L'inflation revient, pour rester ?

Analyse des effets de la hausse du taux d'inflation sur l'économie

Décryptage #1 - Septembre 2022

Changement de paradigme : l’inflation revient

Par Stéphanie Villers, Conseillère économique, PwC France et Maghreb.

L’inflation atteint un niveau record en France. Les coûts de production des entreprises progressent à vive allure, tirés par la flambée du prix des matières premières. Les cours des produits énergétiques s’installent à des niveaux élevés et laissent penser qu’ils y resteront tant que le conflit ukrainien perdurera et que la transition écologique imposera de lourds investissements dans les énergies renouvelables.

Dans ce contexte heurté, la France a réussi à tirer son épingle du jeu. Les mesures mises en place pour préserver le pouvoir d’achat des ménages ainsi que le recours au nucléaire ont permis de limiter la hausse des prix. L’inflation en France est moins élevée par rapport au reste de la zone euro. À moyen terme, cet écart constitue un avantage concurrentiel pour les entreprises françaises exportatrices. Les prix à l’export seront plus attractifs comparés à ceux des partenaires européens. 

En revanche, le coût de ces mesures pèse sur les comptes publics et laisse craindre une dérive budgétaire qui pourrait être sanctionnée par les marchés financiers. La France a fait un pari. Celui de subventionner les ménages et les entreprises (PME) pour contrer la flambée des prix des matières premières et ainsi soutenir la croissance. Ce pari pourrait être gagnant avec une consommation des ménages privilégiée au détriment de l’épargne.

Aurélie Picosson : Bonjour et bienvenue dans Décryptage, le podcast mensuel de PwC, pour décoder notre économie et ses mécanismes. Je suis Aurélie Picosson et tous les mois, j'accueille Stéphanie Villers, notre conseillère économique, pour une discussion autour d'une actualité économique. Bonjour Stéphanie.

Stéphanie Villers : Bonjour Aurélie.

Aurélie Picosson : Ton dernier Décryptage que l'on peut lire en intégralité sur le site de Let's Go France est consacré à l'inflation. Pourquoi, d'un coup, l'inflation est-elle devenue une préoccupation pour les ménages et pour les entreprises ?

Stéphanie Villers : Oui, l'inflation a resurgi après avoir disparu des radars depuis une quinzaine d'années. On voit que le taux d'inflation qui a été publié par l'Insee au mois de septembre a atteint 5,6 %. C'était du jamais vu depuis 35 ans. Comment peut-on expliquer cela ? Le déclencheur de cette hausse des prix, c'était la flambée des prix de l'énergie.

Aurélie Picosson : Pourquoi les prix de l'énergie ont flambé ?

Stéphanie Villers : Il y a eu deux phases inflationnistes. La première phase, c'était la reprise économique après la crise pandémique. D'un coup, l'activité mondiale s'est mise en état de marche et l'offre n'a pas pu suivre. Il y a eu un besoin énorme en matières premières pour faire tourner les usines et comme l'offre n'a pas pu suivre, les prix se sont mis à flamber, les prix de l'énergie en particulier. Puis, il y a eu un deuxième événement qui est venu se rajouter et qui a créé de nouvelles tensions sur l'ensemble des prix des matières et de l'énergétique. C'est la guerre en Ukraine en février 2022. En particulier pour l'Europe, parce que les pays européens ont vu leur trop forte dépendance aux fournisseurs russes. On voyait que l'Allemagne, par exemple, dépendait à 55 % de sa consommation de gaz du fournisseur russe. Ça a créé comme un vent de panique sur les marchés internationaux et ça crée un genre de spéculation sur les prix des matières premières et énergétiques. On a vu cette flambée des prix à la fois du gaz et du pétrole qui pèse sur l'ensemble des pays européens. Les pays européens, aujourd'hui, craignent ce qu'on appelle un risque de stagflation.

Aurélie Picosson : Qu'est-ce que la stagflation ?

Stéphanie Villers : C'est un concept qu'on a éprouvé dans les années 70. C'était à la fois une très forte hausse de l'inflation qui faisait suite aux deux chocs pétroliers. Rappelez-vous, en 1974-1978, il y a eu une flambée des prix du pétrole qui a pesé sur l'inflation. Comme les salaires à l'époque étaient indexées sur l'inflation, on s'est retrouvé avec une inflation galopante, une croissance faible et un taux de chômage qui a augmenté fortement. Les pays de l'Union européenne ont cherché à tout prix à éviter ce scénario catastrophe. Beaucoup ont pris des mesures particulières pour essayer de limiter la casse liée à la flambée des prix de l'énergie.

Aurélie Picosson : La France, que compte-t-elle faire ?

