2024 Mid-Year Outlook

Global M&A Industry Trends

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  • Etude
  • 12 juil. 2024

Une reprise du marché du M&A simple à prédire, mais compliquée à prévoir

Aux grands espoirs d'une reprise de l'activité M&A du mois de janvier, a succédé un épais brouillard rempli d'incertitudes. Celui-ci a assombri les perspectives du marché du M&A et provoqué une forte baisse des transactions au cours du premier semestre 2024. Quelle est l’origine de ce brouillard et, plus important encore pour les acteurs du M&A, à quelle vitesse pourrait-il se dissiper ? Nous avons identifié certains facteurs macroéconomiques, y compris quelques anomalies de marché surprenantes, qui, selon nous, sont les clés d’un retour de la confiance des acteurs du M&A et pourraient permettre un retour à un niveau plus normal de l'activité M&A.

S'il y a bien une certitude qui se dégage, c'est que l'activité M&A rebondira, même si le rebond sera probablement plus rapide dans certains secteurs que dans d'autres. Nous devons nous préparer au rebond même si le calendrier demeure incertain parce que le besoin de réaliser des transactions est plus fort que jamais. Comme nous l'avons souligné dans nos perspectives de fusions-acquisitions en début d’année, chaque mois qui passe avec un flux restreint de transactions crée une pression supplémentaire sur les fondamentaux stratégiques et économiques qui sous-tendent les transactions. Les niveaux bas d’opérations M&A au cours des deux dernières années et demie n’ont pas répondu à la demande des acheteurs, en particulier dans l'univers du Private Equity (PE). De plus, les Corporates se tournent vers le M&A pour accélérer leur croissance et réinventer leurs activités dans un contexte de changement dynamique : l'IA bouleverse les modèles économiques, et il semble que tout le monde y investisse. Le désir des PDG d'accélérer la croissance de leurs entreprises dans une économie atone crée également des opportunités de fusions-acquisitions. Au sein de différents secteurs d’activité, des facteurs spécifiques favorisent dans de nombreux cas l'adoption d'une approche "acheter plutôt que construire".

Aucun des impératifs ci-dessus ne disparaîtra de sitôt. De fait, il ne s'agit pas de savoir si le niveau des fusions-acquisitions augmentera de nouveau, mais quand. En coulisses, nous constatons une augmentation de l'activité chez les vendeurs, avec des préparatifs de vente qui s'intensifient, des business plans ambitieux en cours d'élaboration et de nombreuses missions de Vendor Due Diligence déjà en cours. Bien qu'un peu anecdotique et trop récente pour se refléter dans les volumes de transactions, cette activité est également de bon augure pour les acheteurs, car davantage d'actifs de qualité devraient arriver sur le marché au cours des six prochains mois.

"La combinaison redoutable de taux d'intérêt élevés, des valorisations actuelles et des incertitudes politiques a été un obstacle à de nombreuses transactions. Néanmoins, le besoin stratégique de fusions-acquisitions continue de se renforcer, créant ainsi une demande refoulée qui devra être assouvie dès que tout ou une partie de ces incertitudes seront levées."

Benjamin Ribault,Deals Clients & Market leader, Associé, PwC France et Maghreb

Les facteurs incontournables du marché du M&A

Les sociétés en portefeuille sont prêtes à être vendues. En début d'année, selon PitchBook, les fonds de PE détenaient plus de 27 000 sociétés en portefeuille dans le monde, dont la moitié environ était détenue depuis plus de quatre ans (ce qui correspond à la durée de détention attendue avant une sortie). A mi-chemin de l’année 2024, la majorité de ces investissements ont vieilli de six mois supplémentaires. De nombreux fonds d'investissement qui lèvent actuellement de nouveaux fonds sont interrogés par les investisseurs sur la rentabilité limitée de leurs investissements, ce qui augmente davantage la pression pour vendre. Les fonds qui ne parviennent pas à effectuer de distributions à partir de fonds existants peuvent avoir plus de difficulté à lever de nouveaux capitaux.

