L’édition 2023 de la Global Private Equity Responsible Investment Survey du cabinet de conseil et d’audit PwC, menée auprès de plus de 150 sociétés de capital-investissement à travers le monde, révèle qu’en 10 ans leurs perspectives ont grandement évolué. Alors qu’auparavant, l’intégration de l’ESG dans le métier d’investisseur était motivée par la gestion des risques, les répondants sont aujourd’hui convaincus que la gestion des critères ESG contribue à la protection ainsi qu’à la création de valeur pour leurs entreprises et actifs en portefeuille.
La dimension ESG a un véritable impact sur la dynamique des transactions. Ainsi, l’opportunité de création de valeur liée aux critères ESG est le moteur principal des activités ESG des fonds d’investissement pour deux tiers des répondants. Un tiers déclare que plus de la moitié de leurs transactions intègre l'ESG comme principal moteur d’investissement.
Deux tiers des investisseurs déclarent que l’un des principaux avantages de l’ESG est d’améliorer la réputation de la marque, proportion qui passe à 73 % l’indiquent pour les entreprises dont les actifs sous gestion sont inférieurs à 200 millions de dollars. En France, cette tendance est encore plus marquée par rapport aux répondants du reste du monde, avec une mise en avant significative des enjeux d’attraction et de fidélisation des clients.
La moyenne de l’étude indique que 78 % des personnes interrogées considèrent que la prise en compte de la performance ESG d’un investissement potentiel est en phase avec la recherche de rendement de leur entreprise ou fonds d’investissement. Néanmoins, des divergences de perception des avantages de l’ESG existent selon le montant des actifs sous gestion. En effet, ce chiffre monte à 90 % pour les répondants disposant de plus de 10,1 milliards de dollars d’actifs sous gestion et descend à 67 % pour ceux disposant de 200 millions de dollars ou moins.
Au niveau mondial, les sociétés de gestion qui évoluent dans le milieu du capital-investissement ont adopté des mesures ciblant les problèmes de gouvernance et ont notamment pris des dispositions pour prévenir la corruption. Cependant, l’attention portée aux questions environnementales a été relativement limitée. Cela met en évidence le potentiel des approches novatrices qui pourraient être adoptées pour atténuer le changement climatique et renforcer les efforts en faveur de la biodiversité.
Ainsi, lors de la prise de décision dans le cadre d’un investissement, de nombreux sujets environnementaux, sociaux et de gouvernance sont identifiés comme importants. C’est notamment le cas des émissions de gaz à effet de serre ainsi que des sujets environnementaux pour 80 % des répondants. Par ailleurs, 56 % considèrent également la biodiversité comme élément notable à analyser.
Pour ce qui est du volet social, 91 % des investisseurs prennent en compte les droits de l’homme ainsi que les relations de travail, 80 % sont attentifs aux talents de l’entreprise et à son attractivité mais seulement 20 % examinent la thématique du "monde du travail de demain" et celle de "l'automatisation" uniquement lorsqu'ils sont sur le point d'investir. Concernant la gouvernance, 90 % des personnes interrogées considèrent l’éthique, les valeurs et la culture d’entreprise comme éléments différenciants, alors que seulement 27 % prennent en compte la transparence fiscale et les reportings.
En France, les préoccupations du capital-investissement s’orientent davantage vers les données, les technologies émergentes et la cybersécurité, dont la prise en compte présente des défis liés entre autres à l’évolution rapide des cybermenaces. Contrairement aux risques traditionnels, ces défis nécessitent une compréhension technologique approfondie et des protocoles de sécurité complexes. Ainsi, les fonds d’investissement pourraient rencontrer des difficultés à appréhender pleinement ces enjeux, risquant de ne pas réagir de façon appropriée sur ces fronts.
En ce qui concerne la biodiversité, à mesure que les réglementations se durcissent, il existe un décalage entre le sentiment des investisseurs et les attentes du marché. L'inquiétude à l'égard de la biodiversité est plus élevée que la moyenne mondiale, avec des pourcentages respectifs de 56 % et 39 %. Cette variation peut être attribuée au cadre réglementaire strict en place, notamment à travers des politiques telles que la Loi Énergie Climat et la réglementation CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).
Concernant la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, la France est en avance sur la tendance mondiale. 75 % des personnes interrogées sur le territoire français ont ainsi déjà mis en œuvre des stratégies à cet égard, contre 69 % pour les répondants monde.
