COP29 : le financement au cœur des objectifs climatiques

Photo d'une montagne
  • 16 déc. 2024

Chaque jour dans l’actualité, les effets du changement climatique se font sentir. Et ce n’est qu’un début, l’objectif de contenir le réchauffement en-deçà de +1,5° d'ici 2100 étant désormais hors d'atteinte. Pour préserver la vie des personnes et protéger les moyens de subsistance, il est nécessaire d’accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), comme souligné dans l’étude Net Zero Economy Index 2024 de PwC.

 

Le décor étant posé, que peut-on retenir de la COP29, qui s'est tenue en Azerbaïdjan en novembre 2024 dans un contexte géopolitique difficile ? Olivier Muller, associé Développement durable, PwC France et Maghreb, fait le point sur les avancées obtenues et les implications pour les entreprises.


PwC à la COP29

Mobiliser les financements climatiques, réduire la consommation d'énergie, promouvoir une transition juste, construire la résilience climatique : les COP sont des exercices d’intelligence collective. Présents à Bakou, les associés de PwC responsables des activités liées au climat et au développement durable au niveau mondial ont participé à des échanges sur ces sujets clés. Plus de détails sur PwC at COP29 - Every climate action counts.

Quelles étaient les thématiques prioritaires à l’ordre du jour de la COP29 ?

Cette année, les principaux objectifs de la Conférence des parties (COP) ont surtout porté sur l’opérationnalisation du financement climatique. En soutien aux efforts climatiques des pays, la COP29 a fait progresser la définition du nouvel objectif chiffré collectif (New Collective Quantitative Goal, ou NCQG). Appelé à remplacer l'objectif existant de 100 milliards de dollars par an, difficilement atteint, le NCQG devra être défini d’ici 2025 en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement. Il met l'accent sur des actions d'atténuation significatives et la transparence dans la mise en œuvre.


Le coût du réchauffement climatique revu à la hausse.

Selon une étude menée par deux économistes des universités Harvard et Northwestern, Revising the cost of climate change, le coût du réchauffement climatique doit être réévalué. En prenant en compte son impact mondial, son coût est six fois plus élevé que si l’on ne prend en compte que l’impact national. Si la barre des +1,5° C n’avait pas déjà été franchie, le pouvoir d’achat des personnes dans le monde serait 37% plus élevé qu’il ne l’est. En atteignant +3° (un scénario possible à horizon 2100 si la tendance actuelle se maintient), la perte de revenu atteindrait 50%, partout dans le monde. 

La COP29 a été décrite comme la COP du financement. Sur quoi les discussions ont-elles porté ?

En 2023, les pays du G7 ont réduit leur intensité de carbone de 5,3% et les pays du E7 (Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie) ont augmenté la leur de 0,04 %. Du fait de la disparité des taux de décarbonation entre les pays développés et les pays en développement, un soutien financier plus important est nécessaire pour assurer une transition juste et équitable. Nous avons donc besoin de toute urgence de mettre en place des solutions économiquement viables et qu’un NCQG ambitieux permette aux pays en développement de sortir des énergies fossiles et de développer des énergies renouvelables. 


Que dit l’édition 2024 du Net Zero Economy Index de PwC ? 

En 2023, l'intensité carbone a diminué de seulement 1,02% à l’échelle mondiale. C’est la plus faible baisse depuis 2011. Un taux de décarbonation annuel de 20,4% (contre 17,2% l'année dernière) est désormais nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. La France fait partie des pays qui réduisent leur intensité carbone plus rapidement que la moyenne mondiale : -4,2% en 2022, -7% en 2023. 


Finalement, la COP29 a acté l’élargissement de la base des contributeurs et une plus grande mobilisation des banques de développement. Les États présents se sont engagés à verser 300 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à s’adapter au changement climatique à l’horizon 2035. Loin des 500 à 1 300 milliards de dollars de financement annuel dont, selon les sources, les pays en développement auraient besoin. Mais un pas vers les 1 300 milliards d’argent public et privé que le NCQG appelle à mobiliser en 2035.

Que peuvent retenir les entreprises de ce qui a été acté, ou débattu, à la COP29 ?