Les corporates se concentrent sur le M&A pour accélérer leur croissance et réaliser leur transformation. Les corporates évoluent dans un environnement plein de défis, plus complexe et davantage incertain, avec des facteurs macroéconomiques, des problèmes géopolitiques et des perturbations technologiques (désormais accentuées par l'IA) qui obligent les entreprises à innover et à réinventer leurs activités. Les entreprises dotées de stratégies de fusions-acquisitions bien pensées pour optimiser leurs portefeuilles d’actifs en acquérant des capacités, des talents et des technologies appropriés ou en cédant des actifs non stratégiques seront les mieux placées pour réussir.

L'IA pourrait être un catalyseur de transactions qui pourront prendre de nombreuses formes. L'IA, en particulier l'IA générative, a la capacité de perturber toutes les entreprises (du grand groupe international à la start-up), ainsi que des secteurs et même des industries tout entières. Bien que l'IA générative n'en soit qu'à ses débuts, son impact sur les entreprises et la société commence déjà à être significatif. L'IA a la capacité de créer une économie de coûts considérable, de permettre de nouvelles sources de revenus, d'ouvrir de nouveaux canaux aux clients, d'améliorer la proposition de valeur d'une part et de la banaliser d'autre part. La vague de l'IA arrive, et nous pensons que son déferlement obligera les entreprises à réévaluer leurs stratégies, leurs modèles économiques, leurs marchés et leurs concurrents. Les transactions qui découleront de cette vague pourront prendront la forme de fusions-acquisitions traditionnelles mais également de partenariats, d’alliances et d’autres natures de relations innovantes que nous n'avons jamais vues auparavant.

La croissance externe est nécessaire pour surmonter une croissance organique anémique. Les facteurs macroéconomiques et les politiques monétaires dans de nombreux pays ont créé un environnement à faible croissance économique dans lequel il sera beaucoup plus difficile de réaliser une croissance organique du chiffre d'affaires. Par conséquent, les entreprises pourront avoir besoin de se tourner vers le M&A et mettre en place des stratégies de croissance externe pour stimuler leurs revenus.

De nombreux facteurs (mais propres à certains secteurs) sous-tendent une stratégie de croissance externe et suggèrent donc une augmentation probable de l'activité de fusions-acquisitions. Nous en soulignons quelques-uns ci-dessous:

  • Des sociétés pharmaceutiques acquièrent des sociétés de biotechnologie pour atténuer l'effet de l’expiration prochaine de certains de leurs brevets
  • Des entreprises automobiles acquièrent des actifs connectés, automatisés, partagés et électriques ou investissent dans des sociétés minières pour sécuriser l'accès aux minerais indispensables pour la production de batteries tout en poursuivant leur transition vers l'électrification
  • Les entreprises technologiques investissent dans l'IA, la cybersécurité et le cloud en réponse à la digitalisation et aux défis technologiques
  • Les entreprises du secteur de l'énergie se consolident verticalement pour réaliser des économies d'échelle et avoir accès à de nouvelles réserves de pétrole et de gaz.

Finalement, comment se porte le marché des fusions-acquisitions ?

En janvier, alors que les taux d'intérêt semblaient avoir atteint leur sommet et qu'on s'attendait à ce qu'ils baissent, les acteurs du M&A étaient prêts pour une reprise qui mettrait enfin fin à l'une des pires tendances baissières depuis une décennie. Au lieu de cela, les banques centrales ont maintenu des taux élevés plus longtemps que prévu, et bien que certains méga-deals prometteurs aient été annoncés au cours des premières semaines de l'année, l'élan s'est arrêté. Au cours du premier semestre, le volume de transactions était en baisse de -14 % par rapport au second semestre 2023, et de nombreux acteurs se demandaient si la situation pouvait encore s’empirer. Pour autant, la valeur des transactions s'est maintenue, autour de -1 % au premier semestre 2024, principalement en raison de l'activité des méga-deals dans les secteurs de la technologie et de l'énergie.

 

Volumes et valeurs des transactions, 2019-S1'24

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Bar chart showing M&A volumes and values. Deal volumes and values declined in 2023, with less megadeal activity but mid-market dealmaking continued.