Stéphanie Villers : Elle a réagi très vite, dès le mois d'octobre 2021, au moment où les prix de l'énergie se mettaient à flamber à cause de la reprise économique. Le gouvernement a mis en place le bouclier tarifaire. Ce bouclier limite la hausse du prix de l'électricité à 4 % et a bloqué le prix du gaz. Puis, il y a eu d'autres mesures. En avril, c'était la remise à la pompe et aussi le chèque énergie. Toutes ces mesures ont limité la hausse des prix. L'Insee a fait un calcul intéressant et il montre que sans ces mesures anti-inflation, le taux de hausse des prix ou taux d'inflation aurait dû être de 8,4 % alors qu'en réalité celui qui a été constaté n'a été que de 5,3 %. On voit que le bouclier tarifaire a véritablement eu une efficacité sur la hausse des prix. Puis, on a un deuxième bouclier tarifaire, c'est notre recours au nucléaire. On est moins dépendant que les autres pays du gaz et du pétrole. Nos besoins en énergie sont garantis à 45 % par le gaz et le pétrole alors que, à titre de comparaison, l'Allemagne est dépendante à 60 % des énergies fossiles, l'Espagne à 66 %.

Aurélie Picosson : Est-ce que pour cet hiver, on arrivera à augmenter notre production d'électricité via le nucléaire ?

Stéphanie Villers : On a vu qu'il y avait des réacteurs qui ont été mis en pause pour être à la fois contrôlés et il y a eu des dysfonctionnements. Certains considèrent que ça met à mal notre capacité à produire de l'électricité sur le plus long terme. L'idée de départ, c'était de réparer les centrales qui dysfonctionnaient pendant l'été parce qu'on a moins besoin de production électrique. Les annonces faites par le gouvernement, c'est que lorsque l'hiver arrivera, alors une grande partie des centrales nucléaires seront mises en ordre de marche pour répondre à la demande. Il y en a 36 sur 52 qui ont été mises à l'arrêt cet été. Ça a fait la une de la presse. Pour autant, c'était pour essayer d'éviter le pire au moment où on a véritablement besoin de produire de l'électricité. Ils sont en train de réparer ces structures pour pouvoir parer au pire pour cet hiver.

Aurélie Picosson : On pourra peut-être avoir une bonne surprise pour lutter contre l'inflation avec la reprise de ces centrales.

Stéphanie Villers : C'est toujours la même chose, les prix de l'électricité ne sont pas établis en fonction de la production électrique nucléaire. On est dans un système européen qui peut être un peu défaillant en cette période de flambée des prix de l'énergie, puisque le prix de l'électricité est fixé en fonction du coût de production de l'entreprise la moins productive, donc la moins rentable. Effectivement, lorsqu'on se retrouve avec les centrales à gaz qui utilisent du gaz pour produire de l'électricité, vu le prix du gaz alors ça pèse sur le prix final de l'électricité. Il y a beaucoup de critiques sur notre système des prix de l'énergie gérés par l'Europe. Ce qui est bien, c'est de se dire qu'on a ce mix énergétique en France qui est plus efficace que dans les autres pays. Et la meilleure façon de le voir, c'est à travers l'inflation puisqu'on se retrouve avec une inflation plus faible que les autres pays de la zone euro. Parce qu'à la fois, il y a eu ce bouclier tarifaire, mais les autres pays ont pu mettre en place un bouclier tarifaire. Comme on a eu aussi ce recours à l'énergie nucléaire, la pression a été moins forte sur la France par rapport aux autres pays. On voit bien que l'inflation française est la moins élevée de la zone euro. Les pays baltes sont les plus touchés. Ils ont une inflation à plus de 20 % parce que c'étaient les pays qui étaient les plus dépendants du fournisseur russe. On a cet avantage par rapport aux autres pays, c'est qu'on a réussi à la fois par la mise en place très rapide d'un blocage des prix à travers le bouclier tarifaire et ce recours au nucléaire, de limiter à l'emballement des prix à la consommation.

Aurélie Picosson : Cet avantage pourrait devenir finalement un avantage concurrentiel à terme pour la France vis-à-vis de l'Europe.

Stéphanie Villers : Oui, c'est-à-dire que les prix à l'export vont devenir plus compétitifs parce que le taux d'inflation sera plus faible. Néanmoins, pour que cet avantage réellement se matérialise, il faut que l'écart de taux d'inflation perdure sur le moyen et long terme pour réellement, se dire que les entreprises vont pouvoir en bénéficier. Il y a aussi un deuxième avantage qui vient s'ajouter, mais qui concerne toutes les entreprises européennes, c'est qu'on a vu que l'Euro devenait plus faible. On a atteint la parité avec le Dollar, l'Euro a baissé d'une valeur de 13 % par rapport au Dollar. C'est aussi un avantage compétitif, qui ne touche pas uniquement les entreprises françaises, mais qui touche l'ensemble des entreprises européennes qui exportent en dehors de la zone.

Aurélie Picosson : Oui, mais sauf que si on a un Euro faible face au Dollar et qu'on achète notre énergie en Dollar, ça va finir par être très problématique pour la zone euro.