Face aux efforts colossaux nécessaires pour limiter les émissions de GES, la transition va devoir s’orchestrer autour de capitaux mixtes, par exemple au sein de partenariats public-privé (PPP). Aux États de favoriser la sobriété énergétique dans les secteurs les plus gourmands (bâtiment, industrie, transports). Aux entreprises de montrer l'exemple en réduisant leur demande énergétique via des processus et des technologies économes, des modèles d'affaires circulaires...

Par ailleurs, des engagements industriels visent à agir sur l’offre. À la COP29, il a été question de multiplier par six la capacité mondiale de stockage par batterie, d’étendre les réseaux électriques, de réduire les émissions de méthane provenant des déchets organiques, de mettre en place des plans d’action pour le tourisme et l’eau... La France mise aussi sur l’alliance sur le nucléaire qu’elle avait coordonnée à la COP28.

Enfin, les entreprises qui le souhaitent vont pouvoir, aux côtés des États, contribuer au financement de la transition via les crédits carbone. Ce mécanisme de flexibilité et de partage des efforts était annoncé dès la COP21 (article 6 de l’accord de Paris), mais il a fallu attendre la COP29 pour trouver un accord sur son fonctionnement. Une fois les règles précisées en 2025, ce mode de financement viendra en complément des NCQG. La vigilance reste cependant de mise sur certains points, tels que la qualité de certains crédits carbone, la standardisation des méthodes d’évaluation ou les calculs de suivi afin d’éviter une double comptabilité carbone.

Lire aussi : 2023, l’année la moins performante de la décennie en matière de réduction de l’intensité carbone mondiale 

Je retiens des ateliers animés par PwC en marge de la COP29 la volonté des entreprises de mieux comprendre comment les réglementations climatiques et de durabilité impactent leurs opérations et quelles opportunités saisir pour réduire les coûts et réinventer les modèles d'affaires. Le volet business de l'action climatique est une question clé.

Cécile Saint-Martin,associée PwC France et Maghreb et Global Sustainability Assurance Leader, PwC

La baisse des émissions grâce aux énergies renouvelables sera-t-elle neutralisée par la hausse de la demande énergétique ?

En effet, les énergies renouvelables sont une source d'électricité en pleine croissance, mais l’augmentation continue de la demande énergétique mondiale pourrait compromettre les gains. Il est difficile de contenir la demande, qui provient par exemple du développement des économies émergentes, des efforts d'adaptation climatique (électrification des transports) et des nouvelles technologies (cloud et IA notamment). 

Mais il est tout à fait possible d’améliorer significativement l'efficacité énergétique pour accélérer la décarbonation. Une étude de PwC pour le Forum économique mondial montre que les technologies actuelles peuvent permettre de réduire l’intensité énergétique mondiale de 31% sans réduire la production. En prenant des mesures à grande échelle d'ici la fin de la décennie, les économies annuelles pourraient atteindre 2 000 milliards de dollars aux prix actuels de l'énergie. Ceci aiderait les États à améliorer leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) en 2025 et au-delà.

Des solutions existent pour réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre. Le défi est de les déployer vite et à grande échelle. Or, aujourd'hui, les solutions climatiques prometteuses ne reçoivent pas les investissements nécessaires pour atteindre leur plein potentiel. Nous pouvons accélérer l'action climatique en travaillant sur les politiques avec les gouvernements et en mettant les investisseurs en relation avec des opportunités combinant rendements financiers et réduction des émissions.

Will Jackson-Moore,Global Sustainability Leader, PwC UK

Comment la COP30 se présente-t-elle ?

De l’avis des pays les plus vulnérables et exposés au réchauffement climatique, la COP29 s’est terminée sur un accord « trop faible, trop tardif et trop ambigu » pour atteindre les objectifs climatiques. Alors que l’année 2024 sera classée comme la plus chaude jamais enregistrée, la capacité même des COP à accélérer la transition est remise en cause. Dans une lettre ouverte, le Club de Rome propose sept mesures pour les réformer. Le désintérêt de la nouvelle administration des États-Unis pour la question climatique fait aussi peser des doutes sur le potentiel transformatif de la COP30, prévue à Belém, au Brésil, en 2025. D’ici là, on attend des pays qu’ils renforcent leurs CDN. Il existe également de nombreuses initiatives que les entreprises peuvent déjà mettre en place pour s’inscrire dans une trajectoire de décarbonation.

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