Sources : Analyse LSEG et PwC

Global: au cours du premier semestre 2024, alors que la valeur des transactions de fusions-acquisitions a diminué de –1 % par rapport au deuxième semestre 2023, le volume global des transactions a chuté de -14 %, poursuivant une tendance à la baisse amorcée dès 2022. Au premier semestre 2024, le volume des transactions était légèrement supérieur à 23 000 et la valeur des transactions a atteint 1 312 milliards de dollars US. Ceci est loin des niveaux records d'activité du second semestre 2021, qui avait vu près de 34 000 transactions et des valeurs de transactions de 2 700 milliards de dollars US

Il convient également de souligner que ce ralentissement est davantage visible auprès des fonds de Private Equity que des Corporates. L'activité de fusions-acquisitions impliquant un sponsor financier a diminué de 18 % au premier semestre 2024 versus le second semestre 2023. Pour les Corporates, la baisse a été de 12 %. Bien que cette baisse soit importante, cela signifie que la part des Corporates est passée de 60 % au cours des deux dernières années à 63 % aujourd’hui. Cela peut être attribué en partie à un avantage concurrentiel des Corporates lié à leur moindre dépendance aux conditions de financement.

Le Private Equity a mieux résisté en termes de valeur de transactions, principalement du fait de certaines transactions très importantes au cours du premier semestre de l'année. Alors que les plus grandes transactions Corporate cette année ont facilement dépassé celles du Private Equity, les transactions dans lesquelles les fonds de PE ont été impliquées suggèrent que l'appétit de ceux-ci pour des transactions plus importantes est de retour. Parmi les plus grandes acquisitions réalisées par des fonds de PE annoncées depuis le début de l’année, citons l'acquisition par un groupe d'investisseurs mené par les fonds Stone Point Capital et Clayton, Dubilier & Rice de la participation restante dans Truist Insurance Holdings pour 12,6 milliards de dollars US, le projet d'acquisition de Global Infrastructure Partners par BlackRock pour 12,5 milliards de dollars US et le projet d'acquisition de Squarespace, Inc. par Permira pour 6,9 milliards de dollars US.

Des tendances s'inversent dans certains secteurs

En règle générale, certains secteurs d’activité arrivent à tirer leur épingle du jeu lors d’un ralentissement de l’activité M&A. Cependant, le marché actuel n'a épargné aucun secteur d’une baisse de l'activité M&A. Même les secteurs favorablement alimentés par les mégas tendances mondiales, comme la technologie et l'énergie, ont été impactés négativement par la tendance baissière des volumes à l'instar de tous les autres secteurs. La valeur des transactions s'est légèrement améliorée, augmentant dans quatre secteurs (technologie, services financiers, pétrole et gaz et hôtellerie et loisirs). Cela est dû en grande partie aux grandes transactions récentes, notamment la fusion proposée de Capital One avec Discover Financial Services pour 35,3 milliards de dollars US, l'acquisition proposée par Synopsys de la société de logiciels Ansys pour 32,5 milliards de dollars US et l'acquisition proposée par Diamondback de la société pétrolière et gazière Endeavor Energy Resources pour 25,8 milliards de dollars US.


Évolution des volumes et de la valeur des transactions mondiales par secteur, 2022-S1'24

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Bubble chart showing the year-over-year change in deal volumes and values. In 2023 several sectors started to show signs of growth in deal volumes and values but this trend inverted in the first half of 2024.

Sources : Analyse LSEG et PwC

Reprise des fusions-acquisitions : les obstacles à lever

Plusieurs facteurs ont contribué au ralentissement du marché des fusions-acquisitions au cours des deux dernières années. L’examen des périodes d'incertitude antérieures peut souvent fournir des indices sur l’évolution de la situation. Mais au cas présent, certaines anomalies frappantes semblent avoir remis en cause les règles historiques. Comprendre les différentes forces en jeu peut aider les acteurs à mieux évaluer les risques, à élaborer des scénarios et à développer des stratégies, ce qui leur donnera plus de confiance pour agir au moment opportun.

