La pandémie de Covid-19 a touché de plein fouet le secteur du sport. Avec la fermeture des gymnases, les fédérations, notamment de sports en salle, ont vu le nombre de leurs licenciés chuter et ont peiné à recruter de nouveaux sponsors.
Dès lors, comment éviter que ne s’enclenche un cercle vicieux qui mette en péril le financement des activités des fédérations sportives ? Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a fait appel à PwC France pour les aider à réinventer leur modèle économique post-Covid et accompagner leur transformation.
« Au-delà de la réalisation d’une étude valorisant, pour la première fois, les modèles économiques des fédérations dans toute leur diversité, la collaboration avec PwC France nous a permis d’engager une conversation structurante avec nos 109 membres autour des enjeux de transformation du mouvement sportif. »
Pourquoi le modèle économique des fédérations sportives est-il fragilisé ?
Jusqu’en 2020, les ressources des fédérations sportives se répartissaient entre subventions de l'État, revenus des licences et contributions des sponsors. Avec la pandémie, ces deux dernières sources ont commencé à chuter. “Avec la crise sanitaire, le contrat avec notre principal partenaire s’est écroulé, les droits TV aussi”, constate une fédération.
Si le retour des sponsors est attendu, celui des licenciés reste plus incertain dans un contexte économique difficile. Les sportifs amateurs sont également de plus en plus nombreux à pratiquer un sport en dehors d’un club.
Le CNOSF, fédération délégataire d’une mission de service public, s'est emparé du sujet en 2022. Pour les 109 fédérations sportives et près de 200 000 associations qu’il réunit, le CNOSF a en effet pour mission de soutenir les intérêts du mouvement sportif français sur le territoire national comme à l'international. Il représente par ailleurs le Comité international olympique (CIO) en France et accompagne les délégations françaises dans les événements organisés par le CIO, tels que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Diagnostic des modèles économiques des fédérations : une forte volonté de se transformer
Interrogées par PwC France, les fédérations ont exprimé une forte volonté de se transformer à court et moyen termes. Diversifier leurs sources de revenus est une préoccupation majeure pour une large majorité des fédérations, les licences ne pouvant plus constituer un pilier principal du modèle économique.
Outre le niveau des subventions publiques et les impacts de la crise sanitaire, les fédérations ont exprimé leurs inquiétudes quant au recrutement de bénévoles, aux questions environnementales et à l’état des infrastructures. L’évolution des pratiques non licenciées et la concurrence d’acteurs privés font également partie des tendances pour lesquelles les fédérations se sentent les moins bien préparées.
Méthodologie
Les fédérations privilégient une approche collective pour relever ces défis. “Il faudrait faire plus de trans-fédéral, réunir des acteurs aux problématiques communes”, déclare notamment une fédération nationale sportive.
Pour mieux comprendre les différents modèles économiques existants et préciser les attentes, PwC France a mis en place un dispositif comprenant un questionnaire, des entretiens d’exploration des modèles économiques, des ateliers d’approfondissement et la formalisation de cas d’usage réplicables ou déclinables.
Mobilisant plusieurs dizaines de parties prenantes, cette enquête inédite a également servi à identifier les besoins des différentes structures membres (fédérations nationales sportives, fédérations olympiques, fédérations multisports ou affinitaires, membres associés, fédérations scolaires ou universitaires) pour leur développement dans les années à venir.
« La granularité et richesse des livrables nous a guidés dans notre prise de décision autour des services prioritaires et outils mutualisés à déployer par le CNOSF. »
Un modèle économique peu diversifié et à bout de souffle
L’état des lieux dressé par PwC France a montré que :
« Face à ces défis multiples, 78% des fédérations estiment que leur modèle économique doit, au moins en partie, être adapté ou revu en profondeur. »
Quelles nouvelles sources de revenus pour les fédérations ?
De fait, la quasi-totalité (90%) des fédérations explorent aujourd’hui de nouvelles sources de revenus. Par exemple, le développement foncier est un axe de diversification peu exploité qui pourrait être développé. Moins de 10% des fédérations sont propriétaires d’un centre technique national, d’un lieu de pratique ou d’un lieu d’accueil du public. Or, l’achat et la rénovation des lieux de pratique sont des leviers importants de développement économique. “L’objectif est de trouver un modèle économique à appliquer à nos lieux de pratique. Un modèle qui viendra alimenter les recettes de la fédération”, estime une fédération.
La création de structures connexes intéresse également de nombreuses fédérations. Plus du tiers (35%) ont créé ou sont en train de créer un fonds de dotation, une société privée, une ligue professionnelle ou une fondation, par exemple. “Nous avons créé une holding, et des filiales pour chacune de nos activités commerciales, afin de redistribuer les bénéfices commerciaux à l’activité associative”, annonce une fédération.
La nécessité d'explorer de nouvelles sources de revenus a conduit le CNOSF à déclencher un dispositif de transformation pour et avec les fédérations sportives.
Des chantiers de transformation engagés avec les fédérations sportives
Pour aider les fédérations sportives à penser l’après-Covid tout en tirant parti de la dynamique enclenchée par les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le CNOSF leur a proposé plusieurs chantiers de transformation. Adossés au diagnostic de PwC France, ces travaux permettent de dessiner une feuille de route pour donner un nouvel élan aux fédérations en réinventant leur modèle économique. Diverses pistes d’action ou de réflexion sont ainsi explorées :
Vaut-il mieux renforcer le modèle actuel de la licence en augmentant les prix, ou redéfinir complètement le concept de licence ? Faut-il conditionner l’accès au lieu de pratique à la détention de la licence ou proposer de nouveaux modèles d’adhésion ? La licence doit-elle rester monolithique ou se segmenter par palier (du niveau de base au premium) ou par profil (avec des services associés par type de pratique) ? Voire devenir une expérience différenciante, sur-mesure ?
À court terme, la transformation économique peut passer par la création d’une marque dédiée au développement des nouvelles pratiques, à la mise en place de stratégies dédiées sur les réseaux sociaux et à la valorisation des données propriétaires des fédérations.
Ces dernières peuvent aussi lancer de nouveaux services en les mutualisant, par exemple pour valoriser leur patrimoine foncier, produire et diffuser du contenu audiovisuel fédéral ou mettre en place une centrale d'achats et de prescription.
Édition, chronométrage, digitalisation de la relation client et analyse des données : les fédérations possèdent souvent des compétences différenciantes sur lesquelles elles peuvent capitaliser pour diversifier leur modèle.
Enfin, à moyen terme, de grands chantiers de réflexion collective sont envisagés pour repenser les modèles d’adhésion aux fédérations et le rôle des bénévoles afin de mieux les recruter, fidéliser et valoriser.
Les travaux menés ont permis de développer des cas d’usage thématiques que le CNOSF utilise dans son dispositif d’accompagnement des fédérations.
« Je voudrais saluer plus particulièrement l’agilité comme l’état d’esprit des équipes PwC France, toujours constructif, et ayant rendu ce projet au départ complexe, simple. »
Merci à Eloi Pomé, senior manager, PwC France et Maghreb, pour sa contribution à ce texte.
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