Stéphanie Villers : Tu as raison. La facture énergétique, à cause de la faiblesse de l'euro, est en train de s'alourdir. Il faut savoir que 80 % de notre facture énergétique est libellé en Dollar. Lorsque l'Euro se déprécie, ça veut dire que le Dollar s'apprécie, donc ça pèse sur les coûts de production des entreprises. Cet aspect est un handicap pour les entreprises françaises et les entreprises européennes.

Aurélie Picosson : Ce qui est en quelque sorte aussi une espèce d'engrenage ?

Stéphanie Villers : C'est une vraie crainte pour les entreprises de voir cette facture s'amplifier avec le risque qui reporte ces hausses sur le prix final des biens en vente ou des services. Le risque, ce serait de nourrir l'inflation. C'est pour ça que des aides ont aussi été accordées à certaines entreprises pour essayer de limiter la casse. Aussi, il faut savoir que certains secteurs sont plus énergivores que d'autres et donc subissent de plein fouet cette hausse des prix des matières énergétiques. C'est le cas par exemple de la sidérurgie, la verrerie, la métallurgie, où ça pose de réels problèmes pour certaines entreprises. Certaines entreprises ont annoncé d'ailleurs qu'elles allaient temporairement fermer leur production parce que les prix de l'énergie pesaient trop sur leurs coûts, puisqu'elles devenaient moins rentables et pas assez rentables au moment de la vente de leurs produits. Ça pose, à terme, un problème sur les prix de l'énergie. La réponse qui est apportée par la France, mais aussi par de nombreux pays européens, c'est de tenter de limiter cette flambée des prix de l'énergie supportés par les entreprises. Il n'y a pas de miracle. Hélas, c'est une réalité et on voit toute la problématique des pays européens qui sont totalement dépendants d'une offre des fournisseurs hors zone euro et avec des risques. On ne l'a pas vu uniquement au moment de la guerre en Ukraine, mais aussi pendant la crise Covid, où la globalisation avait fait qu'on ne produisait pas de masse. Tous ces handicaps nous obligent, à moyen et long terme, à repenser notre business model, la façon dont on produit et la façon dont on consomme. Tout ça, c'est un sujet très vaste et ça va mettre du temps à trouver des solutions adéquates pour aller plus loin. On sait que l'Europe veut se tourner vers les énergies propres et est en train d'y mettre les moyens. Sur le dernier budget 2021-2027, plus le plan de relance européen, c'est 550 milliards qui vont être injectés dans l'économie européenne pour financer la transition écologique. C'est une manne colossale qui n'était jamais arrivée jusqu'à présent. Le développement des énergies nous permettra d'être plus autonomes vis-à-vis de fournisseurs extérieurs, mais cela prendra du temps.

Aurélie Picosson : À plus court terme, est-ce qu'on en a un moyen en France ou plutôt en Europe, de stopper ou de faire décélérer cette inflation qui semble galopante ?

Stéphanie Villers : Globalement, l'inflation doit être maîtrisée et c'est le rôle de la Banque Centrale Européenne. Elle a une seule cible dans son mandat, c'est la maîtrise des prix. Elle a défini cette maîtrise des prix à une inflation à 2 %.

Aurélie Picosson : Pourquoi 2% ?

Stéphanie Villers : C'est un chiffre qui augure d'une bonne situation économique. Une inflation nulle n'est pas un bon indicateur de santé économique. Il faut toujours que la dynamique fasse que la demande soit là, fasse pression sur l'offre et les prix augmentent un peu. Si on dit aux Français qu'on n'augmente plus vos salaires, à priori, ce n'est pas une bonne nouvelle. C'est lorsque les entreprises se portent bien qu'elles sont amenées à renégocier, en particulier à revaloriser les salaires. C'est donc un signe de dynamique économique. C'est pour ça qu'on considère qu'une inflation aux alentours de 2 % est un bon indicateur de santé économique. Si on peut revoir ce chiffre, certains considèrent, par exemple, qu'il est trop faible, qu'il faudrait qu'on accepte une inflation à 3 % plutôt qu'à deux. La BCE nous dit, "l'inflation en zone euro est bien trop élevée, il faut que j'agisse". L'inflation au sein de la zone euro a atteint 9,1 % au mois d'août, même au-delà du taux français. Elle a alors décidé au mois de juillet d'agir.

Aurélie Picosson : Comment agit-elle ?

Stéphanie Villers : Son arme, c'est la hausse des taux d'intérêt. Elle a décidé d'augmenter de 75 points de base, pour la première fois depuis 11 ans, ses taux d'intérêt directs.

Aurélie Picosson : En quoi les taux directeurs nous concernent-ils ?

