L’analyse de double matérialité poursuit un double objectif.
Le premier est la construction d’une stratégie de développement durable pour transformer l’entreprise. L’exercice induit un regard global sur l’entreprise et intègre la vision à long terme. Il évalue à la fois les risques, les dépendances et les conséquences de l’entreprise sur son écosystème, mais également sa capacité à créer de la valeur globale.
Le second doit permettre de fournir aux parties prenantes les informations qui les intéressent, au regard de la conformité réglementaire. Il s’agit de montrer l’intérêt de faire, plutôt que l’obligation de dire.
L’exercice de double matérialité nécessite de démarrer par un dialogue en interne et de mobiliser les acteurs clés sur les sujets, notamment en leur posant des questions. Pour cela, il convient d’associer différentes fonctions, et de « desiloter » les fonctions concernées : stratégie, RSE, finance, risques, conformité, vigilance, etc. (si elles existent dans l’entreprise). C’est un projet qui se veut collaboratif, en raison de la variété de sujets abordés.
Il n'existe pas de méthodologie applicable à toutes les entreprises. En effet, il existe autant de méthodologies qu’il existe d’entreprises. Il s’agit donc d’adapter la méthodologie utilisée à sa réalité et son contexte, c’est-à-dire à sa taille, ses activités, sa gouvernance, son implantation géographique, etc. A noter que les directives rédigées par l’Efrag donnent tout de même un cadre général et apportent des éléments de réponse à de nombreuses questions transverses.
Cela signifie d’accepter de démarrer avec certaines limites par rapport à la cible de l’exercice. Au fur et à mesure, il deviendra possible d’aller davantage dans le détail pour renforcer la connaissance et la mesure des enjeux de durabilité. Il s’agira d’ajouter de la granularité dans l’analyse grâce notamment à une transparence qui ne fera que s’accroître avec le temps. Pour autant, il est important, dès la première année, d’appréhender les exigences des normes ESRS, telles que : périmètre, mécanisme d’analyse des enjeux, formalisation des processus, auditabilité, solidité des données, etc. Ainsi, la double matérialité en année 1 ne sera pas définitive et arrêtée. D’autant plus que, par nature, cet exercice est un processus itératif, et les écosystèmes des entreprises sont changeants.
La double matérialité a permis d’initier un dialogue avec notre gouvernance, sur la cohérence de l’analyse vis-à-vis de la stratégie de durabilité. Cela donne une résonance par rapport à ce que l’on a fait, à ce que l’on construit, et par rapport aux trajectoires sur lesquelles on souhaite aller.
Cette étude a été réalisée par PwC France & Maghreb et la Chaire Performance globale multi-capitaux d’Audencia, en collaboration avec l’Institut Français de l’Audit et du Contrôle Internes - IFACI et l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (Orse). Elle présente les constats et bonnes pratiques issues de travaux rassemblant une vingtaine d’entreprises. Les auteurs y partagent de plus une vision prospective, leurs convictions et réflexions pour avancer dans son analyse de double matérialité au sens de la CSRD.