  • Taux d'intérêt : des taux plus élevés plus longtemps impliqueront-ils des fusions-acquisitions moins nombreuses plus longtemps ?
    Sur le marché obligataire, la courbe de taux des bons du Trésor américain est inversée depuis près de deux ans, ce qui signifie que les obligations à court terme rapportent plus que les obligations à long terme. Historiquement, une courbe de rendement inversée était considérée comme un signe annonciateur d'une récession imminente, mais celle-ci ne s'est pas encore produite. Les grandes économies comme les États-Unis parviennent à rester sur la bonne voie, en partie grâce aux mesures de relance continues du gouvernement et à un marché du travail robuste. Les récentes baisses de taux d'intérêt annoncées par la Suisse, la Suède, le Canada et la Banque centrale européenne pourraient indiquer que d'autres baisses de taux sont à venir. Ces baisses de taux d'intérêt espérées seront bien accueillies par les acteurs du M&A qui cherchent à financer des acquisitions par emprunt. Les taux d'intérêt plus élevés d'aujourd'hui compriment les rendements, mettant davantage l'accent sur la création de valeur d'une transaction potentielle.
  • Valorisations : les niveaux élevés actuels sont des obstacles aux rendements.
    Le décalage d’attente de prix entre les acheteurs et les vendeurs reste important dans de nombreux secteurs, en partie parce que les actifs qui ont fait l'objet de transactions au cours de l'année dernière étaient généralement les plus solides et se sont négociés à de bons multiples. Cela a donné à certains vendeurs de faux espoirs quant aux multiples qu'ils peuvent s'attendre à obtenir sur des actifs ordinaires. Les fonds de Private Equity, notamment, pour leurs parts, craignent que qu’en cas de mise en vente de certaines de leurs sociétés en portefeuille, les valeurs obtenues se révèlent inférieures aux attentes des Limited Partners. Le marché boursier toujours dynamique est également un facteur à prendre en compte, avec des valorisations gonflées (en partie par la promesse de l'IA générative), malgré la baisse plus lente que prévu des taux d'intérêt. C'est comme si les marchés financiers avaient intégré les baisses de taux des banques centrales bien avant qu'elles ne se produisent. L'incertitude peut être bénéfique pour l'activité de fusions-acquisitions si les marchés en crise permettent aux acteurs de prendre des risques. Mais dans ce cas, la combinaison de l'incertitude et des valorisations élevées est un obstacle.
  • Élections : l'incertitude politique retarde les décisions importantes des entreprises, mais les élections auront lieu d'ici la fin de l'année.
    Cette année a déjà été marquée par une forte activité électorale, et d'autres élections au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans d'autres pays sont prévues pour le second semestre. C'est également à ce moment-là que les résultats des élections de juin/juillet en France, en Inde et au Parlement européen seront digérés. Les acteurs du M&A et les marchés ont tendance à se méfier des élections en raison de l'incertitude qu'elles créent quant à l'orientation politique à venir. Les banques centrales, quant à elles, ont tendance à hésiter à modifier les taux d'intérêt si le moment choisi peut être interprété (à tort ou à raison) comme étant motivé par des considérations politiques. Aux États-Unis, cela signifie que la Réserve fédérale pourrait attendre la fin de l'année ou le début de 2025 avant de finalement acter la baisse de taux tant espérée par le marché.
  • Géopolitique : les tensions mondiales se sont accrues et contribuent au brouillard.
    Il ne semble pas y avoir de solutions faciles ou rapides à la guerre en Ukraine ou au conflit au Moyen-Orient. Et, le risque d'escalade ne peut être ignoré. La relation entre les États-Unis et la Chine continue également de peser sur les marchés, surtout en cette année électorale américaine. Tous ces éléments contribuent à un climat géopolitique incertain.

La résolution de chaque incertitude, individuellement ou collectivement, pourrait entraîner un changement majeur sur le marché. Un affaiblissement de l'économie, surtout s'il bascule dans la récession, pourrait entraîner des baisses de taux, mais cela pourrait rendre la croissance difficile, ce qui constituerait une autre incertitude à laquelle les acteurs du M&A devraient faire face. Les récentes baisses de taux de la Banque centrale européenne, ainsi que celles de certains autres pays, peuvent apporter une lueur d'espoir quant à l'évolution des taux d'intérêt. Une correction des marchés financiers pourrait combler les écarts de valorisation, bien que depuis le début de l’année, les marchés boursiers aient poursuivi leurs tendances haussières et que beaucoup d'entre eux aient atteint des niveaux records. Nous nous attendons à ce que d'ici la fin de l'année, les données économiques déterminent l'orientation des taux et, sauf surprise, les résultats des élections soient largement confirmés. Plus vite les défis actuels seront résolus, sans que de nouveaux défis ne viennent les remplacer, plus les conditions de marché seront favorables aux fusions-acquisitions.