Stéphanie Villers : Ça ne nous concerne pas directement, ni les ménages ni les entreprises. Les taux directeurs des banques centrales représentent le taux de référence. C'est le coût de l'argent. Les banques sont obligées d'aller se financer auprès de la Banque Centrale Européenne, pour le cas de l'Union européenne ou de la zone euro, parce que c'est elle qui émet la monnaie. Si la BCE décide d'augmenter son taux pour prêter aux banques, ça va revenir plus cher pour les banques qui vont donc répercuter cette hausse du coût de l'argent sur leurs clients. C'est-à-dire que lorsque les banques vont prêter aux ménages pour un prêt immobilier, les taux d'intérêt vont être plus élevés. D'ailleurs, c'est ce qu'on est en train de constater, on voit que les taux immobiliers sont en train de croître et cette croissance va se poursuivre. Même chose pour les entreprises, lorsqu'elles veulent financer leur projet d'investissement et qu'elles vont se retourner vers leurs banques. Les banques vont leur proposer des taux plus élevés et ça a tendance à ralentir l'économie et par la même occasion ralentir l'inflation.

Stéphanie Villers : La BCE a vraiment un travail d'équilibriste et trouve un juste dosage, c'est-à-dire qu'elle doit assez augmenter les taux pour limiter l'inflation, mais pas trop pour déclencher une récession. Elle y va par étapes, on voit qu'elle y va à tâtons. Elle a commencé à augmenter une première fois au mois de juillet, une deuxième fois au mois de septembre. Vraisemblablement, fin octobre, elle va de nouveau augmenter ses taux d'intérêt. Elle a été très prudente, elle aurait pu commencer à augmenter ses taux d'intérêts bien avant. C'est ce qu'a fait par exemple la Banque Centrale Américaine ou FED qui a augmenté ses taux directeurs au mois de mars. Les États-Unis et l'Europe ne sont pas réellement dans la même situation au niveau de l'inflation, parce qu'aux États-Unis, cette inflation a été générée par une surchauffe de l'économie liée au plan de relance massif à la fois qui ont été enclenchés par Trump et ensuite par Biden. Ça a fait une espèce d'appel d'air et l'économie s'est emballée. Pour essayer de limiter et freiner l'économie, la Banque Centrale Américaine a tout de suite augmenté dès mars ses taux d'intérêt. La BCE, c'est un peu différent parce qu'elle fait face à ce qu'on appelle une inflation importée.

Aurélie Picosson : Qu'est-ce qu'une inflation importée ?

Stéphanie Villers : Elles ont subi la hausse des prix de l'énergie puisqu'on n'est pas producteurs de matières énergétiques. Augmenter les taux d'intérêt n'aura pas un impact direct sur les prix de l'énergie.

Aurélie Picosson : Ça ne risque pas d'être plutôt contre productif si on bloque l'économie, pour les ménages qui ne peuvent plus acheter ou les entreprises qui ne peuvent plus investir ?

Stéphanie Villers : Ça fait débat chez les économistes. Certains considèrent qu'il est dangereux d'augmenter les taux d'intérêt que la BCE n'aurait pas pu le faire. Pour autant, on voit bien que si on regarde l'inflation hors prix de l'énergie, ce qui s'appelle l'inflation sous-jacente. En zone euro, elle atteint quand même 5,6 %, donc elle est bien au-delà des 2 %. On voit bien que la flambée des prix de l'énergie a réussi à se diffuser sur l'ensemble des biens et des services. C'est pour ça que la BCE nous dit : "maintenant qu'on a une inflation sous-jacente qui est bien au-delà des 2 %, il faut que j'agisse". C'est pour ça qu'elle a décidé de commencer à augmenter ses taux d'intérêt parce qu'elle veut agir sur ce segment qui est une inflation locale, qui ne dépend pas des prix des matières premières. Il n'empêche que, là où tu as raison, elle ne peut pas avoir d'action sur les prix des biens importés.

Aurélie Picosson : La Banque Centrale Européenne relève ses taux, tu viens de nous l'expliquer, mais quand verra-t-on l'efficacité de cette mesure ?

Stéphanie Villers : C'est très compliqué de répondre à cette question. Il faut attendre un certain laps de temps pour que l'économie reflète dans son activité les effets des hausses des taux d'intérêt. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'action de la BCE va avoir un effet sur le long terme. Je parle de l'inflation sous-jacente, aux alentours aujourd'hui de 6 %. Petit à petit, elle va essayer de la ramener à 2 % d'ici 2024, d'après son cahier des charges, donc ce n'est pas demain. Vient s'ajouter à cela, l'action des gouvernements à travers les politiques budgétaires. Ces actions ont un impact sur le court terme.

Aurélie Picosson : Par exemple en France avec le bouclier tarifaire sur les énergies.

Stéphanie Villers : Oui, c'est ce qu'on appelle le policy-mix. C'est d'un côté agir sur la monnaie et l'inflation. C'est la Banque centrale européenne qui s'en occupe en disant : "Ne vous inquiétez pas, je vais réussir à maîtriser l'inflation sur le moyen-long terme". De l'autre côté, ce sont les gouvernements qui accompagnent cet objectif en disant : "On essaye d'amortir le poids que peut représenter la flambée des prix, en particulier la flambée des prix des matières premières énergétiques sur les ménages et sur les entreprises". C'est toute l'action mise en place par la France au travers de son bouclier tarifaire. Pour autant, c'est un pari risqué.

