'industrie et sur nos propres recherches indépendantes. Plus précisément, les volumes et les valeurs des transactions référencés dans cette publication sont basés sur les transactions officiellement annoncées, à l'exclusion des transactions annoncées et retirées, telles que fournies par le London Stock Exchange Group (LSEG) au 31 mai 2025 et consultées entre le 1er et le 4 juin 2025. Afin de faciliter des comparaisons significatives avec les semestres précédents, les données sur les volumes et les valeurs des transactions LSEG pour le premier semestre 2025 (désignés dans les graphiques par S1'25e) sont une estimation basée sur les cinq premiers mois de l'année, extrapolée pour représenter une période de six mois et ajustée pour tenir compte d'un décalage de reporting. Ces ajustements assurent l'uniformité de l'analyse et permettent une meilleure analyse des tendances sur les périodes indiquées. S1'25e ne représente pas une prévision de PwC. Ces informations ont été complétées par des informations supplémentaires provenant de S&P Capital IQ et de nos recherches indépendantes. Certains ajustements ont été apportés à l'information source pour s'aligner sur la cartographie sectorielle de PwC. Tous les montants en dollars sont en dollars américains. Les megadeals sont définies comme des transactions d'une valeur supérieure à 5 milliards de dollars.

Brian Levy est le leader mondial du secteur des transactions chez PwC. Il est associé chez PwC US.

L'auteur tient à remercier les collègues suivants d'avoir partagé leurs idées : Tim Bodner, David Brown, Roberta Carter, Steve Cater, Robert Cohen, Madeline Cook, Duncan Cox, Kevin Desai, Aaron Gilcreast, Chloe Ho, Lisa Hooker, Erik Hummitzsch, Barry Jaber, Eric Janson, Hein Marais, Christian K. Moldt, Greg Oberti, Jay Patel, Miriam Pozza, Michelle Ritchie, Haley Robinson, Hervé Roesch, Colin Smith, Bart Spiegel, Lucy Stapleton, Christopher Sur, Chris Temple, David Totaro et Peter Wolterman. Nous remercions tout particulièrement Suzanne Bartolacci, Hannah Elliott, Haley Robinson et Paula Zeballos pour leur contribution tout au long de l'élaboration de la série sur les tendances mondiales de l'industrie des fusions-acquisitions.

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Céline Appel

Céline Appel

Associée responsable des activités de transactions et restructuration, PwC France et Maghreb

Martin Naquet-Radiguet

Martin Naquet-Radiguet

Associé Deals Clients & Markets, PwC France et Maghreb

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