Les signaux qui peuvent aider les acteurs à aller de l’avant

Bien que les facteurs énumérés ci-dessus contribuent à l'hésitation du marché du M&A, nous observons également des marqueurs importants qui peuvent aider à sortir les acteurs du brouillard. Nous en énumérons ici les principaux.

L'énorme pression exercée sur les fonds de PE par les investisseurs pour qu'ils restituent du capital, déjà mentionnée ci-dessus, est un facteur majeur. Alors que les introductions en bourse ont été rarissimes au cours des deux dernières années, nous avons assisté à un retour timide des introductions en bourse dans certains secteurs, notamment la technologie. Si cette trajectoire se poursuit, les grandes sociétés en portefeuille pourraient à nouveau considérer une introduction en bourse comme stratégie de sortie viable. A court terme, nous nous attendons néanmoins à ce que de nombreuses entreprises se laissent le choix, avec une approche dual-track pour leurs sorties. Et malgré l'optimisme quant à la reprise des introductions en bourse demeure et alors que le nombre de sociétés qui attendent d'être cotées en bourse a augmenté, la fenêtre pour les introductions en bourse en 2024 est étroite en raison des prochaines élections. De plus, les investisseurs envisagent l’introduction en bourse de manière prudente suite aux résultats récents décevants après introduction en bourse.

Le financement des fusions-acquisitions est plus facilement disponible aujourd'hui qu'il ne l'était au cours des deux dernières années. Le marché des titres d'emprunt de qualité, le marché des obligations à haut rendement et le marché des prêts à effet de levier ont tous affiché une activité d'émission plus forte au premier semestre 2024 qu'au premier semestre 2023. Les marchés américains et européens des obligations à haut rendement et des prêts à effet de levier sont en passe de presque doubler les montants de 2023 : les émissions de dette sur les marchés obligataires à haut rendement américains et européens ont atteint 201 milliards de dollars US au premier semestre 2024 contre 223 milliards de dollars US pour l'ensemble de l'année 2023, et les émissions sur les marchés américain et européen des prêts à effet de levier ont totalisé 359 milliards de dollars US contre 379 milliards de dollars US pour la même période.

Au premier trimestre 2024, le Private Capital représentait environ 24,1 % des transactions, contre 20,6 % en 2022, selon les données de Preqin. Les actifs sous gestion du Private Capital dans le monde ont augmenté d'environ 8 % par an au cours des cinq dernières années pour atteindre environ 13 300 milliards de dollars US au total en 2023. Les plus grandes entreprises ont enregistré une croissance à deux chiffres au cours des cinq dernières années, malgré les turbulences considérables du marché qui ont suivi la pandémie et la hausse des taux d'intérêt. Et certains de ces mastodontes créent des plateformes de Private Capital qui permettent aux gestionnaires d'investissements alternatifs de devenir plus actifs. Les fonds souverains et les family offices sont également des canaux de financement pour l’investissement en Private Capital. Associé au retour du crédit syndiqué, cela signifie que les capitaux pour financer les opérations sont abondants, même si cela a un coût.

La transition énergétique devrait créer d'importantes opportunités de fusions-acquisitions, car les investisseurs parient sur le rôle qu'elle jouera pour aider la société à atteindre ses objectifs de neutralité carbone. Les entreprises devront adopter une approche innovante pour reconfigurer leurs business models afin de réaliser cette transformation majeure, et les fusions-acquisitions y joueront un rôle important. En outre, les investissements devront provenir de sources multiples, y compris les secteurs public et privé, pour financer l'énorme coût à moyen terme. Les mesures gouvernementales telles que les changements de politique visant à accroître les investissements ou la participation à des projets spécifiques créeront d'importants réservoirs de capitaux garantis par le gouvernement (à condition que l’augmentation de la dette publique et la hausse des taux d’intérêt n’entravent pas ces investissements) et le potentiel de rendement attirera les investisseurs dans ces domaines. Quoi qu'il en soit, l'ampleur des investissements nécessaires fait de l’investissement privé un élément clé de la solution, et de nouveaux fonds émergent déjà avec un accent particulier sur l'investissement dans la transition énergétique. Cela devrait conduire à des fusions-acquisitions et à d'autres transactions, y compris des joint-ventures et des partenariats, pour permettre aux entreprises de consolider leurs chaînes d'approvisionnement et de garantir l'accès à leurs besoins énergétiques en se transformant, voire en se réinventant.