Aurélie Picosson : Parce qu'on sort déjà d'une crise Covid où l'État a fait du quoi qu'il en coûte. On a un peu l'impression d'être reparti sur du quoi qu'il en coûte. Ça va nous coûter très cher, non ?

Stéphanie Villers : Oui, le gouvernement a déjà évalué les coûts des mesures anti-inflation pour l'année prochaine, c'est 45,5 milliards. Comme tu l'as dit, la dette publique a atteint des niveaux record depuis la crise Covid puisqu'on a une dette qui atteint à peu près 112 % du PIB. On ne peut pas non plus éternellement compter sur les actions menées par les pouvoirs publics des différents États membres parce que ça risque de trop peser sur les comptes publics. On sait que surtout en période aujourd'hui de hausse des taux d'intérêt, parce que pendant la période pandémique, ce qui était essentiel, c'était que les États pouvaient se financer auprès de la BCE avec des taux d'intérêt nuls. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Par exemple, la France emprunte sur les marchés financiers des liquidités et ce qu'on appelle le taux dix ans français, c'est-à-dire qu'elle emprunte à dix ans aux alentours de 2,60. On sait qu'une hausse de 1 % de taux d'intérêt, représente pour la charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts que paye l'État tous les ans 40 milliards supplémentaires par an, c'est à peu près le budget de la défense. Dans ce contexte, on sait bien que le recours, à quoi qu'il en coûte, n'est pas viable. Le meilleur exemple qu'on peut donner, c'est ce qui se passe par exemple en Grande-Bretagne. Liz Truss, la nouvelle Première ministre, a annoncé la semaine dernière un vaste plan de relance visant à soutenir l'économie dans cette phase de crise énergétique, aux alentours de 100 à 200 milliards de livres. Les chiffres sont soit imprécis. Il y a eu une tempête sur les marchés financiers. La livre sterling a été attaquée, les taux d'intérêt britanniques ont grimpé, à tel point que le gouvernement britannique a dû faire marche arrière et dire : "non, on va revoir notre plan de relance, il sera moins ambitieux". Ce qu'il faut comprendre, c'est que les gouvernements ou les États ne peuvent pas faire comme ils veulent. L'argent magique n'existe pas parce qu'ils doivent se financer auprès des marchés financiers. Quand on a de la dette, c'est-à-dire qu'on demande à un investisseur de prêter de l'argent, c'est ce que fait l'État français, comme tous les autres États membres de l'Union européenne, mais aussi la Grande-Bretagne. Le risque, c'est la sanction des marchés financiers. Si vous produisez une politique budgétaire qui est insoutenable, alors on vous sanctionne, on vous prête plus. On sait très bien qu'il y a une prudence dans les futurs budgets de l'État et que le bouclier tarifaire ne pourra pas être éternellement prolongé. D'ailleurs, on voit bien que dès l'année prochaine, il est moins favorable et moins attractif que pour cette année 2022, parce que le bouclier tarifaire limite la hausse à 15 % des prix de l'énergie, que ce soit l'électricité ou gaz, alors qu'auparavant, c'était de bloquer les prix du gaz et limiter la hausse de l'électricité à 4 %. On n'est plus dans le même scénario d'accompagnement.

Aurélie Picosson : Tout ça, ce n'est pas très optimiste, comment vois-tu les choses ?

Stéphanie Villers : Il faut voir sur le long terme et je pense que cette crise énergétique, c'est un mal pour un bien parce que ça a obligé les pays européens à accélérer leur transition écologique. On n'a pas d'autres solutions, on ne produit pas d'énergie fossile. Il faut qu'on se tourne à marche forcée sur les énergies propres. On voit que l'Europe a compris tout l'enjeu et a mis les moyens avec plus de 550 milliards d'euros. Sur le temps long, les entreprises européennes pourront compter sur une certaine forme d'autonomie énergétique grâce au développement des énergies propres. Ça sera une sécurité pour les entreprises, même si elles risquent de payer les prix de l'énergie plus cher qu'avant la crise Covid.

Aurélie Picosson : Merci beaucoup Stéphanie pour cet éclairage et merci à tous pour votre écoute. Rendez-vous dans un mois pour le prochain Décryptage.

Hausse des prix : le contexte global

L’inflation est un indicateur à double tranchant. Une hausse des prix lorsqu’elle est maîtrisée indique une bonne santé économique. Les prix progressent avec la dynamique de la demande de biens et de services, les entreprises augmentent leurs chiffres d’affaires et accordent des augmentations de salaires. C’est pourquoi, la Banque Centrale Européenne (BCE) doit garantir une inflation à moyen terme à 2 % et non une inflation nulle.

A contrario, l’inflation devient inquiétante quand elle est non contrôlée et est stimulée par des facteurs exogènes, telle que la flambée des prix de l’énergie. Or, aujourd’hui, les pays de l’Union Européenne et la France en particulier, subissent une progression ininterrompue des prix, bien au-delà des 2 % qui s’explique en partie par l’emballement des prix des produits énergétiques. Rappelons que l’Europe dépend de fournisseurs extérieurs pour son approvisionnement en gaz et en pétrole.