La loi Sapin II, le devoir de vigilance et la réglementation CSRD élargissent les exigences pour le respect des droits de l’homme. Par conséquent, les entreprises sont susceptibles d’être confrontées à des défis complexes en matière de suivi et de quantification de la performance sociale, complexité distincte des évaluations environnementales. Cependant, malgré ce cadre réglementaire solide, la France présente un taux de considération inférieur à la moyenne globale pour les procédures de grief : 58 % des répondants en France prennent en compte les procédures de grief lors d'un investissement contre 74 % au niveau mondial.
Au niveau mondial, la tendance actuelle révélée par l’enquête montre que les considérations ESG sont désormais initiées avant même le début du cycle d'investissement, dès la recherche d’opportunités. En cela, les points d’attention des investisseurs ont changé puisque, dans le passé, les facteurs ESG n’étaient pris en considération que pendant ou après la due diligence.
Aussi, 56 % des personnes interrogées déclarent que leur entreprise a déjà choisi de ne pas aller au bout d’une transaction au moins une fois pour des raisons liées à l’ESG, chiffre en baisse par rapport aux données de 2020.
La diminution du nombre d’investisseurs renonçant à des opportunités d’investissement en raison de considérations ESG peut être attribuée à un changement d’approche. En effet, de plus en plus d'investisseurs prennent en compte les sujets ESG après l'acquisition, c’est-à-dire, pendant la période de détention. Cela leur permet de répondre aux problèmes liés à l’ESG et de les atténuer au besoin, renforçant ainsi la performance des actifs pendant la détention. Cela se traduit intrinsèquement par un taux plus faible d’investisseurs qui rejettent immédiatement les opportunités d’acquisition pour des raisons liées à l’ESG.
L'ESG dans toutes ses composantes est un des principaux leviers de création de valeur pour les investisseurs du Private Equity
En effet, pour les sociétés interrogées dans l’Hexagone, l’investissement responsable prend une place importante dans le private equity. Durant la phase de pré-acquisition, 62 % des répondants indiquent prendre systématiquement en compte les considérations ESG, et 78 % considèrent la performance ESG des investissements potentiels comme étant en phase avec la recherche de rendement au moment de la décision d’investissement. Pendant la période de détention, la totalité des répondants basés en France intègrent les considérations ESG dans le suivi de leurs sociétés de portefeuille. Enfin, l’ESG est intégré dans la préparation de la sortie de l’actif pour 67 % des investisseurs, ce qui représente une nette augmentation par rapport aux 55 % relevés en 2020.
L’enquête menée par PwC explore les points de vue des dirigeants et professionnels seniors de l’investissement et du développement durable au sein des sociétés de capital-investissement. Au total, ce sont 166 répondants issus de 22 pays et territoires dans le monde, dont 27 % sont basés en France, qui ont été interrogés au cours du premier semestre 2023.
Parmi les répondants, 135 sont des sociétés de gestion (GPs), 3 sont des investisseurs institutionnels (LPs), 19 sont des sociétés de gestion et investisseurs institutionnels (GPs et LPs) et 8 ne l’ont pas précisé.
Concernant l’approche d’investissement des personnes interrogées, 26 % ont une approche small cap, 56 % midcap, 7 % large cap et 11 % ne l’ont pas précisé.
Pour ce qui est des actifs sous gestions (AUM) des investisseurs, ils sont 9 % à en avoir 200 millions de dollars ou moins, 30 % dans la fourchette allant de 201 millions à 1 milliard de dollars, 37 % pour la fourchette 1,1 à 10 milliards de dollars ; 13 % des investisseurs ont entre 10,1 et 50 milliards de dollars et 10 % détiennent plus de 50 milliards de dollars américains.
Les sociétés de portefeuille gérées par les fonds d’investissement des personnes interrogées comprennent, pour 15 % d’entre elles, dix entreprises ou moins, 11 à 20 entreprises pour 30 % des portefeuilles, 21 à 50 entreprises pour 28 %, 51 à 100 entreprises pour 7 %, 101 à 150 entreprises pour 5 % et 14 % des sociétés de portefeuilles ont 151 entreprises ou plus.
En France et au Maghreb, PwC développe des missions de conseil, d’audit et d’expertise juridique et fiscale pour les organisations de toutes tailles et de tous secteurs d’activité. Fortes de 6750 collaborateurs*, ses équipes pluridisciplinaires conjuguent leurs savoir-faire au sein d’un réseau international de plus de 364 000 personnes dans 151 pays.
PwC France et Maghreb a pour ambition stratégique de devenir l’acteur de référence de la création de confiance et de la transformation durable des entreprises, en ligne avec la stratégie mondiale du réseau PwC, The New Equation.
Rendez-vous sur www.pwc.fr.
*Au 01/10/2023