Pour accélérer leur transformation, les entreprises évaluent leurs portefeuilles d’actifs afin d'identifier leurs lacunes en matière de capacités, de talents et de technologies, ainsi que les actifs non stratégiques à céder. Le projet d'acquisition d'Ansys par Synopsys est un exemple de la volonté de combiner les capacités de chaque entreprise (les solutions d'automatisation de la conception électronique de semi-conducteurs de Synopsys et les capacités de simulation et d'analyse d'Ansys) pour accélérer la mise en place de sa stratégie et la croissance dans des secteurs porteurs proches. L'acquisition par Home Depot de SRS Distribution, une société de distribution spécialisée dans le commerce résidentiel, vise à accélérer sa croissance auprès des clients professionnels et à augmenter le marché total des professionnels adressables. La décision récemment annoncée par Unilever de séparer son activité de crème glacée de ses autres marques et la proposition de Sanofi de se séparer de son activité de santé grand public sont deux exemples récents d'examens de portefeuille conduisant à d'importants carve-outs : une tendance qui, selon nous, devrait se poursuivre dans d'autres grandes entreprises.

La hausse des taux d'intérêt et les conditions de marché difficiles ont exercé une pression supplémentaire sur de nombreuses entreprises, entraînant une augmentation de l'activité de restructuration. L'automobile, le commerce de détail et certaines classes d'actifs immobiliers connaissent des niveaux de difficulté plus élevés, de sorte que nous nous attendons à une nouvelle augmentation des opérations de distressed M&A dans ces secteurs au cours du second semestre 2024. Ces opérations offriront de nouvelles opportunités aux entreprises acquéreuses qui cherchent à combler leurs lacunes en matière de compétences et d’empreintes géographiques.

Trente-cinq méga-deals ont été annoncés au cours des cinq premiers mois de 2024, soit une augmentation de 16 % par rapport à la même période il y a un an. Un pays (les États-Unis) et deux secteurs (la technologie et l'énergie) ont concentré l'essentiel des méga-deals, souvent pour des raisons spécifiques. Dans le secteur de l'énergie, par exemple, la transition mondiale vers les sources d'énergie renouvelables accélère la consolidation du secteur pétrolier et gazier. Dans le secteur des technologies, la promesse de l'IA et les progrès technologiques maintiennent le secteur actif. Si les méga-deals commencent à se propager au-delà de ces deux secteurs, cela indiquera qu'une reprise plus large du marché est en train de commencer.

A date, ce sont les Corporates, et non le Private Equity, qui semblent avoir pris le dessus. L'agilité des Corporates riches en liquidités est aujourd'hui un avantage concurrentiel évident par rapport à un modèle de Private Equity qui nécessite un effet de levier important et coûteux. La part des Corporates dans l’activité des transactions a augmenté. Mais elles doivent agir rapidement si elles veulent tirer parti de la situation actuelle. Les Corporates qui adoptent une approche attentiste risque de se retrouver sur la touche, car le Private Equity va innover et utiliser des structures créatives pour combler une partie de leur désavantage. Ce n'est qu'une question de temps avant que le moteur du PE ne se remette en marche

Actions clés pour les acteurs : être prêts !

Compte tenu du calendrier incertain de la reprise des fusions-acquisitions et des défis actuels pour réaliser des opérations de M&A, il est plus important que jamais d'avoir une feuille de route stratégique claire avant de réaliser une opération de croissance externe. Être préparé est le message dominant. Mais que cela signifie-t-il en pratique ?

Pour les acheteurs, cela signifie :

  • S’assurer que la stratégie M&A est alignée avec la stratégie générale de l'entreprise, y compris la transformation et la réinvention du business model
  • Évaluer l'impact de l'IA sur les business models, pour l'acquéreur et la cible
  • Effectuer une analyse de données et des Due Diligence plus approfondies pour accroître la confiance dans l'analyse de rentabilité
  • Mettre en place un plan pour identifier et retenir les talents clés
  • Affiner une approche en lien avec le développement durable afin de préserver et créer de la valeur
  • Développer une equity story convaincante avec un plan de création de valeur solide
  • Obtenir l'adhésion rapide des comités d'investissement et des conseils d'administration

Pour les vendeurs, cela signifie :

  • Effectuer des revues stratégiques régulièrement, envisager la cession des parties non performantes ou non stratégiques de l'entreprise
  • Effectuer une préparation approfondie avant la vente, y compris une Due Diligence commerciale complète et une planification de scénarios
  • S’assurer que les documents transmis aux potentiels acheteurs sont supportés par des données fiables, y compris les informations financières historiques et projetées

Les acheteurs comme les vendeurs devront être ouverts à des structurations alternatives, notamment des partenariats, des alliances, le maintien au capital du vendeur, des compléments de prix et d'autres formes de structuration du capital.