La flambée des prix de l’énergie : le déclencheur inflationniste

La composition de l’indice des prix à la consommation démontre bien que la flambée des tarifs énergétiques a entraîné la hausse généralisée des prix. Les prix de l’énergie ont bondi de 22,7 % en août 2022 (en glissement annuel/ga). La France subit une inflation importée par l’envolée des coûts de l’énergie.

« La France subit une inflation importée par la flambée des prix de l’énergie. »

De même, les prix de l’alimentation progressent à vive allure enregistrant pour les produits alimentaires non frais 8,5 % de hausse sur la même période. Les tarifs énergétiques ont pesé sur les coûts de production incitant le secteur à augmenter ses prix de vente. 

Une inflation élevée à partir de septembre 2021

Tout a débuté en sortie de crise Covid. Les prix ont commencé à se tendre dès septembre 2021. L’activité mondiale après la pause pandémique s’est remise en état de marche dopée par les mesures budgétaires et les politiques monétaires d’une ampleur inédite. La demande de biens et de services a bondi, l’offre sous pression a fait face à des difficultés d’approvisionnement et à des désorganisations des chaînes logistiques.

« L’inflation a enregistré des taux jamais atteints depuis 1985. »

Les prix ont reflété ce choc d’offre, l’inflation a enregistré des taux jamais atteint depuis 1985. Rappelons que les prix de marché suivent les mouvements de l’offre et de la demande à la recherche d’un équilibre. L’inflation a été, néanmoins, considérée comme transitoire, elle n’inquiétait pas. Les experts anticipaient une stabilisation progressive des prix au rythme d’une croissance recouvrant sa tendance de long terme.

Risque de stagflation : une crainte pour les pays européens ? 

Mais, tout se complique dès février 2022. La guerre en Ukraine provoque de nouvelles tensions sur l’ensemble des prix des matières énergétiques. Le risque de pénurie pour les pays européens trop dépendants d’un seul fournisseur, la Russie, a déclenché la flambée des cours mondiaux des hydrocarbures. En avril 2020, le prix du baril de pétrole était à 25 dollars, il passe à 100 dollars deux ans plus tard. Son prix a quadruplé. Même constat pour le cours du gaz naturel avec 500 % de hausse. 

La facture énergétique bondit et laisse craindre pour les pays européens un risque de stagflation, avec une inflation élevée, une croissance faible et une hausse du taux de chômage. Les années 70 ont expérimenté le cumul de ces facteurs défavorables. Les coûts de production ont alors explosé par la flambée des prix de l’énergie (déclenchée par les deux chocs pétroliers) et par l’indexation des salaires sur l’inflation. Produire devenait alors plus cher, moins rentable et avait débouché sur un ralentissement de l’activité économique.

« La facture énergétique laisse craindre un risque de stagflation. »

Les différents pays européens ont tenté de limiter ce risque et sont venus en soutien par des mesures exceptionnelles pour atténuer le choc d’offre.

La situation en France

L'hexagone mise sur des mesures anti-inflation

La France a agi très rapidement avec la mise en place du bouclier tarifaire dès novembre 2021 impliquant le blocage du prix du gaz et plafonnement à 4 % de hausse du prix de l’électricité. Ensuite, il a été complété en avril et en septembre par des remises à la pompe et par l’indemnité inflation.

Résultat, les mesures anti-inflation ont permis de limiter l’envolée des prix par rapport aux autres pays membres de la zone euro.

Selon l’INSEE, le taux d’inflation aurait atteint en France entre les deuxièmes trimestre 2021 et 2022 8,4 % contre 5,3 % constatés.


L’INSEE a calculé 

  • Sans les mesures anti-inflation, les ménages auraient subi une augmentation de leur facture énergétique de 58 % entre les deuxièmes trimestres 2021 et 2022 : celle-ci n’a atteint « que 28 % ».
  • Même constat pour les entreprises dont les coûts énergétiques ont progressé de 20 % contre 50 % en l’absence de barrières anti-inflation. 

Le nucléaire, l’autre bouclier tarifaire

Le recours au nucléaire constitue un vrai atout pour la France assurant un mix énergétique bien utile en période d’emballement des cours des hydrocarbures.

  • 41 % de nos besoins en électricité proviennent du nucléaire et 45 % sont garantis par le gaz et le pétrole.
  • A titre de comparaison, l’Italie est dépendante à 73 % des énergies fossiles, l’Espagne à 66 % et l’Allemagne 60 %.

L’inflation française est la moins élevée de la zone euro : un avantage concurrentiel à terme

La moyenne du taux d’inflation en zone euro atteint 9,1 % en août. Neuf pays sur 19 membres ont une inflation à deux chiffres, les pays baltes, extrêmement dépendants de la Russie en hydrocarbures, enregistrent des taux records.

Une inflation élevée pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et ne crée pas un cadre favorable au développement et à l’investissement pour les entreprises. 

