Journaliste : Bonjour et bienvenue dans Voix inspirantes, un podcast PwC France et Maghreb. Dans cette première saison, on donne la parole aux femmes.
Voix : Challenge, interaction humaine, compétences, communauté, échange, égalité femmes-hommes, confiance, oser, égalité des chances, construction, bienveillance, ascension sociale, liberté, conviction, relations humaines, s’investir, engagement.
« Voix Inspirantes. »
Ophélie Prieur : Bonjour, je m'appelle Ophélie Prieur, je suis associée consulting chez PwC au Maroc.
“Il m'a fallu beaucoup de temps pour réussir à me définir autrement que par mon métier.”
Journaliste : Aujourd'hui, Ophélie nous raconte en quoi l'équilibre du jour n'est pas forcément celui de demain. À la fois mentor et mentorée, elle se nourrit de l'expérience des autres pour, à son tour, accompagner des femmes. En quelque sorte, une boucle vertueuse.
Ophélie Prieur : Je me rappelle que lors d'une de mes premières rencontres avec une mentorée, alors que moi, j'étais plutôt dans le doute. J'étais, je crois, jeune directrice et je m'étais dit, mais elle risque d'être déçue, elle aurait pu avoir quelqu'un d'autre, une associée, un associé, quelqu'un finalement qui pèse un peu plus dans l'organisation que moi. Et en fait, lors d'une de nos premières rencontres, elle m'a dit qu'elle était super contente de travailler avec moi parce qu'elle voyait que j'avais aussi l'objectif d'être associée, que j'avançais, et que j'avais de l'ambition. Et finalement, je pense que ce sont des choses que je n'avais certainement jamais verbalisées. Je ne sais même pas si au fond de moi, je me les étais avouées à moi-même. Et je trouve qu'en fait, quand on arrive à créer cette confiance, cette intimité c'est peut-être un peu exagéré, mais en tout cas, cet espace un peu de partage et d'authenticité, en fait, on en retire énormément. Et moi, ça me fait énormément de bien. Ça nous fait nous poser des questions auxquelles on ne pense pas. Et puis moi, je trouve que cette jeune génération de femmes, parce que moi, je mentore essentiellement des femmes, elles sont beaucoup plus assertives. Elles ont quand même les idées claires. Elles n'ont pas peur de dire les choses. Et je trouve qu'à bien des égards, c'est rafraîchissant.
J'étais partie aux États-Unis il y a quelques années de ça. C'était marrant parce que je n'avais pas 30 ans, j'avais 28 ans à l'époque. C'était la première fois, que finalement j'avais toujours fait les bonnes études, le bon travail. C'est un peu la première fois que je faisais un pas de côté puisque je partais effectivement rejoindre mon mari à l'époque pour un projet plus personnel. Et puis, je suis tombée enceinte très rapidement. Donc, je n'ai pas exercé d'activité professionnelle. Et il m'a fallu beaucoup de temps pour réussir à me définir autrement que par mon métier. C'est-à-dire que quand je rencontrais des gens et je m'en voulais énormément, je me disais, comment tu t'appelles ? Qui tu es ? Qu'est-ce que tu fais ? J'avais énormément de mal à dire « Je m'appelle Ophélie et voilà ce que je fais, ce que j'aime, comment je m'investis dans plein de choses ». Je me sentais un peu sèche ou un peu courte en fait pour répondre à ces questions. Je trouve que c'est super riche de pouvoir se définir par énormément d'identités. On est effectivement plusieurs, sans être schizophrène, mais je trouve que ce qui fait aussi un peu la beauté des personnages et des rencontres. Et je pense, que pour être capable aussi d'accompagner et de faire évoluer, si je reviens sur les personnes dans les équipes par exemple, il faut aussi être capable d'aller cerner leurs différentes identités.
Je pense qu'on ne peut pas être au même moment une mère parfaite, une épouse parfaite, une professionnelle parfaite. Et je pense que c'est cette quête de perfection qui peut nous épuiser. Je pense qu'on peut avoir des priorités et je pense qu'il faut savoir aussi jongler avec tout ça. Et c'est aussi un peu culpabilisant, quelquefois, de dire, moi, c'est OK, je suis bien là. Je ne sais pas si j'ai envie de plus. Je pense qu'on est effectivement dans des métiers où on doit toujours vouloir plus, mais il y a peut-être des moments de la vie où certaines personnes sont bien comme elles sont et ne sont pas toujours obligées d'aller chercher l'inconfort, le truc en plus. Je pense que c'est très personnel, en fait. Et après, des moments de doute, oui, je pense qu'on en a toutes. On en a tous, d'ailleurs, mais je pense qu'on en a plus encore quand on est une femme, parce que la société aussi nous renvoie une image des femmes où ça fait forcément douter dès qu'on n'a pas l'impression d'être dans la bonne case. Mais voilà, je pense que oui, il faut savoir se remettre en question, se mettre en difficulté. Mais ce n'est pas une fin en soi et je pense qu'il ne faut pas se culpabiliser quand il y a des moments où on n'en est pas là. Je pense notamment à des moments de retour de congé maternité. Oui, on sait qu'il y a un chamboulement qui vient de se faire dans la vie pro et dans la vie perso, évidemment. Et donc, est-ce que c'est le moment où on a encore envie de se mettre en difficulté sur un point de notre vie ? Pas forcément. Je pense qu'il faut aussi accepter qu'on évolue et que notre capacité à encaisser ou aller chercher des choses en plus, elle dépend d'énormément de choses.
Adélaïde de Tourtier
Directrice RSE et Directrice déléguée de la Fondation, PwC France et Maghreb