"Une préparation solide et le rétablissement de la confiance seront essentiels pour la reprise de l'activité de fusions-acquisitions. Nous voyons déjà des signes indiquant que la préparation des transactions s'accélère, et une fois que la confiance suivra, nous nous attendons à ce que le marché et les acteurs agissent rapidement, pour autant que le contexte politique le permette."

Stéphane Salustro,Deals Leader, Associé, PwC France et Maghreb

Enfin, la dynamique peut être une prophétie auto-réalisatrice. Même dans le climat d'incertitude actuel, avec des taux d'intérêt toujours élevés et des valorisations supérieures aux attentes, la levée d'une ou plusieurs des incertitudes évoquées ici pourrait suffire à redonner le souffle nécessaire et la confiance au marché. Quoi qu’il en soit, pour le secteur du Private Equity, les transactions sont vitales, et nous sommes convaincus que les fonds de Private Equity sauront relever les défis en temps voulu. Pour les Corporates, le besoin stratégique de fusions-acquisitions est impératif, compte-tenu du rythme des changements et des défis technologiques.

Finalement, une seule idée à retenir : “show must go on”.

Nous avons basé nos commentaires sur des données fournies par des sources reconnues par le secteur et par nos recherches indépendantes. Plus précisément, les valeurs et les volumes référencés dans cette publication sont basés sur les transactions officiellement annoncées, à l'exclusion des transactions rumeurs et retirées, telles que fournies par le London Stock Exchange Group (LSEG) au 30 juin 2024 et consultées le 3 juillet 2024. Les données sur le nombre de sociétés de portefeuille de capital-investissement au 31 décembre 2023 proviennent de PitchBook. Les données relatives aux émissions de dette sur les marchés des obligations à haut rendement et des prêts à effet de levier aux Etats-Unis et en Europe datent du 11 juin 2024 et sont basées sur des informations fournies par Preqin. Les données relatives aux actifs mondiaux sous gestion au 31 mars 2024 sont également basées sur des informations fournies par Preqin. Certains ajustements ont été apportés aux informations sources pour les aligner sur la cartographie sectorielle de PwC. Tous les montants sont exprimés en dollars américains. 

Brian Levy est le leader mondial Deals chez PwC. Il est associé chez PwC US. Suzanne Bartolacci est directrice chez PwC US. 
Les auteurs souhaitent remercier les collègues suivants pour leurs contributions : Nicola Anzivino, Tim Bodner, David Brown, Roberta Carter, Sally Dixon, Hannah Elliott, Aaron Gilcreast, Michelle Grant, Lisa Hooker, Erik Hummitzsch, Barry Jaber, Eric Janson, Malcolm. Lloyd, Hamish Mackenzie, Hein Marais, Christian K. Moldt, Miriam Pozza, Alastair Rimmer, Michelle Ritchie, Hervé Roesch, Bart Spiegel, Christopher Sur et Peter Wolterman.

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Le M&A comme accélérateur de la transformation des entreprises - Ecoutez le podcast

Le saviez-vous ? 60% des dirigeants français estiment que leur modèle économique actuel ne sera plus viable d’ici 10 ans. La transformation des entreprises est vitale, le M&A doit être au cœur de celle-ci, et les dirigeants français l’ont bien compris.  

Plus de 50% d'entre eux envisagent une opération M&A dans les 3 prochaines années, selon la 27e édition de la CEO Survey menée par PwC.  

Dans cet épisode animé par Raphaëlle Duchemin, partez à la découverte du M&A comme accélérateur de la transformation des business models avec Stéphane Salustro, Associé responsable des activités Deals de PwC France et Maghreb. Explorez les tendances et les défis du marché actuel, et plongez dans la boîte à outils indispensable des dirigeants pour créer et préserver la valeur. 


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