En revanche, la France, en enregistrant une inflation moins importante que les autres pays d’Europe, pourra bénéficier à terme d’un avantage concurrentiel.  

Les prix à l’export deviennent plus compétitifs grâce à un taux d’inflation plus modéré

Cet avantage ne peut se concrétiser que sur le moyen/long terme. Il faut que l’écart de taux d’inflation s’installe durablement entre la France et les autres pays membres de la zone euro pour que les entreprises françaises puissent en tirer les bénéfices. Etant donné que la France est moins dépendante du gaz russe que ses principaux partenaires et que les mesures anti-inflation restent conséquentes, cet écart devrait se poursuivre. Les entreprises françaises vont alors parvenir à exporter à un prix attractif. In fine, la compétitivité-prix des biens et des services devrait s’améliorer. 

Elle pourra, de surcroît, être amplifiée par la faiblesse de l’euro constatée depuis le début de l’année (EUR/USD en baisse de 13 % entre janvier et août 2022). Les échanges commerciaux des entreprises européennes hors zone euro bénéficient d’un taux de change favorable. L’ensemble des pays de la zone euro va pouvoir profiter d’un euro faible, un niveau proche de la parité avec le dollar.

« La compétitivité-prix des biens et des services devrait s’améliorer en France. »

Le cumul de ces deux facteurs, inflation plus faible et euro attractif, pourrait venir en soutien d’une compétitivité française qui s’est dégradée jusqu’en 2021. Rappelons que le déficit commercial de la France a atteint un record de 85 milliards d'euros en 2021. La part des exportations françaises dans celles de la zone euro est à son plus bas niveau depuis 2000 (13,6 %).

Où va l’inflation ?

Comment et pourquoi l’inflation va-t-elle peu à peu fléchir ?

L’inflation jugulée par l’action de la BCE : hausses de taux d’intérêt

La BCE se doit de veiller à contenir les trop fortes pressions inflationnistes. Pour ce faire, elle augmente ses taux d’intérêt directeurs qui renchérit le coût du crédit pour les banques. Celles-ci répercutent alors cette hausse sur les taux de prêts accordés aux entreprises et aux consommateurs. Cette mesure vise à agir sur les prix en freinant la dynamique économique.

L’Institut monétaire européen n’a pas actionné son arme anti-inflation dès l’envolée des prix des matières premières. Le risque de casser la croissance en relevant trop rapidement ses taux d’intérêt directeurs l’a incité à décaler son action. L’Europe est dépendante de l’extérieur pour son approvisionnement en produits énergétiques, elle ne peut intervenir sur leurs tarifs. Elle les subit.

En revanche, la BCE peut agir sur l’inflation sous-jacente (c’est-à-dire hors prix de l’énergie). Celle-ci a progressé de 4,5 % en août. C’est sur ce segment de prix que l’action de la BCE aura un impact.

La BCE a attendu fin juillet pour procéder à son premier relèvement de taux d’intérêt de 75 points de base (pb). Notons qu’elle n’avait pas augmenté ses taux de refinancement depuis 11 ans. Cette décision annonce un changement de paradigme. Nous avions vécu la dernière décennie avec des taux d’intérêt extrêmement  faibles, ce temps semble révolu. Les taux d’intérêt vont être relevés progressivement. Le 8 septembre, l’institut francfortois a augmenté de nouveau ses taux directeurs de 75 pb.

Le taux d’inflation va fléchir par un simple effet de base 

L’inflation de l’année N est calculée par rapport au niveau des prix de l’année N-1. L’année de référence n’est donc pas neutre, elle accroît ou au contraire modère l’amplitude du mouvement sur l’année suivante. Ainsi, l’inflation sur l’ensemble de 2022 enregistre un niveau record depuis plus d’une vingtaine d’années mais notons qu’elle fait suite à une phase d’atonie des prix constatée durant la période pandémique. 2021 a conservé les stigmates de la crise sanitaire avec la poursuite de restrictions sur la première partie de l’année.

Dans ce cadre, 2023 devrait enregistrer une inflation plus « maîtrisée » que celle de 2022. Pour comprendre, prenons l’exemple du cours du pétrole. Si celui-ci se maintient à 100 dollars le baril l’année prochaine (ce qui semble être le scénario le plus probable), alors le prix restera élevé par rapport à celui constaté en 2021 mais stable par rapport à 2022. 

Cette stabilité de prix laissera derrière nous la crainte de la poursuite d’une inflation galopante mais en réalité elle marquera le début d’une ère où les prix en particulier ceux des matières premières énergétiques seront plus élevés que ceux enregistrés avant la crise Covid.


Les taux d’intérêt réels restent attractifs pour les emprunteurs

Actuellement les taux réels (c’est-à-dire les taux d’intérêt corrigés par l’inflation) restent négatifs donc attractifs. Tant que les taux d’inflation se situeront à des niveaux supérieurs à ceux des taux d’intérêt, se financer par l’emprunt demeurera une option à explorer.


Le décalage des politiques monétaires entre les Etats-Unis et la zone Euro favorise le dollar

Un décalage persiste entre les politiques monétaires mises en place aux Etats-Unis et en zone Euro. Aux Etats-Unis, la Federal Reserve (Fed) a déclenché son resserrement monétaire (c’est-à-dire des hausses des taux d’intérêt) à partir de mars 2022. Ses taux directeurs s’orientent à fin septembre autour de 3 %. Ils sont donc près de 150 pb supérieurs à ceux de la zone Euro. Cet écart offre une rémunération plus élevée aux investissements outre-Atlantique, ce qui explique en partie l’appréciation du dollar par rapport à l’euro.


La facture énergétique restera élevée

Les pays européens se sont mis en ordre de marche pour se délester de la dépendance russe en se tournant vers d’autres fournisseurs en gaz et en pétrole. Mettre en place une politique énergétique commune au sein de l’Union Européenne fait son chemin et devrait permettre à plus long terme de négocier les prix à l’instar de ce qui s’est pratiqué avec les vaccins contre le Covid.

Mais, la crainte de devoir imposer des coupures d’électricité cet hiver a incité certains pays (notamment l’Allemagne et la Pologne) à recourir de nouveau à l’énergie fossile la plus polluante en réactivant leurs centrales à charbon. En France,  l’usine de Saint Avold qui avait été fermée au printemps, a dû rouvrir dans l’urgence pour six mois. Ces décisions temporaires pourraient venir contrarier la stratégie européenne de neutralité carbone d’ici 2050 - sans toutefois la remettre en cause. Les investissements réalisés dans le développement des énergies vertes demeurent la pierre angulaire des engagements de Bruxelles. Le plan UE Next Generation associé au budget européen 2021-2027 prévoit d’allouer au total environ 550 milliards d'euros de fonds européens à la transition écologique. L’Union Européenne a pris un engagement pour le développement des énergies propres en lançant un plan de relance de l’économie en 2020. Accéder à une forme d’autonomie énergétique est devenue une urgence axée sur le développement des énergies renouvelables.

Dans ce contexte, le recours aux énergies alternatives pour promouvoir l’indépendance de l’Europe signifie pour les entreprises européennes une meilleure garantie en matière d’approvisionnement mais aussi une facture énergétique plus élevée sur le long terme.

La facture énergétique restera élevée

Les pays européens se sont mis en ordre de marche pour se délester de la dépendance russe en se tournant vers d’autres fournisseurs en gaz et en pétrole. Mettre en place une politique énergétique commune au sein de l’Union Européenne fait son chemin et devrait permettre à plus long terme de négocier les prix à l’instar de ce qui s’est pratiqué avec les vaccins contre le Covid.

Mais, la crainte de devoir imposer des coupures d’électricité cet hiver a incité certains pays (notamment l’Allemagne et la Pologne) à recourir de nouveau à l’énergie fossile la plus polluante en réactivant leurs centrales à charbon. En France,  l’usine de Saint Avold qui avait été fermée au printemps, a dû rouvrir dans l’urgence pour six mois. Ces décisions temporaires pourraient venir contrarier la stratégie européenne de neutralité carbone d’ici 2050 - sans toutefois la remettre en cause. Les investissements réalisés dans le développement des énergies vertes demeurent la pierre angulaire des engagements de Bruxelles. Le plan UE Next Generation associé au budget européen 2021-2027 prévoit d’allouer au total environ 550 milliards d'euros de fonds européens à la transition écologique. L’Union Européenne a pris un engagement pour le développement des énergies propres en lançant un plan de relance de l’économie en 2020. Accéder à une forme d’autonomie énergétique est devenue une urgence axée sur le développement des énergies renouvelables.

Dans ce contexte, le recours aux énergies alternatives pour promouvoir l’indépendance de l’Europe signifie pour les entreprises européennes une meilleure garantie en matière d’approvisionnement mais aussi une facture énergétique plus élevée sur le long terme.


La question de la soutenabilité de la dette se pose à l’heure où les taux d’intérêt augmentent. Selon les estimations de la Banque de France (BdF), chaque 1 % de hausse des taux d’intérêt représente à terme un coût annuel supplémentaire de près de 40 milliards d'euros, soit presque le budget actuel de la Défense. 


« Une hausse de 1% des taux d’intérêt représente à terme un coût annuel supplémentaire de près de 40 milliards d'euros. »

Ainsi, compte tenu du risque d’accroissement excessif de la charge de la dette, il convient d’orienter plus efficacement les aides vers les ménages les plus modestes pour éviter de creuser invariablement les déficits publics. L’efficacité de la dépense publique doit être questionnée au moment où les taux d’intérêt progressent et que les déficits publics s’installent durablement au-dessus de 3 % du PIB. Rappelons que le laxisme budgétaire peut coûter très cher à un Etat si les marchés financiers décident de le sanctionner (cf. crise des dettes souveraines de la zone euro en 2012).

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Marion de Lasteyrie

Marion de Lasteyrie

Directrice Relations Extérieures et Communication, PwC France et Maghreb

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